​Aider les Pme marocaines à s’inscrire dans les chaînes de valeurs mondiales

© F. Dubessy

Le mouvement de relocalisation de la production d’Asie vers les pays méditerranéens amorcé en 2017 se poursuit. Dans ce sens, au même titre que l’Espagne ou les pays de l’Est, le Maroc a une carte à jouer de par la proximité des bassins de consommation européens et de par l’importance des connexions maritimes. Cependant, en dépit des réformes engagées par le royaume Chérifien et des investissements dans les infrastructures, la croissance du pays demeure insuffisante.

Faut-il le rappeler, Tanger est avant tout un hub de transbordement des flux Est-Ouest et Nord-Sud. Le taux de chômage reste à un niveau élevé et la dynamique des exportations insuffisante. Les chercheurs du Femise ont analysé en profondeur l’économie marocaine. Ils ont identifié cinq leviers d’action qu’ils détaillent dans un rapport intitulé « Identification des obstacles à l’intégration des PME marocaines aux chaînes de valeur »*.

Agir sur la logistique, le financement des entreprises, la connaissance des marchés, intervenir sur  les ressources humaines et stimuler l’innovation… Au terme d’un long travail de recherche, d’enquête auprès des entreprises, universitaires et des fédérations professionnelles marocaines, le Femise a publié en septembre 2019 un rapport visant à placer les PME marocaines dans la course, à les positionner au cœur de la chaîne de valeur. « Malgré des politiques sectorielles actives et un certain nombre de réformes, la dynamique des exportations marocaines, demeure insuffisante au regard des efforts déployés. Alors que les PME représentent 95% des entreprises marocaines, environ 40% du PIB, 46% de l’emploi total elles ne comptent que pour seulement 31% des exportations.

L’objectif de ce rapport consiste à identifier les obstacles à l’amélioration de l’environnement des affaires et à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines. L’accélération des exportations ne passera donc que par un accroissement de l’intégration des entreprises marocaines exportatrices au sein de ces chaînes de valeur mondiales  », souligne le Femise.

Repenser la logistique, stimuler l’innovation et la formation

Le document d’une cinquantaine de pages suggère ainsi quelques pistes aux politiques publiques au premier rang desquelles figure la logistique. Si des efforts ont été engagés avec la création de l’agence  marocaine pour la logistique et avec l’extension de Tanger Med, il n’en demeure pas moins que les Pme n’ont pas accès aux plates-formes logistiques à la fois en raison de leur coût et de leur éloignement.  Le Femise suggère ainsi de regrouper les pme sur des zones spécifiques  de manière à ce qu’elles bénéficient de la massification des flux.

Autre piste envisagée par le Femise, l’accès aux financements internationaux qui pourrait être facilité avec la création d’une banque publique spécialisée dans le sillage des établissements nationaux Bpifrance ou Eximbank.

Puisque 80% des échanges mondiaux sont réalisés entre les entreprises dans le cadre de ces réseaux internationaux de production, l’intégration dans une chaîne de valeur passe par une connaissance des marchés à travers l’appui des Conseillers économiques ou la présence accrue sur des salons. L’objectif étant selon le Femise de privilégier une approche construite.

L’innovation constitue également un facteur différenciant sur des marchés concurrentiels. Raison pour laquelle le rapport incite à développer les partenariats avec les universités et à stimuler les courants d’affaires pour attirer les investissements directs étrangers. Miser sur le capital humain constitue également un atout pour les entreprises marocaines selon le Femise.

(*) Le rapport a été coordonné par: Patricia AUGIER (Présidente du Comité Scientifique du FEMISE et de l’Institut de la Méditerranée), Vincent CASTEL (Economiste pays en chef – Maroc à la Banque africaine de développement – BAD) et Tarik EL MALKI (Professeur de Management et de Responsabilité Sociale et des Entreprises à l’ISCAE). Il a bénéficié de contributions de : Mohammed Amine HANIN (Auditeur financier chez EY), Maryse LOUIS (Déléguée Générale de FEMISE), Josef PERERA (Economiste politique et chercheur FEMISE), Constantin TSAKAS (Secrétaire Général du FEMISE et Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée) et Jocelyn VENTURA (Economiste politique à l’Institut de la Méditerranée / FEMISE). Il est disponible en cliquant  ici.

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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Ce rapport a été élaboré avec le soutien financier de l’Union Européenne à travers le projet FEMISEsur “ Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership ”. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des auteurs