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COVID-19 MED BRIEF no1 : Implications de la crise du coronavirus en Méditerranée et au Moyen-Orient

La récente crise du coronavirus menace les santés, les économies et les sociétés de tous les pays. Dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée la lutte contre la pandémie est encore plus compliquée. Une coopération et des stratégies UE-Med dans des secteurs clés sont nécessaires. Par conséquent, le Centre pour l’intégration méditerranéenne (CMI) et le FEMISE ont décidé d’unir leurs forces et de lancer leur série conjointe de Policy Briefs intitulée «COVID-19 MED BRIEFS» pour ouvrir la voie à des analyses et recommandations politiquement pertinentes.

Le premier COVID-19 MED BRIEF, intitulé «Implications de la crise du coronavirus en Méditerranée et au Moyen-Orient», par Constantin Tsakas (FEMISE, IM), est disponible en cliquant ici.

Résumé : La récente crise du coronavirus menace les santés, les économies et les sociétés de tout pays, quel que soit son niveau de développement. Dans les pays du Moyen-Orient et du Sud de la Méditerranée la lutte contre la pandémie est encore plus compliquée. Elle doit se faire avec des moyens sanitaires et économiques limités par rapport à d’autres régions. Par ailleurs, elle a lieu dans un contexte social et géopolitique unique dans ses divisions. Ce Brief suggère de relancer la coopération en Méditerranée suite à la crise et d’élaborer des stratégies UE-Med dans des secteurs clés. Dans ce cadre, il fournit des reflexions, sur le court terme et le long terme, pour prévenir une « pandemie d’inégalités » dans la région. Il propose d’ouvrir l’accès aux soins pour les travailleurs informels, d’investir dans le numérique, de repenser les chaines de production intelligement, d’appuyer l’entreprenariat social et de revoir les conditions du remboursement de la dette des pays de la région. L’objectif de ce Brief est d’ouvrir la voie pour davantage d’analyses thématiques et de prescriptions, qui pourront être explorées tout au long de cette série produite conjointement par le CMI et FEMISE.

Ce Policy Brief est produit dans le cadre de la série de Policy Briefs «Répondre aux défis du COVID-19 en Méditerranée» qui est réalisée en partenariat entre le FEMISE et le Centre pour l’Intégration Méditerranéenne (CMI).

FEMISE célèbre la Journée mondiale de la Justice Sociale

Pour FEMISE, la recherche de la justice sociale est au cœur de sa mission de développement inclusif en Méditerranée et en Afrique. La récente publication du rapport EuroMed FEMISE sur les opportunités de l’entrepreneuriat social pour un développement durable dans la région n’est qu’un exemple récent de cet engagement.

Dans la vidéo ci-dessous créée pour cette journée, FEMISE a mobilisé des chercheurs, des jeunes et des partenaires du réseau pour découvrir leurs points de vue et leurs actions en faveur de la justice sociale.

Yasmine Fahim (responsable des programmes ERF) souligne comment le Forum de Recherche Economique (ERF), think-tank de premier plan dans la région MENA et co-coordinateur du FEMISE, a toujours accordé une attention particulière aux questions d’équité et d’inégalité dans la région MENA. D’abord en créant l’infrastructure de données pour permettre aux chercheurs de produire de la recherche. Ensuite, en menant plusieurs projets de recherche sur des questions telles que l’inégalité des chances, l’accès à la santé, à l’éducation et au marché du travail et bien d’autres. Enfin, ERF produit des initiatives de renforcement des capacités et a beaucoup investi pour renforcer les capacités de recherche dans ce domaine, notamment en organisant des ateliers de formation où les chercheurs de la région apprennent les dernières méthodologies de recherche.

Pour Tallie Hausser (SciencesPo., Columbia University), son expérience en tant que chercheuse au Liban et en Tunisie a été révélatrice en ce qu’elle a interagi avec des militants de la justice sociale trouvés dans des endroits inattendus. La co-auteure d’un récent Policy Brief FEMISE sur le potentiel de l’entrepreneuriat social souligne comment au Liban, malgré les barrières légales, des acteurs créent des opportunités d’emploi pour des femmes palestiniennes et syriennes, ou cherchent à résoudre les crises locales de gestion des déchets grâce à l’investissement d’impact . En Tunisie, les militants de la justice sociale utilisent quant à eux des modèles financiers innovants pour engager les jeunes dans le développement des compétences.

Constantin Tsakas, Yasmine Fahim, Tallie Hausser, Gwenda Haikal, Ameerah Anathalee, Julie Harb

D’autres, comme Ameerah Anathalee (Université d’Oxford), ont choisi d’explorer les obstacles auxquels les femmes leaders sont confrontées dans les pays en développement. S’appuyant sur des données recueillies lors d’entretiens avec des femmes leaders en Ouganda, elle fait valoir que certaines mesures spécifiques issues d’études occidentales peuvent avoir des effets néfastes sur le leadership des femmes dans les pays en développement, et que des solutions “bottom-up”, adaptées au contexte socio-économique du pays, sont essentielles. Davantage de recherches interdisciplinaires sont nécessaires pour expliquer comment nous cherchons à faire en sorte que les femmes aient une voix dans tous les secteurs, en particulier dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, où les femmes jouent un rôle central.

Parallèlement, Julie Harb (Université de Montréal) souligne l’importance de promouvoir les droits des migrants dans la région. En se concentrant sur le Liban, elle fait valoir que leurs droits du travail ne sont pas optimaux, avec un système de parrainage (kafala en arabe) dans lequel le statut juridique d’un migrant dépend d’un parrain (kafeel) pour la totalité de son séjour, ce qui le rend vulnérable. Les droits des jeunes doivent également être mieux protégés. Avec la situation économique et financière actuelle, le pays connaît une «fuite des cerveaux» avec une augmentation de la migration des jeunes, les moins de 20 ans représentant 46% des émigrés.

Cette urgence à agir pour les jeunes est partagée par (CIFE) dont le sujet de thèse se concentre spécifiquement sur les enfants des rues. Elle note qu’aujourd’hui 30% de la population libanaise vit sous la pauvreté tandis que 5% investit 90% des richesses du pays, cette inégalité sociale pousse des enfants mineurs à descendre dans la rue et à travailler au lieu de suivre un parcours éducatif. Elle souligne que l’éducation est la clé de ce problème. Investir dans l’avenir de ces enfants, c’est investir dans l’avenir du pays et de la région.

Dans leurs déclarations finales, tous les acteurs convergent vers une même conclusion: qu’il nous appartient à tous d’agir et de veiller à ce que les dirigeants, les entreprises et les communautés de la région remplissent véritablement leur rôle pour la justice sociale.

 

Article de Constantin Tsakas

Atelier : A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique, 20 Novembre, Marseille

C’est parti pour l’ouverture officielle des inscriptions à Emerging Valley 2018 qui se déroulera les 20 et 21 novembre à Marseille (au Palais du Pharo et à thecamp) !   

 

Atelier IM-FEMISE: A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique

FEMISE et l’Institut de la Méditerranée (IM) sont ravis de s’associer à ce grand évenement pour organiser l’atelier A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique (20 novembre 2018 à 15h00). L’entrepreneuriat social se réfère à la pratique qui combine innovation, dynamisme et la possibilité de relever d’importants défis sociaux et environnementaux. Le soutien des Etats et des multinationales à travers le monde a été très encourageant pour ce modèle d’activité social innovant. Un réel potentiel, encore faiblement exploité, existe aussi dans le cadre de la coopération entre l’UE et l’Afrique et notamment avec les pays Méditerranéens de la Rive Sud.

Les entrepreneurs sociaux mobilisés par FEMISE et l’IM présenteront des initiatives innovantes, capables de relever d’importants défis sociaux et environnementaux en Egypte, Palestine, Maroc, Afrique du Sud, Liban, en région MENA et en France. La Concept Note de l’Atelier est disponible en cliquant ici.

Inscrivez-vous !

Découvrez certains de nos Panelistes à l’Atelier IM-FEMISE en cliquant sur leur fiche

Emerging Valley 2018

Placé sous le Haut Patronage du Président de la République Emmanuel MACRON et premier évènement  labellisé Digital Africa, EMERGING Valley réunit cette année

·         Plus de 100 Startups, incubateurs et investisseurs venus de 20+ pays africains se réuniront dans la deuxième ville de France pour connecter l’innovation africaine et européenne : Sénégal, Bénin, Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Côte d’Ivoire, Maroc, Egypte,

·         La venue de délégations pays (Brésil,Tunisie) venus trouver partenaires, clients, structures d’accompagnement pour créer de la valeur autour de l’Afrique à Marseille

·         Des dizaines de keynotes, sessions plénières, workshops pour découvrir et faire du business avec les champions de l’innovation africaine dans deux lieux exceptionnels : Le Palais du Pharo et thecamp

·         Du business et du réseautage avec des investisseurs, VC et Angels venus d’Europe, d’Afrique et de la Méditerranée

·         Un programme d’accélération en simultané durant le sommet avec le Social and Inclusive Business Camp de l’AFD autour de l’impact social et le financement

·         Le lancement en exclusivité de la plateforme Digital Africa le 21 novembre à thecamp, un dispositif de soutien aux start-ups africaines lancée par le Président de la République Emmanuel MACRON pour soutenir la dynamique entrepreneuriale sur le continent africain à travers le digital

Venez les rencontrer en vous inscrivant sur ce lien 

* La contribution financière de l’IM et de FEMISE envers cette conférence est faite dans le cadre du Contrat FEMISE-UE sur: : « Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership  » . Tous les points de vue exprimés lors de cet événement relèvent de la seule responsabilité des intervenants.

Med Change Makers e04 : Myriam BEN SAAD, Complexification des systèmes productifs et transition

FEMISE a récemment lancé sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

 Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

 

La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les pays MENA et le rôle des politiques de court terme

Dr Myriam Ben Saad, Université de Toulon (LEAD), Université Paris Sorbonne, FEMISE

Entretien avec Myriam BEN SAAD, Université du Sud Toulon-Var, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, économiste FEMISE

Le FEMISE vient de publier son projet de recherche FEM42-07, « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme”, coordonné par le LEAD, Université de Toulon.

Membre de l’équipe coordonnatrice du projet, Dr. Myriam Ben Saad fait partie des chercheurs FEMISE qui participent activement aux activités du réseau. Son travail montre l’importance de la complexité économique d’un pays pour créer davantage de croissance et d’emplois et esquisse des pistes de réflexions pour l’avenir dans les pays du Sud Méditerranéen.

  1. Votre rapport traite de la question de la complexification des systèmes productifs. Pourquoi cette question est importante pour le Sud de la Méditerranée ? 

Cette question est cruciale. Nous observons de fortes disparités économiques entre les pays qui s’expliquent en grande partie par un faible niveau de complexité économique. Cette dernière est parfois l’une des principales causes pour laquelle la croissance économique est limitée en Méditerranée. La structure productive d’un pays est aussi un paramètre décisif qui explique les inégalités de développement à l’intérieur d’un pays. Enfin, la structure productive peut permettre de mieux prédire la croissance économique future. Hélas, aujourd’hui nous avons très peu d’éléments sur les modèles et rythmes de complexification des systèmes productifs des pays MENA. Notre rapport cherche à remédier à cela. Nous essayons de comprendre pourquoi certains pays restent bloqués dans la classe de complexité intermédiaire et produisons des recommandations pour leur permettre de migrer vers une classe de complexité avancée qui engendre davantage de croissance et d’emplois.

  1. Le besoin de développer des secteurs innovants se fait sentir au Sud. Quelle est selon vos résultats la meilleure façon de procéder ? Avez vous des success-stories?

Il est important de se doter de politiques commerciales appropriées pour remédier aux défaillances du marché et surtout aux échecs institutionnels qui bloquent la compétitivité des exportations. Nous préconisons donc que les pays MENA s’engagent dans une stratégie volontariste de diversification des exportations en repensant leur politique commerciale pour en faire un levier de promotion du développement industriel et de transformation structurelle.

Ces pays auraient intérêt à orienter leurs politiques vers des objectifs de développement nationaux et régionaux en améliorant la liberté économique notamment grâce à des lois de simplification administrative. Cela contribuera à l’amélioration de l’environnement des affaires en lien avec une réforme du marché du travail visant à le rendre plus flexible, transparent et compétitif (loi travail).

Aussi, le développement de secteurs innovants (le soutien à certaines start-up, aux IDE, au développement de zones franches ou de zones d’entreprises technologiques) passe notamment par une politique d’incitation fiscale. Cela me fait penser à la récente expérience d’un jeune ingénieur franco-tunisien, installé en zone franche, qui a réussi à transformer la production de sel fin en pastilles de sel. Cette transformation productive a permis non seulement une création de plusieurs emplois qualifiés et non qualifiés mais également à une meilleure dynamique et intégration de la zone.

  1. Vous soulignez le besoin de réformer l’enseignement supérieur et professionnel. Que proposez vous comme solutions concrètes ?

Une pléthore d’outils pourrait être mise en place. Notament, il s’agirait de renforcer l’adéquation des formations par rapport aux nouveaux métiers, de développer les partenariats avec les universités étrangères (notamment européennes, asiatiques ou américaines), mais aussi de développer les partenariats public/privé et utiliser le système des diplômes délocalisés professionnalisés.

  1. L’amélioration de la gestion des ressources naturelles peut-elle contribuer à favoriser la croissance et l’emploi dans les pays du Sud et comment ?

Les pays MENA disposent de grandes réserves de ressources naturelles, essentiellement non renouvelables, parmi les plus importantes au monde. Malgré une importante exploitation commerciale de ces ressources, les pays MENA demeurent l’une des régions géologiques les moins connues et visibles de la planète. S’il faut en croire les récentes découvertes de gaz et de pétrole, l’abondance de ces ressources permettrait de financer l’agenda de transformation de la région MENA. Les ressources naturelles pourraient changer la donne, si elles étaient transformées.

La transformation peut être réalisée par la mise en place d’un éventail de politiques structurelles «intelligentes » c’est à dire : utiliser les bénéfices des ressources naturelles pour diversifier l’économie et la sophistiquer, développer de zones industrielles basées sur l’avantage comparatif dans les ressources naturelles, améliorer les politiques macroéconomiques pour gérer efficacement les risques associés à la volatilité des recettes en provenance des ressources naturelles etc.

  1. D’après vous, que devraient faire les Etats du Sud par ordre de priorité afin d’accélérer ce processus de sophistication de leurs économies ?

Ces dernières années ont été des plus difficiles pour les pays MENA, vu la gravité des défis à relever par cette région. S’il est vrai que le processus de transformation structurelle est entré depuis les deux dernières décennies dans une phase de progression, force est de constater que le processus n’en est qu’à ses débuts dans la région.

  • Pour se complexifier, l’amélioration du système éducatif et de formation, est le premier défi à relever. La formation du capital humain notamment avec l’accès à l’enseignement supérieur (ingénierie) pourrait faciliter le changement structurel et la modernisation productive.
  • L’amélioration de la qualité des institutions et de la vulnérabilité économique et structurelle, est le deuxième défi à relever. Dans cette région, certains pays ont des difficultés à mettre en place des mesures visant à transformer leurs structures productives en raison d’une corruption persistante ce qui érode leurs capacités.
  • Au niveau macroéconomique, il s’agirait en premier lieu d’alléger le système d’imposition des entreprises, notamment en faveur des investisseurs locaux. Au niveau microéconomique, il s’agirait plutôt de lancer des nouveaux programmes de développement et de projets d’envergures à destination des jeunes qui travaillent dans une entreprise et qui veulent y investir.

Ainsi, les pays de la région doivent trouver des solutions collectives et non individuelles pour mener des négociations commerciales plus favorables avec leurs partenaires commerciaux européens, ou encore mieux s’ouvrir et conquérir de nouveaux marchés, particulièrement le marché africain. Pour y parvenir, cette région devra trouver des complémentarités sectorielles pour défendre la compétitivité et les valeurs de la région à l’international.

Le rapport est disponible au téléchargement en cliquant ici.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

Voisinage UE-Med étendu : les experts FEMISE prônent pour une ouverture vers l’Afrique

Conférence Annuelle du FEMISE 2018 sur: « Voisinage étendu : Relation et Coopération de l’UE-Med vers l’Afrique »

Les enjeux et défis économiques, démographiques, migratoires et climatiques rendent nécessaires une coopération étendue entre la région Euro-Med et l’Afrique subsaharienne qui pourrait être très bénéfique à l’ensemble des parties prenantes. C’est le point de vue défendu par les experts du réseau FEMISE qui ce sont réunis à Malte les 7-8 et 9 Février 2018 lors de la Conférence Annuelle du réseau.

Les recommandations de la conférence pour déterminer les priorités et les mesures nécessaires envers une coopération EuroMed-Afrique Subsaharienne sont les suivantes :

  • Investir dans la jeunesse doit être une priorité pour l’Afrique et l’Union Européenne. La dynamique démographique du continent africain et sa population jeune (60% des africains ont moins de 25 ans) entrainent une pression croissante sur le système éducatif. L’éducation demeure un bouclier contre les mariages forcés et peut offrir l’opportunité de sortir de la pauvreté.
  • Il faut saisir l’opportunité de la coopération avec l’Afrique pour créer des infrastructures, engager des investissements d’envergure dans des secteurs clés, comme le développement durable et l’énergie par exemple, améliorer la résilience de ces pays face aux changements, notamment climatiques et renforcer les principes de bonne gouvernance protégeant la société civile.
  • L’intégration doit être complétée par une augmentation de la compétitivité, une attraction des IDE, une croissance plus forte, et un élargissement des marchés entrainant des économies d’échelle. Attirer les IDE est une priorité, mais il important que ces IDE se focalisent sur des secteurs qui aideront les pays à se développer.
  • L’Europe doit prendre conscience de l’urgence d’accélérer l’industrialisation et le développement humain en Afrique. Les solutions actuellement proposées par l’UE, soit émanant de la politique sécuritaire et migratoire, soit de la politique commerciale (en demandant aux pays Subsahariens de réduire leur protection tarifaire vis à vis des produits européens) sont loin d’être à la hauteur des enjeux. D’une façon générale, les priorités des uns (développement au Sud) et des autres (migration au Nord) devraient être traitées avec une vision plus globale, en tenant compte de la complexité des situations et des processus d’interactions (industrialisation-emplois-sécurité-migration, etc.).
  • L’industrialisation du continent africain pourrait aller plus vite si elle pouvait s’appuyer sur une zone plus intégrée pour créer des chaînes de valeur régionales et faciliter leur insertion au niveau mondial, en particulier, dans des chaines de valeur pilotées par des firmes européennes. Dans ce domaine, l’Europe peut aider les pays de diverses façons : connaissance des marchés, acquisition des normes, transferts de technologie formation du capital humain, soutien aux investissements, amélioration des infrastructures et de la logistique, etc.
  • Il devient urgent d’avoir une politique beaucoup plus active et volontariste vis à vis du secteur privé : Il faut mettre l’entreprise au centre des préoccupations de tous, sur tout le continent africain, que l’on puisse entendre de façon plus audible la voix des entrepreneurs, leurs besoins, changer leur image et donner l’envi aux jeunes d’entreprendre. Faciliter, par tous les moyens, les échanges commerciaux intra-régionales en constitue un moyen. L’Open innovation doit favoriser la rencontre entre les idées des startups africaines et les financements de l’Euro-Méditerranée.
  • Il faut encourager une coopération plus poussée avec la société civile et les autorités locales pour donner une plus grande cohérence aux évolutions politiques et sociétales et répondre au besoin de donner du sens aux actions mises en place, au niveau national et local. Il faut construire un dialogue de facilitation pour proposer des solutions pour que les acteurs revoient leurs ambitions à la hausse : territorialiser les engagements des États pour permettre aux gouvernements locaux et aux villes de s’emparer de ces enjeux et des compétences actuellement dépendantes des États. Ceci doit se faire dans une approche multi-acteur et multi-compétence pour permettre une transition globale de la société.
  • Le développement économique dans l’ensemble du continent africain ne doit pas se faire au détriment de l’environnement et de la qualité de vie des Hommes : Il est important de restaurer les aires protégées touchées par l’urbanisation, d’implémenter des mesures pour lutter contre la déforestation, de protéger les zones côtières et de garantir un accès à l’eau potable pour l’alimentation des ménages et pour répondre aux besoins de l’agriculture.

Pour un compte rendu détaillé des présentations et discussions, veuillez cliquer ici.

Des « Video Brief » avec certains des intervenants sont également disponibles ci-dessous.

Ndiouga Sakho : « Nous devons expérimenter dans les territoires, avec les acteurs locaux »

Interrogé lors de la conférence annuelle du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise- Malte du 7 au 9 février 2018), Ndiouga Sakho, président de la Commission Aménagement urbain et Développement durable de la ville de Dakar, évoque les actions du Plan Climat Énergie territorial mis en place dans la capitale du Sénégal grâce aux partenariat européens et méditerranéens.

Ndiouga Sakho insiste sur la nécessité d'une coopération ville à ville (photo : F.Dubessy)

Ndiouga Sakho insiste sur la nécessité d’une coopération ville à ville (photo : F.Dubessy)

econostrum.info : Comment la ville de Dakar gère les enjeux de développement durable ?

Ndiouga Sakho : Depuis déjà quelques années, la ville s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique. Notre capitale accueille 80% des activités industrielles du pays sur 3% du territoire.
Nous avons commencé par établir un diagnostic des vulnérabilités de la ville, physique, environnemental, social, économique etc… A partir de 2013, nous avons monté un plan d’action et de gestion environnemental. Ceci nous a permis fin 2017 de mobiliser 1 M€ sur un Plan Climat Énergie territorial financé par l’Union européenne sur trois ans, avec une vision globale autour de trois points : une stratégie d’adaptation et d’atténuation, une plate-forme des acteurs pour coopérer et partager les enseignements comme les échecs, et enfin, des projets d’efficacité énergétique pour renforcer la part des énergies renouvelables dans l’éclairage public, par exemple, comme dans les infrastructures municipales, et les économies d’énergie. Dakar constitue, avec dix autres villes bénéficiaires de ce plan, un laboratoire test en Afrique avec un objectif de réplicabilité de notre expérience.
J’insiste sur la coopération de ville à ville et le rôle majeur des territoires avec les acteurs locaux, qui sont à la fois les lieux d’émissions mais aussi de solutions. C’est bien là que nous devons expérimenter.

Sur quels points Dakar peut servir d’exemple ?
N.S. : La ville a beaucoup d’expérience dans le domaine de la mobilité urbaine avec, par exemple, un système de contrôle à distance de l’ensemble des feux de signalisations pour réguler la circulation automobile en cas de pics de pollution, le pavage et l’amélioration des rues pour encourager les habitants à se promener à pied ou à vélo plutôt que d’utiliser leur véhicule. Nous développons également le transport collectif avec le BRT, un bus rapide de transport, et un TER. Ainsi que la délocalisation de services administratifs pour pouvoir limiter la concentration d’activités en centre-ville.

Installation de potagers en milieu urbain

La ville de Dakar fait la promotion des comportements eco-citoyens (photo : F.Dubessy)

La ville de Dakar fait la promotion des comportements eco-citoyens (photo : F.Dubessy)

Quelles actions avez-vous mené auprès de la population ?

N.S. : Nous la sensibilisons à la culture environnementale en milieu scolaire et avec la promotion de comportements éco-citoyens,  mais aussi en développant des éco-quartiers. Un de nos projets s’appuie sur l’installation de potagers en milieux urbain et scolaire avec des activités de formation, de renforcement des capacités, que nous initions. Nous réalisons tout cela grâce à un partenariat technique avec la FAO (NDLR : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) à Milan où nous avons aussi pu trouver des partenaires au sein de l’université de cette ville. Nous partageons tout cela avec les pays limitrophes

Cherchez-vous aussi à adapter des solutions venues de pays méditerranéens ? 

N.S. : Nos partenariats en Méditerranée ne sont malheureusement pas très développés. Mais, nous avons effectué plusieurs missions à Paris pour étudier la mise en place de leur plan climat. De même, avec la Ville de Marseille, nous avons élaboré notre schéma directeur d’aménagement des plages. La cité phocéenne nous a aidé à installer des projets pilotes pour nos huit plages.

Propos recueillis par Frédéric Dubessy, à LA VALETTE (MALTE)

 

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Zakaria Fahim : « Il faut faire communiquer les Afriques »

Interrogé lors de la conférence annuelle du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise- Malte du 7 au 9 février 2018), Zakaria Fahim, Président de Hub Africa (prochaine édition les 2 & 3 mai 2018), veut faire rencontrer les financements de l’Euro-méditerranée et les idées des start-up africaines.

Intervention de Zakaria Fahim lors de la conférence annuelle du Femise à Malte (photo : F.Dubessy)

Intervention de Zakaria Fahim lors de la conférence annuelle du Femise à Malte (photo : F.Dubessy)

econostrum.info : Comment voyez-vous l’avenir des relations entre l’Euroméditerranée et l’Afrique ?

Zakaria Fahim : Le plus important reste de penser en terme de double détente : Ce qu’il faut faire tout de suite et réfléchir aux perspectives dans les vingt à trente prochaines années. L’Afrique en 2050 comptera 2,5 milliards d’habitants versus 450 millions en Europe.

Quand vous avez un voisin où 40% de la population a moins de quinze ans, c’est soit une opportunité, soit une bombe à retardement. La géographie étant têtue, il devient très important de se rendre compte des opportunités qui existent en Afrique. Lors de mes road show, je rencontre beaucoup de start-up. Il est possible de connecter ces deux mondes : celui qui dispose de marchés plus matures et de financement et celui où bouillonnent les idées disruptives.

Le Maroc a déjà amorcé ce mouvement. L’Afrique a-t-elle vraiment besoin de l’Europe pour se développer ?

Z.F. : Il faut rester modeste. Aujourd’hui, les échanges intra-africains représente 15% des échanges totaux. Le Maroc ne pourra jamais rien faire tout seul car, les enjeux sont tels que, mis en perspective avec la situation sur le continent, nous sommes loin d’avoir réussi. Dans le palmarès des pays qui travaillent le plus avec l’Afrique viennent les États-Unis, la Chine et seulement après la France. Finalement, ses plus gros partenaires fonctionnent avec des visions tellement « monde » qu’ils ne peuvent comprendre ce qui se passe en Afrique. Alors que l’Europe ne peut pas ne pas se préoccuper de ce qui se passe à douze kilomètres de ses frontières… Une belle porte s’ouvre devant nous. A nous d’utiliser ce changement de paradigme, à rester des acteurs importants en Afrique mais en agissant ensemble. Et pour ce faire, il faut savoir donner du temps à celui qui veut avancer et pas l’inverse. Les entrepreneurs oublient souvent qu’ils sont agriculteurs plus que chasseurs. Je cultive et j’attends la fin de la saison pour aller récolter. Ce n’est pas je tire et je fais tomber le gibier. Ceci c’est fini !

« Ce n’est pas mon voisin, c’est moi »

Le président de Hub Africa veut que "pour nos enfants il soit naturel qu'ils réfléchissent Afrique en la considérant comme leur espace naturel" (photo : F.Dubessy)

Le président de Hub Africa veut que « pour nos enfants il soit naturel qu’ils réfléchissent Afrique en la considérant comme leur espace naturel » (photo : F.Dubessy)

Comment faire pour faciliter cela ?

Z.F. : Nous avons tout intérêt à faire communiquer les Afriques. Je suis administrateur de l’ENCG Casablanca (NDLR : Ecole nationale de commerce et de gestion), nous allons passer pour la première fois des accords avec des universités subsaharienne. Ceci n’a jamais été fait avant. Nous recevions des Subsahariens dans le cadre des accords entre gouvernements mais nous n’étions pas curieux de leurs aptitudes alors qu’il s’agit d’un vrai gisement.

Je veux que pour nos enfants il soit naturel qu’ils réfléchissent Afrique en la considérant comme leur espace naturel. Ce n’est pas mon voisin, c’est moi. Il manque aujourd’hui cette appropriation.

Il n’est pas possible d’être dans un espace commun où certains mangent du caviar et d’autres seulement un repas sur deux. Un jour ou l’autre, ils viennent voir ce qu’il se passe chez vous. Le bon sens est de dire : quel est mon intérêt aujourd’hui à ce que ces gens là se sentent bien ? et comment moi je peux préserver mon avenir ?

Voir une vidéo Femise sur Zakaria Fahim  

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(Inscriptions Ouvertes) Conférence annuelle FEMISE, Valette, Malte, 7-9 Février 2018

Le FEMISE est heureux d’annoncer que sa conférence annuelle aura lieu cette année à la Valette, Malte, les 7, 8 et 9 Février 2018.

Veuillez cliquer ici pour vous inscrire.

La conférence annuelle du FEMISE est une plate-forme qui permet aux différents acteurs de la région UE-Med, aux membres des instituts de recherche, aux universitaires, aux décideurs politiques et aux représentants de la communauté internationale, y compris l’UE, d’engager un dialogue constructif sur l’avenir de la région et sur le rôle que l’UE peut jouer dans le contexte de la nouvelle PEV. 

Le thème de cette année sera:

«Voisinage étendu: Relation et Coopération de l’UE-Med vers l’Afrique»

La note conceptuelle est disponible en cliquant ici.

L’agenda est disponible ici.