Archives du Tag : Economie sociale

FEMISE MedBRIEF 23: « Développer l’entrepreneuriat social et l’innovation sociale en Méditerranée et au Moyen-Orient »

Tallie Hausser, Constantin Tsakas and Karine Moukaddem

La série MED BRIEF du FEMISE ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs et des partenaires du réseau FEMISE.

Le MED BRIEF « Développer l’entrepreneuriat social et l’innovation sociale en Méditerranée et au Moyen-Orient », est disponible ici (en anglais).

Il est également disponible en Arabe en cliquant ici.

Résumé

Notre Policy Brief analyse les écosystèmes d’innovation sociale de Beyrouth et de Tunis et examine les moyens qui mènent à une innovation inclusive qui crée des emplois, des revenus et des opportunités pour les populations marginalisées, les femmes et les jeunes. Les résultats montrent que l’absence de forme juridique pour les entreprises sociales, les obstacles au financement et aux investissements, la pénurie de ressources humaines pour les cadres supérieurs et les difficultés à déterminer la clientèle appropriée comptent parmi les principaux obstacles rencontrés par les entrepreneurs sociaux. Nous soutenons que des mécanismes de financement plus innovants devraient être disponibles pour les appuyer. Il serait nécessaire de sensibiliser les investisseurs du sud de la Méditerranée au concept de mesure de l’impact et de l’investissement d’impact. En outre, les gouvernements du Sud de la Méditerranée devraient soutenir activement les entreprises sociales, tandis que celles-ci devraient envisager des marchés publics sociaux et d’inclure les entreprises sociales dans leurs chaînes d’approvisionnement. Enfin, capitaliser sur la coopération euro-méditerranéenne pourrait changer la donne en matière d’inclusion. Plus précisément, une plate-forme UE-Med d’impact social pourrait multiplier les opportunités de financement pour les entrepreneurs de la région sud-méditerranéenne et constituer un marché prometteur pour les investisseurs à impact.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Rapport FEMISE EuroMed 2019 : Le secteur privé dans les pays méditerranéens : Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social

Le Rapport EuroMed FEMISE 2019 est maintenant disponible

Le secteur privé dans les pays méditerranéens :

Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social [1]

La version française du rapport est disponible au téléchargement ici.

Le FEMISE lance son rapport Euro-Méditerranéen 2019 qui porte sur le secteur privé dans les pays méditerranéens. Il a été présenté ce 13 juin dernier aux participants à la conférence annuelle du think tank. Comment ont évolué les pays méditerranéens depuis le lancement du Processus de Barcelone ? Pourquoi la croissance a-t-elle été en deça des attentes ? Quelle rôle peuvent jouer les Banques Centrales pour rendre le secteur privé plus dynamique et attirer davantage d’investissements étrangers ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer au développement de l’entreprenariat social dans la but de réduire les phénomènes d’exclusivité ? Ce rapport tente de répondre à ces questions à travers 4 chapitres : le premier présente la dynamique observée des pays méditerranéens au cours de ces 20 dernières années ; le second tente d’analyser les principales raisons du manque de croissance ; le troisième porte sur le rôle des Banques Centrales dans l’amélioration de l’environnement des affaires et sur l’attractivité des investissements étrangers. Le quatrième et dernier chapitre est focalisé sur l’entreprenariat social.

Trois raisons majeures ont poussé les experts du réseau FEMISE a consacrer ce rapport au secteur privé en Méditerranée. La première est qu’il y a urgence à créer des emplois et, compte tenu de la situation des comptes publics, ces futures créations d’emplois ne pourront provenir que du secteur privé. La deuxième raison est que ces pays doivent faire évoluer leur régime de croissance pour devenir plus compétitifs et réaliser des montées en gamme. La troisième raison est qu’il était utile, comme le fait ce rapport, d’avoir une synthèse des apports de la littérature académique, des données disponibles, des rapports d’organisations internationales tout en ayant également un tour d’horizon sur les points de vue et recommandations d’experts, membres de la société civile et partenaires opérationnels sur le sujet. Dans le dernier chapitre, ces acteurs du changement exposent et proposent des actions concrètes pour un secteur privé à la hauteur des enjeux en Méditerranée, notamment via l’entreprenariat social.

« Un paradoxe des pays méditerranéens est d’avoir, à la fois, un faible niveau de pauvreté comparativement aux pays en développement et émergents et, dans le même temps certaines parties de la population isolées et/ou exclues de la sphère économique. Il s’agit des jeunes, des femmes et du monde rural éloigné des grandes agglomérations. On pourrait également y ajouter les personnes dont les activités économiques sont dans l’informel. C’est donc un système économique qui repose sur l’exclusion d’au moins les deux tiers de sa population et dont les fondements d’un développement durable ne sont pas assurés » expliquent les auteurs.

Le rapport, produit sous la direction de l‘Institut de la Méditerranée (IM) et coordonnée par Patricia Augier (Présidente du Comité Scientifique du FEMISE), a été rédigé par des économistes du réseau de chercheurs FEMISE. Les auteurs sont :.

Pr. Patricia Augier (Professeur Aix-Marseille School of Economics, Présidente du Comité Scientifique du FEMISE et de l’IM) ;

Dr. Constantin Tsakas (Secrétaire Général du FEMISE et Délégué Général de l’IM) ;

Pr. Sami Mouley (Professeur de Finance Internationale à l’Université de Tunis) ;

Karine Moukaddem (stagiaire analyste politique à l’Union pour la Méditerranée, experte FEMISE) et

Jocelyn Ventura (économiste à l’IM et au FEMISE).

Les 4 chapitres sont également téléchargeables séparément en cliquant ci-dessous :

Le rapport Euromed est une publication annuelle du FEMISE qui traite des thèmes d’importance et d’intérêt pour la région Euro-Med. Le rapport apporte une véritable valeur ajoutée en termes de connaissances sur le thème couvert. Il fournit une analyse approfondie proposée par des économistes spécialisés et avec une approche pluridisciplinaire du Nord et du Sud de la Méditerranée. Cela apporte une vision commune des deux rives de la Méditerranée et des recommandations politiques qui peuvent contribuer au processus de transition des pays du Sud Med.

[1] Ce rapport a reçu un soutien financier de l’Union européenne à travers le projet FEMISE “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Toute opinion exprimée dans ce rapport est de la seule responsabilité des auteurs.

Atelier : A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique, 20 Novembre, Marseille

C’est parti pour l’ouverture officielle des inscriptions à Emerging Valley 2018 qui se déroulera les 20 et 21 novembre à Marseille (au Palais du Pharo et à thecamp) !   

 

Atelier IM-FEMISE: A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique

FEMISE et l’Institut de la Méditerranée (IM) sont ravis de s’associer à ce grand évenement pour organiser l’atelier A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique (20 novembre 2018 à 15h00). L’entrepreneuriat social se réfère à la pratique qui combine innovation, dynamisme et la possibilité de relever d’importants défis sociaux et environnementaux. Le soutien des Etats et des multinationales à travers le monde a été très encourageant pour ce modèle d’activité social innovant. Un réel potentiel, encore faiblement exploité, existe aussi dans le cadre de la coopération entre l’UE et l’Afrique et notamment avec les pays Méditerranéens de la Rive Sud.

Les entrepreneurs sociaux mobilisés par FEMISE et l’IM présenteront des initiatives innovantes, capables de relever d’importants défis sociaux et environnementaux en Egypte, Palestine, Maroc, Afrique du Sud, Liban, en région MENA et en France. La Concept Note de l’Atelier est disponible en cliquant ici.

Inscrivez-vous !

Découvrez certains de nos Panelistes à l’Atelier IM-FEMISE en cliquant sur leur fiche

Emerging Valley 2018

Placé sous le Haut Patronage du Président de la République Emmanuel MACRON et premier évènement  labellisé Digital Africa, EMERGING Valley réunit cette année

·         Plus de 100 Startups, incubateurs et investisseurs venus de 20+ pays africains se réuniront dans la deuxième ville de France pour connecter l’innovation africaine et européenne : Sénégal, Bénin, Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Côte d’Ivoire, Maroc, Egypte,

·         La venue de délégations pays (Brésil,Tunisie) venus trouver partenaires, clients, structures d’accompagnement pour créer de la valeur autour de l’Afrique à Marseille

·         Des dizaines de keynotes, sessions plénières, workshops pour découvrir et faire du business avec les champions de l’innovation africaine dans deux lieux exceptionnels : Le Palais du Pharo et thecamp

·         Du business et du réseautage avec des investisseurs, VC et Angels venus d’Europe, d’Afrique et de la Méditerranée

·         Un programme d’accélération en simultané durant le sommet avec le Social and Inclusive Business Camp de l’AFD autour de l’impact social et le financement

·         Le lancement en exclusivité de la plateforme Digital Africa le 21 novembre à thecamp, un dispositif de soutien aux start-ups africaines lancée par le Président de la République Emmanuel MACRON pour soutenir la dynamique entrepreneuriale sur le continent africain à travers le digital

Venez les rencontrer en vous inscrivant sur ce lien 

* La contribution financière de l’IM et de FEMISE envers cette conférence est faite dans le cadre du Contrat FEMISE-UE sur: : « Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership  » . Tous les points de vue exprimés lors de cet événement relèvent de la seule responsabilité des intervenants.

L’Entrepreneuriat Social comme moyen de soutenir la croissance et l’emploi dans les pays MED

Un modèle de croissance complet et durable, qui crée des emplois et favorise l’inclusion sociale, voilà ce dont ont besoin les pays de la rive Sud de la Méditerranée. Cependant, malgré les efforts dans chaque pays, le chômage et les inégalités de tout type restent élevés, ce qui souligne la nécessité de nouvelles approches. À cet égard, l’Entrepreneuriat Social (ES)[1] peut offrir des perspectives significatives et peut aider à aborder les problèmes endémiques des pays MED car il: i. inclut tous les groupes et a un excellent potentiel de création d’emplois, ii. est basé sur le développement régional, iii. aborde le manque de diversification; iv. offre des réponses de solidarité intergénérationnelles.

Aspirant à contribuer à ôter les obstacles au développement des entreprises sociales et à soutenir les entrepreneurs sociaux, FEMISE a entrepris un effort ambitieux pour relier les acteurs de l’Entrepreneuriat Social (SE) dans la région Euro-Med. Ces efforts ont été initiés lors de la préparation du rapport FEMISE financé par la BEI en 2014, rapport qui portait sur l’entrepreneuriat social au Maghreb, et continuent avec le rapport EuroMed FEMISE 2018 qui portera sur le développement du secteur privé (à paraître). Ces efforts ont posé les bases d’une stratégie pluriannuelle sans précédent pour l’émergence d’écosystèmes ES qui associent les communautés de coopération UE-MED avec les principaux acteurs d’impact social et de soutien à l’entrepreneuriat.

Au préalable de la publication de son rapport EuroMed 2018, FEMISE a interviewé certains de ses principaux acteurs partenaires pour obtenir leurs propositions d’idées préliminaires sur les actions qu’ils considèrent comme prioritaires pour une meilleure coopération entre les structures d’entrepreneuriat social, pour mieux connaître les bonnes pratiques internationales qui pourraient être transposables dans le contexte Sud-Méditerranéen et pour avoir un aperçu des initiatives de leurs structures respectives dans la promotion de l’inclusivité et de l’utilité sociale. Voici quelques extraits d’interviews avec trois acteurs clés de l’entrepreneuriat social en UE-MED.

Thomas Vailleux est un entrepreneur social français basé entre Paris, Lyon et Beyrouth. Il a initié et co-fondé Friends of the Middle East  une entreprise sociale favorisant la compréhension des habitants issus du Moyen-Orient. Avec une équipe libanaise, il écrit et co-réalise « Changemakers in the Arab World », un film documentaire sur les entrepreneurs sociaux du Maghreb et du Moyen-Orient. Avec MakeSense, il a récemment conçu un programme d’accélération de trois semaines dédié au prototypage de 10 solutions portées entrepreneurs sociaux libanais.

Thomas Vailleux: Les pays sud-méditerranéens ne sont pas tous égaux devant la volonté de leurs dirigeants politiques et le développement de l’entrepreneuriat social. Néanmoins, il me paraît capital de faire du partage régional des bonnes pratiques, des retours d’expérience, des réseaux et des savoirs un modus operandi, une méthodologie de travail collaborative qui incarne les valeurs portées par le secteur. Il s’agirait alors de mettre en place une plateforme de collaboration régionale pour favoriser l’échange et renforcer la coopération entre acteurs partageant des intérêts communs, notamment en vue d’une ouverture au marché régional (par partenariats, par exportations, par implantation régionale, etc.). Cette plateforme peut prendre la forme d’une plateforme web et d’un calendrier de rencontres régionales ciblant des objectifs déjà identifiés comme étant clés par des acteurs comme le think tank libanais régional Beyond Reform & Development.

A l’échelle des structures d’accompagnement, des méthodologies innovantes et efficaces ont été inventées ou réinventées pour outiller les entrepreneurs sociaux et professionnaliser la démarche si spécifique et duale d’un entrepreneur social (social vs business). Ces méthodologies sont portées par des structures d’accompagnement à forte croissance, coopérant avec les domaines publics et privés, comme MakeSense à l’international ou Ticket for Change en France dont les fondateurs ont d’ailleurs été récompensés à de multiples reprises. Par ailleurs, la mise en place de dispositifs législatifs facilitant la création d’une entreprise sociale et réduisant les taxes pesant sur le porteur de projet en raison du caractère social de l’entreprise, en Italie et en France par exemple, semblent être indispensables au changement d’échelle du secteur. Enfin, dans les pays pionniers du secteur, raconter les histoires des solutions et des porteurs de projet s’est vite imposé comme un moyen de fédérer des communautés de « changemakers » partageant une vision commune du monde pour les mettre en action.

Friends of the Middle East est une association basée à Paris et Beyrouth dont l’un des objectifs est des de partager un autre visage de la région à travers les histoires du vécu de ses citoyens, notamment entrepreneurs sociaux. A travers notre projet de film documentaire (« Changemakers in the Arab World »), nous favorisons l’inclusion des publics marginalisés en les représentant dans notre film. Nos partenariats avec des ONGs et des fondations locales et régionales permettront à des jeunes de zones marginalisées d’être sensibilisés avec pour but de les éloigner de la violence et des extrémismes pour les rapprocher du « faire-ensemble ». Notre programme de « projections-action ! » dans plusieurs pays est d’ailleurs pensé pour engager les spectateurs dès la fin de la projection à travers des ateliers de résolution de problèmes et des mises en relation avec les acteurs de l’écosystème.

Shadi Atshan est un entrepreneur palestinien et cofondateur de Leaders Organization et FastForward Accelerator. Shadi a dirigé un groupe de professionnels talentueux pour établir ce qui est devenu la plus grande organisation de promotion de l’entrepreneuriat en Palestine (Leaders Organization ou Qeiadat). Il a développé le portefeuille d’activités de l’organisation à partir de zéro pour en faire un portefeuille de plus de 10 millions USD en moins de 8 ans. Actuellement Leaders Organization opère en Palestine, en Jordanie et en Belgique. Son travail a contribué à la création de plus de 45 startups technologiques. Aujourd’hui, Leaders Organization accueille le seul parc technologique de la Palestine « eZone », le premier accélérateur de start-ups de Palestine « FastForward », le premier accélérateur d’entreprises sociales de Palestine « SEA » et la Maison Palestinienne à Silicon Valley « PHSV » à San Francisco – USA.

Shadi Atshan: Faciliter le développement de la structure de l’entrepreneuriat social dans son ensemble, et plus particulièrement dans les pays du sud de la Méditerranée, devrait être une priorité sur trois niveaux, commencant d’un sens plus large et allant vers des stratégies micro-niveau. Une stratégie plus élargie devrait être conçue pour induire l’idée de responsabilité sociale et créer des bénéfices à travers l’activité de start-ups rentables dans toute la région. Une fois cette stratégie intégrée, des ateliers et des conférences devraient être introduits dans chaque pays, pour créer et cibler les lacunes sociales déjà existantes dans l’économie et créer des solutions rentables. Enfin, les incubateurs, les accélérateurs et les associations liées à l’entreprenariat, devraient intégrer des programmes sur mesure visant en particulier les programmes d’entreprenariat social et offrant la formation et le mentorat nécessaires pour inciter à la création de start-ups réussies.

Deux bonnes pratiques internationales que l’on retrouve directement dans les initiatives d’entrepreneuriat social, et qui débouchent sur la création de nouvelles entreprises dans la région Sud-Med, sont le recyclage et la transition vers l’énergie solaire. Ces bonnes pratiques garantissent une efficacité accrue, un coût plus faible et une plus grande durabilité à long terme pour la région dans son ensemble. Qui plus est, elles encouragent les jeunes entrepreneurs à créer de nouvelles start-up axées sur le progrès social. Afin de faciliter un tel environnement de durabilité et de pensée créative, certains programmes et aspects doivent être introduits. Le premier concerne des programmes de recherche et de développement pour encourager les entrepreneurs à créer des idées novatrices et de nouveaux produits. Le deuxième est un réseau d’experts internationaux sur le terrain, pour aider les start-ups à recevoir le mentorat et le conseil dont elles ont besoin et pour qu’elles puissent passer au niveau supérieur. Enfin, l’introduction d’un réseau de business-Angels dans la région pour investir dans les entrepreneurs, notamment dans des start-ups d’initiative sociale afin de leur permettre de développer et de créer des avantages à long terme.

L’inclusion sociale et l’utilité sociale font partie des principales initiatives de Leaders Organisation, et par conséquent, l’un des programmes qu’entreprend l’organisation est celui de l’Accélérateur d’Entreprises Sociales (SEA). Le concept a émergé suite au manque de soutien aux entreprises sociales, l’accélérateur etant censé trouver des solutions durables pour ce problème. L’accent a été particulièrement mis pour viser les femmes et les jeunes, avec l’ambition et le potentiel de créer des entreprises sociales durables qui auront un impact sur leurs communautés qui bénéficient d’un programme de soutien innovant et étendu. Ce projet va encore plus loin dans la promotion de l’engagement, les femmes et les jeunes issus de communautés marginalisées ayant des problèmes potentiels d’identité (dans la société, la politique, l’économie et l’environnement) développent leurs propres entreprises sociales et reçoivent un soutien. Le programme a offert une formation à plus de 150 entrepreneurs âgés de 22 à 30 ans, et a accueilli et soutenu 7 start-ups, avec un taux de participation de 42% chez les femmes.

Patrizia Bussi coordonne le réseau européen des entreprises sociales d’insertion(ENSIE) basé à Bruxelles, représentant les entreprises sociales et en particulier plus de 2500 entreprises sociales d’insertion par l’activité économique en Europe (27 membres dans 19 États membres de l’UE, Suisse et Serbie). ENSIE vise à contribuer au développement durable grâce à différentes actions telles que la création de liens entre le marché du travail et l’inclsuion sociale des groupes défavorisés en améliorant leurs opportunités d’emploi et leur productivité. Au cours de son temps à ENSIE, Patrizia a également travaillé pour deux entreprises italiennes d’économie sociale: le Consorcio Sociale Abele Lavoro et la coopérative sociale de type-A Stranaidea. Elle a été membre du groupe consultatif multipartite sur les affaires sociales (GECES), membre du sous-groupe de mesure d’impact social du GECES et membre du groupe italien GECES, Gruppo Multilaterale sull’imprenditoria sociale. Elle participe actuellement au GECES en tant qu’observateur. Depuis 2014, elle représente ENSIE dans le dialogue structuré avec le groupe d’experts des Fonds structurels et d’investissement européens (ESIF SD).

Patrizia Bussi: Je pense qu’il est nécessaire, dans chaque pays de la Méditerranée du Sud, de rechercher les structures de l’entrepreneuriat social et de l’économie sociale déjà existantes, les aidant à travailler ensemble afin qu’elles puissent être visibles et reconnues au niveau national et pour qu’elles puissent coopérer pour libérer les potentiels inexploités de leurs territoires. À la suite de ces étapes importantes, une coopération progressive doit être construite entre l’ensemble des structures au sud de la Méditerranée.

L’identification de bonnes pratiques internationales susceptibles d’être transposables n’est pas une tâche simple. Certaines pratiques ont déjà montré leur succès, comme le programme Incorpora au Maroc, ou certaines activités ayant un impact social en Tunisie, lancées par le groupe français SOS. Ces expériences confirment l’importance de la prise en compte des réalités territoriales (économiques, sociales, historiques, culturelles) et d’adapter les bonnes pratiques internationales à ces réalités.

ENSIE représente, soutient et développe en Europe des réseaux et des fédérations d’Entreprises sociales d’insertion par l’activité économique (Work Integration Social Enterprises-WISEs): des outils efficaces pour l’accès à la réinsertion sociale et professionnelle sur le marché du travail et pour l’inclusion sociale de groupes vulnérables. L’étude «Impact WISEs» de 2016 a examiné le cas de 807 WISE, présentes dans 9 pays de l’Union européenne et incluant 12 954 travailleurs défavorisés. L’étude a révélé que 48,5% des travailleurs défavorisés ont pu trouver un emploi dans la même entreprise, dans une autre WISE ou sur le marché du travail classique, tandis que 16,5% sont devenus des entrepreneurs autonomes ou ont trouvé une formation professionnelle qualifiante.

 

Les multiples entretiens réalisés par FEMISE ont montré la nécessité de soutenir le développement d’une politique habilitante et d’un environnement réglementaire pour l’entreprenariat social dans les pays MED. Ils ont également souligné qu’il est essentiel de sensibiliser et d’accroitre la capacité des acteurs de l’écosystème pour soutenir la croissance des entreprises sociales qui contribuent à la création de valeur et à la création d’emplois dans les pays MED. Ils ont également souligné l’importance de la communication et du partage de meilleures pratiques.

Sur la base de ces observations, FEMISE a mobilisé sa communauté scientifique pour son rapport 2018 qui portera sur le développement du secteur privé et qui comprendra un chapitre sur le potentiel de l’entrepreneuriat social dans les pays méditerranéens. Le chapitre se focalisera sur la panoplie d’outils (notamment financiers) pour soutenir et développer l’entrepreneuriat social dans cette région et présentera des actions potentielles au niveau EU-MED qui pourraient soutenir et développer l’ES. Le rapport devrait être disponible au dernier trimestre 2018.

Article par Constantin Tsakas

[1] Pour un panorama de l’Entrepreneuriat Social dans certains pays MED, veuillez lire le rapport FEMISE-BEI (2014) « Économie Sociale et Solidaire: Vecteur d’inclusivité et de création d’emplois dans les pays partenaires méditerranéens? » disponible ici.

Le FEMISE fait le pari de l’économie sociale et solidaire

ESS2 Considérée comme une « autre voie » par rapport à l’économie de marché traditionnelle, l’économie sociale et solidaire (ESS) vise à favoriser l’employabilité et l’inclusivité. Le dernier rapport du Forum euro-méditerranéen des Instituts de Sciences économiques (FEMISE) suggère l’introduction d’un cadre réglementaire et d’une fiscalité incitative pour ce secteur prometteur dont le potentiel n’est pas suffisamment exploité.

Injecter de la moralité, des valeurs dans une économie qui a montré ses limites… L’ESS pourrait générer jusqu’à 4% des emplois dans les pays du Sud de la Méditerranée. Le secteur se structure essentiellement autour du tissu associatif (e.g. associations de micro crédit solidaire au Maroc), coopératif (e.g. coopératives de pêche en Egypte) et des mutuelles. Cet « outil d’innovation socio-économique » permettrait de financer des projets à fort impact social dans les secteurs de l’habitat, de l’artisanat, de la formation, de l’agriculture…

Préparé dans le contexte de sa collaboration avec la BEI, le rapport du FEMISE, intitulé « Économie sociale et solidaire : vecteur d’inclusivité et de créations d’emplois en Méditerranée », analyse la situation de ce secteur dans trois pays (Egypte, Maroc, Tunisie) et explore de nouvelles voies pour le développer.

Toutefois, favoriser l’économie sociale et solidaire constitue un processus long impliquant, selon le Femise, l’intervention des pouvoirs publics —pour bâtir un cadre juridique et fiscal— et des acteurs privés pour accompagner et financer les projets à fort impact social et de développement.

Une banque éthique par pays et des investissements à impact social

ESS1« Nous proposons la création d’une banque éthique dans chaque pays comme catalyseur de changement (…), le développement d’outils de financement et de soutien à l’économie sociale », suggère le rapport citant l’exemple de Banca Etica en Italie, véritable interface entre les banques traditionnelles et les structures de l’ESS. Ces établissements pourraient alors disposer d’une série d’instruments de financement à rentabilité modérée (titres, contrats d’apports, fonds d’amorçage associatifs).

Pour construire un écosystème cohérent, coordonné, efficace de l’ESS, le Femise suggère de généraliser l’« impact investing » qui permet de faire « coexister la création de valeur économique avec la création de valeur sociale ». Ceci en développant un dispositif qui permet de faire correspondre les investissements à impact social aux besoins des entreprises ESS. Ce dispositif pourrait étendre le champ des « instruments traditionnels » et financer des activités qui ont été longuement négligées. Il pourrait devenir une véritable réponse au défaut de financement des structures de l’ESS, une solution complète pour accélérer le développement de la finance sociale.

Le rapport « Économie sociale et solidaire : vecteur d’inclusivité et de créations d’emplois en Méditerranée » est disponible au téléchargement (cliquez ici)

FEMISE présente le rapport le 8 Novembre a Marseille lors de la Semaine économique de la Méditerranée (pour en savoir plus  cliquez ici).

Photos:   photo 1 : “L’« impact investing » permet de faire « coexister la création de valeur économique avec la création de valeur sociale ». (Photo Taysir) Econostrum

Photo 2:  » L’ESS pourrait générer jusqu’à 4% des emplois dans les pays du Sud de la Méditerranée. (Photo Taysir) : » -Econostrum

Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info.

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