Trade and Jobs in Morocco: Why do some firms succeed and others fail to increase employment?

FEM31-04 | Mars 2008

Titre

« Trade and Jobs in Morocco: Why do some firms succeed and others fail to increase employment? »

Par

Lahcen ACHY, INSEA, Morocco ; Khalid SEKKAT, DULBEA, University of Brussels, Belgium

Contributeurs

Note :

Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier de l’Union Européenne au travers du Femise. Le contenu du rapport relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l’opinion de l’Union Européenne.

Résumé :

Le rapport examine si la différence d’attitudes des entreprises à l’égard de la mise à niveau technologique (en particulier l’investissement en capital physique et humain) explique leur différence en terme de création d’emplois durant des épisodes de rapide libéralisation commerciale.

A l’instar de beaucoup de pays en développement, le chômage est un problème majeur au Maroc. Les chiffres officiels du chômage, déjà forts élevés (en milieu urbain le taux de chômage était de 19.5% en 2001), ne reflètent que partiellement la sévérité du problème. Si l’on prend en compte l’importance du sous emplois, c’est-à-dire des personnes prêtes à travailler plus mais obligés de travailler moins que la durée normal, la réalité se révèle encore plus sombre.

Plus préoccupant encore est l’importance du chômage parmi les diplômés universitaires. En 2001, leur taux de chômage avoisinait les 26%. Cette situation reflète à la fois une inadéquation entre l’offre et la demande de qualification et l’incapacité de l’appareil productif à créer de l’emploi.

En réalité la détérioration de la situation de l’emploi au Maroc remonte aux années 1970. La gravité de la situation économique a incité les autorités à passer d’une stratégie de développement basée sur la substitution aux importations à une stratégie basée sur l’ouverture commerciale et la libéralisation de l’économie à partir du milieu des années 1980. Le processus a reçu un coup d’accélérateur depuis les années 1990. Cette période de libéralisation a coïncidé avec une aggravation du problème du chômage. Mais les recherches menées à cet égard rejettent l’idée que l’ouverture commerciale, en elle-même, soit responsable des problèmes de l’emploi au Maroc. Il semble que l’effet de la libéralisation sur l’emploi pourrait être positif ou négatif en fonction d’un certain nombre d’autres facteurs comme le cycle économique, le fonctionnement du marché du travail, le progrès technique et la capacité des entreprises à s’adapter à leurs environnements.

Le rapport se concentre sur cette dernière question: le comportement des entreprises. Plus précisément, l’analyse examine dans quelle mesure les entreprises ayant investit en capital humain et physique ont été à même de préserver, ou même de créer, des emplois pendant un épisode libéralisation accélérée.

L’analyse part d’un modèle théorique décrivant le comportement de l’entreprise. La production de celle-ci est déterminée par le travail, le capital et le progrès technique selon une fonction Cobb-Douglas. Sous l’hypothèse de maximisation de profit et de marchés concurrentiels (l’entreprise n’a de prise ni sur les coût des facteurs ni sur le prix de l’output), les conditions de premier ordre donne la demande de travail de l’entreprise. Celle-ci dépend négativement du ratio salaire sur coût du capital et positivement de la demande sur le marché des biens et du progrès technique. Une originalité de l’approche adoptée dans cette étude est de considérer que le progrès n’est pas exogène mais dépend de la protection commerciale et de l’investissement de l’entreprise en capital physique et humain. ,

La demande de travail est estimée en combinant les données provenant du recensement des entreprises manufacturières effectué par le Ministère du Commerce et de l’Industrie et des données de l’enquête FACS (2000) réalisée par la Banque Mondiale et le gouvernement marocain.

L’analyse empirique examine l’impact de l’investissement en capital humain et physique par l’entreprise sur l’évolution de son emploi entre 2000 et 2001. L’investissement en capital humain est mesuré par le ratio entre le nombre de personnes-jours ayant bénéficié d’une formation et l’emploi total. L’investissement physique est mesuré par la part des machines et équipements âgés de moins de 5 ans dans le total du capital physique. Les autres variables explicatives sont la protection tarifaire par secteur, la demande sur le marché des biens et le ratio entre le salaire et le coût du capital. Compte tenu des valeurs manquantes, l’échantillon final compte 644 entreprises de différentes tailles.

Les résultats montrent que les entreprises qui adoptent la mise à niveau technologique (en particulier l’investissement en capital physique et humain) sont capables, non seulement, de préserver leur emploi mais même de l’augmenter significativement. Cette conclusion résiste aux différents tests de robustesse que ce soit en terme de variables explicatives additionnelles, de méthodes d’estimation ou de taille des entreprises. Il apparaît, toutefois, que si l’investissement en capital physique mène à plus de créations d’emplois indépendamment de la taille de l’entreprise, la formation des travailleurs n’a d’effets significatifs que dans les grandes entreprises. Ce dernier résultat implique la nécessité d’une sélectivité dans les mesures que le gouvernement pourrait offrir pour inciter les entreprises à adopter des mesures de mise à niveau technologique. Les mesures devraient viser à encourager les grandes entreprises à investir en capital physique et humain mais cibler l’investissement en capital physique pour les petites entreprises.