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Rapport FEMISE EuroMed 2019 : Le secteur privé dans les pays méditerranéens : Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social

Le Rapport EuroMed FEMISE 2019 est maintenant disponible

Le secteur privé dans les pays méditerranéens :

Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social [1]

La version française du rapport est disponible au téléchargement ici.

Le FEMISE lance son rapport Euro-Méditerranéen 2019 qui porte sur le secteur privé dans les pays méditerranéens. Il a été présenté ce 13 juin dernier aux participants à la conférence annuelle du think tank. Comment ont évolué les pays méditerranéens depuis le lancement du Processus de Barcelone ? Pourquoi la croissance a-t-elle été en deça des attentes ? Quelle rôle peuvent jouer les Banques Centrales pour rendre le secteur privé plus dynamique et attirer davantage d’investissements étrangers ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer au développement de l’entreprenariat social dans la but de réduire les phénomènes d’exclusivité ? Ce rapport tente de répondre à ces questions à travers 4 chapitres : le premier présente la dynamique observée des pays méditerranéens au cours de ces 20 dernières années ; le second tente d’analyser les principales raisons du manque de croissance ; le troisième porte sur le rôle des Banques Centrales dans l’amélioration de l’environnement des affaires et sur l’attractivité des investissements étrangers. Le quatrième et dernier chapitre est focalisé sur l’entreprenariat social.

Trois raisons majeures ont poussé les experts du réseau FEMISE a consacrer ce rapport au secteur privé en Méditerranée. La première est qu’il y a urgence à créer des emplois et, compte tenu de la situation des comptes publics, ces futures créations d’emplois ne pourront provenir que du secteur privé. La deuxième raison est que ces pays doivent faire évoluer leur régime de croissance pour devenir plus compétitifs et réaliser des montées en gamme. La troisième raison est qu’il était utile, comme le fait ce rapport, d’avoir une synthèse des apports de la littérature académique, des données disponibles, des rapports d’organisations internationales tout en ayant également un tour d’horizon sur les points de vue et recommandations d’experts, membres de la société civile et partenaires opérationnels sur le sujet. Dans le dernier chapitre, ces acteurs du changement exposent et proposent des actions concrètes pour un secteur privé à la hauteur des enjeux en Méditerranée, notamment via l’entreprenariat social.

« Un paradoxe des pays méditerranéens est d’avoir, à la fois, un faible niveau de pauvreté comparativement aux pays en développement et émergents et, dans le même temps certaines parties de la population isolées et/ou exclues de la sphère économique. Il s’agit des jeunes, des femmes et du monde rural éloigné des grandes agglomérations. On pourrait également y ajouter les personnes dont les activités économiques sont dans l’informel. C’est donc un système économique qui repose sur l’exclusion d’au moins les deux tiers de sa population et dont les fondements d’un développement durable ne sont pas assurés » expliquent les auteurs.

Le rapport, produit sous la direction de l‘Institut de la Méditerranée (IM) et coordonnée par Patricia Augier (Présidente du Comité Scientifique du FEMISE), a été rédigé par des économistes du réseau de chercheurs FEMISE. Les auteurs sont :.

Pr. Patricia Augier (Professeur Aix-Marseille School of Economics, Présidente du Comité Scientifique du FEMISE et de l’IM) ;

Dr. Constantin Tsakas (Secrétaire Général du FEMISE et Délégué Général de l’IM) ;

Pr. Sami Mouley (Professeur de Finance Internationale à l’Université de Tunis) ;

Karine Moukaddem (stagiaire analyste politique à l’Union pour la Méditerranée, experte FEMISE) et

Jocelyn Ventura (économiste à l’IM et au FEMISE).

Les 4 chapitres sont également téléchargeables séparément en cliquant ci-dessous :

Le rapport Euromed est une publication annuelle du FEMISE qui traite des thèmes d’importance et d’intérêt pour la région Euro-Med. Le rapport apporte une véritable valeur ajoutée en termes de connaissances sur le thème couvert. Il fournit une analyse approfondie proposée par des économistes spécialisés et avec une approche pluridisciplinaire du Nord et du Sud de la Méditerranée. Cela apporte une vision commune des deux rives de la Méditerranée et des recommandations politiques qui peuvent contribuer au processus de transition des pays du Sud Med.

[1] Ce rapport a reçu un soutien financier de l’Union européenne à travers le projet FEMISE “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Toute opinion exprimée dans ce rapport est de la seule responsabilité des auteurs.

Med Change Makers e03 : Jocelyn VENTURA, Intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines

FEMISE a récemment lancé sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

 Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines

Entretien avec Jocelyn Ventura, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Jocelyn Ventura, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Des économistes du FEMISE et de l’Institut de la Méditerranée ont récemment présenté les conclusions préliminaires d’une étude produite pour la Banque Africaine de Développement intitulée « Identification des obstacles à l’amélioration de l’environnement des affaires et à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines exportatrices ».

Jocelyn Ventura (Aix-Marseille Université (France), Economiste à l’Institut de la Méditerranée / FEMISE) a contribué au rapport. Dans cet entretien, il offre des pistes de réflexions sur les opportunités ainsi que les mesures que l’état pourrait mettre en place pour améliorer l’insertion des PME dans les chaines de valeurs mondiales.

 

1) Quelle est la dynamique des exportations marocaines ? Quels sont les principaux secteurs d’exportation ?

Il existe une dynamique notable. Le Maroc a mis en place, depuis 2014, un Plan d’Accélération Industriel (PAI) dont un des objectifs est de promouvoir les exportations du secteur industriel. Un des axes de ce plan vise à renforcer le positionnement du Maroc à l’international en améliorant son attractivité. Depuis, le Maroc a diversifié les destinations de ses exportations notamment vers le reste du monde. Même si l’Europe reste la première destination des exportations marocaines, son importance relative a diminué.

On note qu’à côté des secteurs exportateurs traditionnels, on retrouve des secteurs plus intensifs en technologie qui sont apparus récemment et qui ont connu un fort taux de croissance : machines et appareils électriques, véhicules etc.

Les exportations marocaines montent en gamme avec l’émergence de ces nouveaux secteurs exportateurs plus intensifs en technologie. Cependant, le taux de croissance des exportations marocaines demeure inférieur à ce qu’on connut des pays comparables en termes de revenus. La compétitivité des exportations a potentiellement été réduite par le régime de change peu flexible (assoupli récemment). De plus, les déséquilibres macroéconomiques et l’environnement général des affaires ont été des freins à la croissance des exportations.

2) Comment se situe le Maroc dans l’intégration des chaines de valeur globales ? Quelle position par rapport à des pays comparables ou voisins ?

De manière générale, les pays méditerranéens, et le Maroc en particulier, sont assez bien insérés dans les GVC. L’indice de participation aux GVC montre que l’intégration du Maroc dans les GVC est équivalent à celle de la Turquie et proche de celle d’Israël, mais demeure inférieure à celle de la Tunisie (51,1% en 2011) ou d’autres pays comparatifs (Chili, Roumanie, Malaisie…)

On observe que le Maroc participe dans les GVC majoritairement « en amont » ou, en d’autres termes, c’est la part de VA étrangère contenue dans les exportations marocaines qui contribue le plus à l’intégration dans les GVC. La participation en amont est particulièrement importante dans les principaux secteurs d’exportations marocains, comme les véhicules, les machines électriques ou le textile, ce qui montre que les exportations marocaines s’inscrivent dans des processus de production internationalisés.

3) Quels sont les principaux obstacles entravant la capacité des PME à vendre leur produit sur les marchés étrangers ? 

Parmi les obstacles au lancement d’une activité d’exportation cités par les PME marocaines, on peut noter la difficulté à pénétrer les marchés étrangers et à adapter les produits aux normes qui y sont imposées, la difficulté à obtenir un financement, les coûts de transport et la lourdeur des procédures douanières. Jouent aussi un rôle le coût de la couverture contre le risque de change, la faiblesse de la R&D ou encore l’absence d’organismes nationaux de soutien à l’exportation.

Parmi les politiques réclamées pour réduire ces obstacles on retrouve la mise en place de relais au niveau des marchés cibles, une augmentation des moyens mis à disposition des conseillers économiques au sein des missions diplomatiques à l’étranger, mais aussi la création d’une banque spéciale pour soutenir les activités d’exportations…

4) Quelles opportunités offrirait une meilleure intégration dans les GVC des PME ?

Les opportunités sont nombreuses. Entre 60 et 80% des flux commerciaux ont lieu au sein des GVC. Pour une entreprise d’un pays en développement, intégrer ces GVC serait donc un excellent moyen d’exporter sa production. L’intégration de GVC peut aussi améliorer la productivité et la compétitivité de l’entreprise. Une meilleure insertion dans ces GVC pourrait par exemple faciliter la mise à niveau des normes de qualité et des standards de production, favoriser l’amélioration des compétences des salariés, donner accès à de nouvelles technologies etc.

La fragmentation des processus de production permet aux firmes de pays en développement, notamment les PME, d’utiliser les avantages comparatifs afin de produire et exporter une partie de leur chaine de valeur où elles sont plus compétitives.

Ce serait un des meilleurs moyens d’accélérer la croissance des exportations marocaines, ainsi que le chemin le plus court pour les PME de bénéficier d’un progrès de productivité, d’une amélioration de la compétitivité et d’un meilleur positionnement à l’international.

5) Quelles mesures l’Etat pourrait-il mettre en place pour améliorer l’insertion des PME dans les CVG ?

Tout d’abord on peut remarquer que les PME seront désavantagées face aux grandes entreprises, qui bénéficient d’une meilleure productivité et d’une meilleure capacité à acquérir et absorber de nouvelles technologies, pour intégrer les CVG.

Parmi les obstacles à dépasser on note un manque de service logistique efficace, un manque de compétitivité des produits, des difficultés à satisfaire les exigences des donneurs d’ordre et à mettre les produits ou les procédés de production aux normes de qualité et standards demandés etc.

L’Etat pourrait donc améliorer l’insertion des PME en leur offrant un support pour mettre en conformité les produits et les processus de productions, un support à la formation des salariés, un soutien à la mise en relation avec les entreprises étrangères et, enfin et surtout, une augmentation de crédits bancaires disponibles.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.