Article6: Nexus Eau-Énergie-Alimentation en Méditerranée, une feuille de route se dessine

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Confrontés à une bombe à retardement climatique, les pays méditerranéens sont les premiers exposés face aux conséquences du dérèglement du climat sur la santé, sur la sécurité alimentaire. Depuis plusieurs mois maintenant, le Femise, qui prône une approche intégrée dans les secteurs Eau-Énergie-Alimentation (EEA) dans les pays de la Méditerranée, voit ses recommandations validées dans le cadre d’une consultation publique. Au-delà de la stratégie des petits pas de chaque État, une vraie feuille de route se dessine à l’échelle régionale impliquant les pays du Sud de l’Europe et de la Méditerranée. A la clé de cette innovation, l’espoir de créer des emplois et de la richesse.

Après plusieurs mois d’analyses des impacts du changement climatique dans les pays méditerranéens et de mise en valeur des bonnes pratiques de chaque État en matière de production d’énergies renouvelables, de préservation et de recyclage de la ressource en eau, le Femise a publié, en septembre 2023, le troisième volet de la série de policy briefs produits dans le cadre du projet WEF-CAP (Technology Transfer and Capitalization of Water Energy Food Nexus[1]) intitulé « Transfert de technologie et capitalisation du Nexus eau-énergie-alimentation: Évaluation des meilleures pratiques à reproduire dans la région méditerranéenne ». Ce policy brief contient une série de recommandations à l’attention des gouvernements dont les principales orientations ont été validées par une consultation publique menée en mars 2023 auprès des Universités, ONG, thinks tanks, institutions, administrations PME, ETI, multinationales des pays de la rive sud (Tunisie, Égypte…). 

Ces lignes directrices ressemblent à la construction d’une feuille de route collective pour lutter contre les impacts du changement climatique. Ce policy brief comprend dix recommandations à l’échelle nationale et six portant sur la coopération à l’échelle régionale. Principal enseignement de ce sondage auprès de 98 répondants, l’approche intégrée dans les secteurs Eau-Énergie-Alimentation (EEA) a reçu un consensus favorable.

Un aperçu des conclusions recueillies à travers cette consultation publique

Le Femise invite ainsi, à travers son analyse des contributions des répondants recueillies dans le cadre de cette consultation publique, les gouvernements des pays méditerranéens à renforcer le cadre juridique et institutionnel pour la mise en œuvre d’une approche intégrée du Nexus Eau-Énergie-Alimentation qui passe par l’allocation d’un budget dédié par les gouvernements.

Le policy brief préconise d’agir en faveur de la protection de la biodiversité tout en incluant des mesures d’atténuation dans les stratégies nationales (restrictions sur les combustibles, incitation à l’innovation à faibles émissions CO2). Le Femise invite les pays à déployer un programme d’information auprès du grand public pour le sensibiliser à ces évolutions majeures afin de changer les comportements, adopter de nouveaux modèles de consommation. Il est nécessaire de concevoir un programme pédagogique destiné à former les nouvelles générations tout en favorisant la transparence vis-à-vis du public en communiquant les données sur les risques climatiques et en valorisant les connaissances scientifiques. Le Femise invite à renforcer l’engagement des parties prenantes, y compris les communautés locales, pour des solutions inclusives

A l’échelle régionale, le Femise préconise d’inclure des mesures d’atténuation du changement climatique dans les accords régionaux tout en impliquant les organisations internationales dans le financement, l’assistance technique et la coordination. Il encourage la participation des jeunes et prône une meilleure communication entre les pays.

Cette approche collaborative et intégrée dans les secteurs Eau-Énergie-Alimentation (EEA) dans les pays de la Méditerranée vont de pair avec un nouveau cadre de travail et une gouvernance dédiée pour relever le défi du changement climatique en adoptant des mesures d’urgence à court terme et décider des orientations à moyen et long terme. Des initiatives très pragmatiques allant de la lutte contre les fuites d’eau, l’augmentation des rendements des terres agricoles, à l’élaboration d’une stratégie d’investissements dans les énergies renouvelables, les unités de désalinisation, le recyclage des eaux usées… Le renforcement de l’innovation passera par un transfert de compétences, la création de nouveaux emplois et surtout une ressource mieux maîtrisée dans les pays de la Méditerranée.

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[1] Transfert de technologie et capitalisation du Nexus Eau-Énergie-Alimentation