Financial Development, Economic Growth And Poverty Alleviation In Mena Region

FEM31-02 | Décembre 2008

Titre

« Financial Development, Economic Growth And Poverty Alleviation In Mena Region »

Par

Mondher CHERIF (ESC Sfax) et Samy BENNACEUR

Contributeurs

Yan BABESKI, Mohamed GOAIED, Magda Kandil, Iftekhar HASAN and Nidal SABRI

Note :

Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier de l'Union Européenne au travers du Femise. Le contenu du rapport relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l'opinion de l'Union Européenne.

Résumé :

Le projet comporte quatre parties. Dans la première partie, on étudie la développement du secteur financier dans les pays MENA en effectuant une analyse comparative avec les pays de l’Europe de l’Est. La deuxième partie concerne une analyse de la relation entre le développement financier et la croissance économique dans la région MENA en mettant en exergue les principaux facteurs qui déterminent le secteur financier dans 12 pays de la région considérée, sur la période 1960-2006. La troisième partie étudie l’impact du développement financier sur la croissance économique et sur la productivité totale des facteurs. La dernière partie focalise l’attention sur la relation entre le développement financier et la réduction de la pauvreté. Les principaux enseignements sont les suivants :

Première partie : Analyse comparative du développement du secteur financier dans la région MENA et en Europe de l’Est.

En retenant les principaux indicateurs de développement financier, les résultats indiquent que dans la dernière décennie, les pays de la région MENA ont pu asseoir un système financier plus développé en comparaison avec ceux de l’Europe de l’Est. Cependant, depuis 2004, on observe une tendance renversée si on retient les ratios des crédits domestiques du secteur bancaire ou les crédits domestiques adressés au secteur privé, exprimés en pourcentage du PIB. En retenant le spread des taux d’intérêt (the interest rate spread) comme indicateur de l’efficience du système financier, on observe que les pays de la région MENA disposent d’un système financier plus stable, même si les nouveaux pays européens entant dans l’Union Européenne (European Access countries) enregistrent, à partir de 2000, des gains en efficience.
L’analyse comparative du développement du secteur bancaire entre les deux régions souligne que les pays de la région MENA disposent d’un secteur bancaire plus développé. Ce constat est justifié par des valeurs plus élevées pour les principaux indicateurs de développent du secteur bancaire notamment les deposit money bank asset and bank deposit et les crédits au secteur privé  exprimés en pourcentage du PIB. Concernant l’efficacité du marché boursier, l’analyse descriptive indique que le marché boursier dans les pays de l’Est demeure de faible volume en comparaison aux pays de la région MENA. En 2006, la ratio de la capitalisation boursière sur le PIB est de 73% pour les pays de la région MENA contre seulement 25% pour les pays de l’Europe de l’Est.
Concernant le secteur des assurances, malgré l’évolution de son indicateur de développement, l’activité de l’industrie de l’assurance reste relativement limitée dans les deux régions.
Enfin, les pays de la région MENA disposent d’un environnement institutionnel moins développé en comparaison avec ceux des pays de l’Europe de l’Est puisqu’ils enregistrent des scores assez faibles concernant les décisions juridiques, la corruption et les droits de propriété.

Deuxième partie : Les déterminants du développement du secteur financier dans les pays de la région MENA.

Quatre indicateurs de développement financier ont été considérés dans cette étude : Les actifs liquides et les crédits au secteur privé en pourcentage du PIB ainsi que la taille du marché financier et sa profondeur. Parmi les déterminants du développement financier, on retient les fondamentaux macroéconomiques (croissance économique, inflation, épargne, investissement, ouverture économique et libéralisation financière), un indicateur de politique fiscale (dépenses gouvernementales) et des indicateurs mesurant la qualité institutionnelle
(Bureaucratie, corruption, etc.)

En général, la croissance économique, dans les pays de la région MENA, ne permet pas le développement de l’activité du secteur bancaire, mais favorise plutôt l’émergence du marché financier qui semble plus réactif et permet de créer des opportunités de diversification financière en face d’un système bancaire appelé à se développer davantage. Une autre différence significative entre le développement de l’activité bancaire et celle du marché financier concerne le rôle de l’inflation. En effet, les agents économiques appréhendent l’effet de l’inflation sur la valeur des actifs liquides dans le système bancaire. En revanche, ils sont à même de rechercher des opportunités plus risquées sur le marché financier en espérant percevoir des rendements potentiels comme arbitrage contre une inflation élevée. Dans le même ordre d’idée, l’investissement présente des effets contrastés sur le développement du secteur financier. A juste titre, un niveau élevé de l’investissement mobilise les ressources dans le secteur bancaire et a un effet positif sur les principaux indicateurs considérés. A contrario, la croissance de l’investissement détourne les ressources potentielles pour le développement du marché financier. Par ailleurs, l’ouverture commerciale présente un effet similaire favorable au développement du secteur financier dans ses divers composantes (secteur bancaire et marché financier).
En somme, l’ensemble des résultats souligne l’importance des fondamentaux macroéconomiques et des indicateurs de qualité institutionnelle dans la promotion du développement du système financier. En général, le secteur bancaire et non bancaire apparaissent comme étant complémentaires par rapport à leurs principaux déterminants. D’où l’intérêt de définir des mesures parallèles dans les deux secteurs en vue de maximiser la valeur ajoutée du développement financier sur l’activité économique.

Troisième Partie : L’impact du développement du secteur financier sur la croissance économique et sur la productivité totale des facteurs.

Cette partie examine l’impact du développement financier sur la croissance économique et sur la productivité totale des facteurs. Plusieurs techniques économétriques en panels ont été retenues pour contrôler les problèmes classiques d’hétérogénéité, de biais de simultanéité et de variables omises, en utilisant des données de fréquence annuelles et quinquennales. Des variables supplémentaires relatives aux marchés des capitaux ont été retenues. Par soucis d’homogénéité, l’estimation a porté sur un échantillon de pays non producteurs de pétrole de la région MENA. Les principaux résultats soulignent que le développement financier, mesuré principalement par le crédit au secteur privé rapporté au PIB, ralentit l’activité économique et la croissance de la productivité totale des facteurs. D’où la nécessité de mettre en place des réformes appropriées dans le secteur bancaire qui viseraient à renverser cette tendance. De surcroît, dans les pays retenus de la région MENA, le marché financier n’est pas encore assez développé, pour induire un effet positif sur la croissance économique et sur la productivité des facteurs. Enfin, des mesures économiques visant à lutter contre l’inflation et à développer l’ouverture commerciale permettent de booster l’activité économique et de réaliser des gains de productivité dans la région.

Quatrième Partie : L’impact du développement du secteur financier sur la réduction de la pauvreté dans la région MENA.

Tenant compte de l’information statistique disponible, principalement pour les indicateurs de pauvreté des pays de la région MENA, les résultats empiriques obtenus, à partir des techniques de panels dynamiques, ne permettent pas de souligner qu’un développement du secteur financier est propice à la réduction de la pauvreté.