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COP23 et changement climatique en Méditerranée : l’Institut de la Méditerranée et FEMISE se positionnent comme acteurs académiques incontournables

En Méditerranée les conséquences des changements climatiques seront toujours plus fortes qu’ailleurs. La réduction des émissions de gaz à effet de serre et la prise en compte des besoins en adaptation des pays riverains sont plus que jamais des nécessités.

Acteurs engagés dans la mise en œuvre du développement durable dans l’espace euro-méditerranéen, l’Institut de la Méditerranée et le FEMISE collaborent depuis deux ans avec l’Association ENERGIES 2050 sur des thématiques liées aux questions climatiques, environnementales et énergétiques. Dans le cadre de leur partenariat, ces trois associations réalisent un rapport, actualisé sur base annuelle, qui porte sur les enjeux climatiques en Méditerranée, mettant en perspective les réalités économiques des pays de la rive Sud et suggérant des pistes d’action et des recommandations politiques. L’édition 2016, sous la direction d’ENERGIES2050, a été présentée dans le cadre de la COP22 à Marrakech (disponible au téléchargement ici). Une version préliminaire (draft) de la prochaine édition (2017/18), co-écrite par les trois partenaires, sera présentée à la COP23 (Bonn, 9 Novembre 2017) lors d’un atelier commun afin d’y intégrer ultérieurement les échanges avec les acteurs présents. La totalité du programme d’activités ENERGIES 2050 à la COP23 de Bonn, incluant l’atelier commun avec l’Institut de la Méditerranée et FEMISE, est disponible en cliquant ici.

Délégué général de l’Institut de la Méditerranée et secrétaire général du FEMISE, le Dr. Constantin Tsakas offre un aperçu des pistes de réflexions pour l’avenir.

Quelle sera la plus-value de cette édition 2017 du rapport Climat par rapport à la précédente ?

Cette édition explorera davantage les progrès effectués par les pays partenaires du Sud de la Méditerranée (PM) pour faire face aux menaces du changement climatique. Plus précisément, ce nouveau rapport permettra de les positionner vis-à-vis de l’Accord de Paris.

Comme vous le savez, ce dernier engage tous les signataires à contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », à atteindre la neutralité carbone, à coopérer dans le renforcement d’une « éducation au changement climatique »… Son caractère ouvert et évolutif permet de renforcer les engagements pour atténuer les effets du changement climatique au fil du temps. L’édition 2017 du rapport permettra donc d’évaluer un peu mieux la cohérence des actions d’atténuation et d’adaptation passées et présentes des PM.

Les PM sont-ils bien placés sur l’échelle internationale en ce qui concerne leurs efforts d’atténuation et d’adaptation ?

Dr. Constantin Tsakas, Délégué général de l’IM et secrétaire général du FEMISE

Des pays comme le Maroc sont nettement en avance en termes de politiques et d’actions. Le Maroc a été l’un des premiers pays de la région à signer et ratifier l’Accord de Paris. Mais même avant cette date, ce pays avait déjà mis en place des lois sur la protection et la conservation de l’environnement, sur la lutte contre la pollution atmosphérique et sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement. En outre, en 2008 le gouvernement avait mis en œuvre le «Plan Vert pour le Maroc» qui représentait une politique de long terme (2008-2020) axée sur la durabilité du secteur agricole. D’autres pays comme la Tunisie, sont plus en retard mais semblent faire preuve d’une certaine volonté d’aller de l’avant. Avant de ratifier l’Accord de Paris (Mars 2017), le gouvernement tunisien avait pris des initiatives pour limiter les effets du changement climatique sur le plan niveau national. En termes de législation, la Tunisie était l’un des rares pays à reconnaître le changement climatique dans sa Constitution.

Cela dit, nombreux sont les pays qui semblent se réformer principalement sur papier ou qui sont confrontés à des réticences liées aux intérêts économiques déjà établis. L’Accord de Paris et les lois sur la protection de l’environnement sont souvent perçus comme des obstacles à l’activité économique et les régimes politiques hésitent à adopter des réformes pro-environnementales. De façon générale, on note une nette différence entre ce qui a été convenu et les résultats obtenus. On note par ailleurs une faible coopération entre les pays méditerranéens lors des grands sommets, ce qui signifie que même s’il existe parfois des initiatives nationales elles sont condamnées à ne pas se traduire par une réponse régionale de taille.

Justement, comment remédier au manque de coordination de PM en matière de politique environnementale ?

Plusieurs programmes et institutions œuvrant en Méditerranée existent pour les aider dans le processus de mise en œuvre des politiques d’atténuation et de sensibilisation au changement climatique. L’Union pour la Méditerranée offre une vision générale pour un développement à faible émission de carbone. La Convention des Nations Unies pour la protection du milieu marin et des régions côtières de la Méditerranée (Convention de Barcelone) fournit un cadre juridique et institutionnel indispensable à une action concertée entre les pays MED. Des réseaux méditerranéens d’experts (FEMISE, MedECC, ANIMA, Plan Bleu) peuvent également être mobilisés comme passerelles entre la communauté scientifique et les décideurs politiques des PM car ils ont un grand potentiel de diffusion d’études politiquement pertinentes. Enfin, des Fonds sont actifs dans la région et peuvent soutenir de manière significative la mise en place de projets climatiques.

Que souhaitez-vous accomplir avec la présence de l’Institut de la Méditerranée et du FEMISE lors de la COP23 ?

La présence de l’Institut de la Méditerranée et du FEMISE lors de la COP23, grâce au partenariat avec ENERGIES 2050, nous permettra d’échanger avec les acteurs de la société civile, les représentants des secteurs public et privé et les experts territoriaux présents à cet évènement. Ces échanges entre académiques, opérationnels et opérateurs de tous genres permettront d’obtenir des retours sur les opportunités exceptionnelles que l’environnement présente en termes de croissance, d’investissement, de création d’emplois et de cohésion sociale. Les débats enrichiront le rapport que nous co-publierons avec notre partenaire ENERGIES 2050.

Suite à la COP23, l’édition 2017-2018 du rapport « Les défis du changement climatique dans une Méditerranée en transition – De l’accord de Paris au défi de la mise en œuvre » sera ainsi finalisée pour être ensuite présentée lors d’un évènement de lancement organisée par l’Institut de la Méditerranée en partenariat avec ENERGIES 2050 et FEMISE (Marseille, fin premier trimestre 2018). Là aussi, une discussion autour des conclusions du rapport avec les acteurs territoriaux à Marseille leur permettra de communiquer autour de leurs politiques environnementales. Certaines de leurs recommandations pourront ensuite être illustrées dans le cadre de l’édition 2019 dans un processus qui reste avant tout évolutif. L’atelier de Marseille illustrera aussi la dynamique engendrée par nos trois associations et présentera les dernières recherches de nos réseaux respectifs sur les questions climatiques.

Propos recueillis par FEMISE Staff

L’Ecodéveloppement dans le cadre du Partenariat Euro-méditerranéen Application au Littoral d’Algérie et du Maroc

Cette recherche a pour thème « L’Ecodéveloppement dans le cadre du Partenariat Euro-méditerranéen : Application au Littoral d’Algérie et du Maroc ». Elle s’appuie sur l’observation de la réalité économique et environnementale : d’une part les politiques économiques en cours ne réalisent que peu leurs objectifs proclamés de croissance et de développement.  Depuis 2000, le taux de croissance économique pour chacun de ces pays, n’a pas dépassé les 3 à 3,5 %. Il n’atteint qu’incidemment 4 % certaines rares années exceptionnelles, alors que plusieurs chercheurs  avancent un taux moyen de 7% par an sur une période d’au moins cinq années successives, pour espérer stabiliser la pauvreté et créer suffisamment d’emplois.  Cependant, les impacts des échecs de la croissance ne sont pas seulement économiques. Ils sont aussi environnementaux, car les  systèmes économiques en place, avec leurs crises et leurs limites et les spécificités propres à chaque pays, n’accordent qu’une faible attention à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles. Les dommages environnementaux s’accumulent et se poursuivent, menaçant l’existence même d’une part de ces ressources, sous leurs diverses formes, comme en témoigne la situation de leurs territoires littoraux. De l’autre, ces politiques se sont insérées dans des accords de partenariat avec l’Union Européenne, depuis 2000  pour le Maroc et 2005  pour l’Algérie, sans que les retombées de leurs applications, en termes de croissance économique, ne se vérifient de manière significative, au contraire des objectifs attendus.
Comment repenser une autre politique économique, impulsant la croissance interne en préservant l’environnement, dans le cadre d’accords de partenariat plus équitable avec l’U.E. ? Cette autre politique, alternative au modèle économique en cours, peut-elle être tracée dans ses grandes lignes macro-économiques, en vue d’orienter les systèmes économiques en place vers l’écodéveloppement ? Cette alternative doit selon nous, s’élargir aux aspects non strictement économiques (tels que les aspects liés à la localisation territoriale des concentrations urbaines et des activités économiques).
Ces aspects relevant de l’intégration de la notion de « territoire » et de la définition d’une politique d’aménagement de ce dernier, surdéterminent les résultats de la croissance, en particulier en matière d’impacts environnementaux et des coûts qu’ils induisent.
Ce rapport est le résultat d’une recherche multiple qui a nécessité plusieurs mois de travail, mobilisant différents chercheurs, bien qu’avec des intensités différentes en termes d’efforts. Cette mobilisation a eu lieu en trois sites (Annaba, Alger, Casablanca)  et deux pays différents (Algérie et Maroc), nonobstant les difficultés de tous ordres auxquelles ce travail a dû faire face,  et dont celles relevant des contacts avec diverses parties, et celles concernant les collectes de données,  ne sont pas des moindres.
Nous précisons en premier lieu le cadre théorique ainsi que les principales questions auxquelles nous essayons de trouver des réponses objectives. Nous présentons ensuite les territoires littoraux des deux pays, en adéquation avec le thème principal de ce travail. Cette présentation éclaire les champs de l’analyse sur l’opportunité d’un modèle d’écodéveloppement pour ces territoires, dans le cadre du partenariat qui lie ces pays avec l’Union Européenne. Nous tentons enfin de nous interroger sur les résultats économiques et sociaux de leurs accords respectifs avec l’Union Européenne, en vue de pouvoir souligner l’impulsion que produira un modèle d’écodéveloppement négocié jusqu’ici entre chacun de ces pays et l’U.E. Ce thème de recherche ne vise pas à soulever une problématique globale des dommages environnementaux qui touchent le monde dans son ensemble, comme le montre l’exemple du changement climatique et de ses effets. Il s’agit plus modestement de s’intéresser à une problématique spécifique de ces dommages, impactant les territoires littoraux de deux économies en développement partageant une frontière terrestre commune.
Cette recherche, la première à notre connaissance sur ce thème appliqué aux territoires littoraux des pays Sud Méditerranéens, vise à montrer par une analyse économique et environnementale, la pertinence de l’opportunité économique, environnementale et sociale d’une alternative visant la transition vers l’écodéveloppement pour ces territoires vulnérables et les deux pays étudiés.