Les recommandations du Femise pour atténuer les inégalités hommes-femmes au travail

La question de l’égalité des hommes et des femmes sur le marché du travail se pose avec acuité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pays marqués par le poids de la culture et des traditions séculaires. Dans une étude que vient de publier le Femise sur la discrimination au travail et les écarts de salaires, les économistes examinent la situation des femmes en Égypte et en Jordanie.

Davantage touchées par le chômage que les hommes, les femmes orientales se heurtent à des difficultés d’accès à l’emploi. Une fois plongées dans la vie active, elles font l’objet d’une discrimination au travail qui revêt des formes diverses. Outre les inégalités de rémunération, des différences notables se sont sentir y compris sur la structure et les parcours professionnels. Ces aspects interagissent, et génèrent des inégalités multiples, complexes avec l’exclusion pour corollaire. Ces constats viennent d’être mis en lumière par les chercheurs du Femise qui ont concentré leur étude sur les inégalités en l’Égypte et en Jordanie.

Intitulée « La féminisation des postes et son impact sur l’écart des salaires dans les pays du sud de la Méditerranée », l’étude FEM43-08 a été coordonnée par  Doaa Salman.  Professeure et directrice du département Économie à l’Université des sciences modernes et des arts d’Égypte (MSA), elle s’est entourée de Mona Said, professeur et directrice du département d’économie à l’université Américaine du Caire (AUC) et de Vassilis Monastiriodis, professeur associé à London School of Economics (LSE).

A peine un quart de femmes actives en Égypte

« A niveau d’études équivalent, les employeurs recrutent des hommes par crainte des absences répétées et des congés maternité. A compétences égales, les femmes rencontrent de grandes difficultés à progresser dans la hiérarchie.

Dans ces deux pays, la participation des femmes au marché du travail reste très faible, 25% en Égypte et 20% en Jordanie », écrivent les auteurs du rapport, en précisant que ce taux a progressé depuis les années 90. A l’époque, seulement 15% des femmes travaillaient. En outre, l’écart salarial brut s’élevait à environ 21,5% en 2012 en Égypte et à 39,4% en Jordanie.

Cette pénalité salariale provient exclusivement de facteurs externes au marché du travail. L’étude démontre qu’en Égypte l’écart de salaire pouvait grimer  jusqu’à 48% pour le même poste.  Dans ces pays, le secteur public, caractérisé par un nombre élevé de fonctionnaires, constitue un avantage significatif pour les femmes à la fois en terme d’emploi et de salaire. Les deux pays, en queue du classement de l’indice d’inégalité du genre, présentent de nombreuses similitudes et se caractérisent par une surreprésentation des femmes dans l’économie informelle, dans le secteur agricole et dans l’administration.

Cette féminisation des professions tend à accroître l’écart salarial avec un effet pervers puisqu’il les décourage à postuler. La discrimination, dont les racines résident dans « l’analyse marxistes de l’exploitation » et de la segmentation des tâches, s’explique également par le poids des traditions culturelles, religieuses et sociétales.

Le Femise préconise de « s’attaquer aux barrières culturelles et sociétales » et invite les pays à développer des politiques « en faveur d’une participation accrue des femmes au marché du travail », citant des exemples concrets comme la généralisation des gardes d’enfants et le maintien des salaires lors des congés maternité.

Lire le rapport FEM43-08 dans son intégralité

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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