Vers la création d’un Comité du Nexus Eau-Énergie-Alimentation en Tunisie

 

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Engagé dans le projet WEF-CAP (Technology Transfer and Capitalization of Water Energy Food Nexus[1]), le Femise analyse les impacts du changement climatique en Méditerranée et émet une série de recommandations pour optimiser les ressources. Dans le troisième volet de la série de livres blancs produits dans le cadre du projet, intitulé

« Vers une gouvernance du Nexus Eau-Énergie-Alimentation en Tunisie face aux insécurités », le Forum préconise la création d’un comité, favorisant la conduite d’une approche intégrée dans les secteurs Eau-Énergie-Alimentation (EEA).

«La coopération entre les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation est indispensable en Tunisie au regard des enjeux sur l’environnement et la tension sur les ressources», expliquent Olfa Sebai, ingénieur principal à l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE)aux côtés de Maryse Louis et Sophie Dahdouh, expertes des enjeux socio-économiques méditerranéens au sein du Femise et auteures du livre blanc.

Des mesures très concrètes

Le dernier volet du triptyque préconise la création d’un Comité du Nexus Eau-Énergie-Alimentation sous la tutelle de l’Agence nationale de la protection de l’environnement. Ce Comité alimentera en propositions concrètes la stratégie de Résilience de la Tunisie en 2030. Cette instance de gouvernance aura de multiples vocations : veiller à l’introduction de bonnes pratiques dans le secteur agricole, améliorer l’efficacité de la production hydro électrique et la gestion du système d’adduction d’eau en détectant et réparant les fuites. L’enjeu porte également sur la production de biogaz, l’emploi de la biomasse dans les cultures pour la cogénération et le chauffage. Ce Comité aura pour ambition de stimuler l’innovation, la R&D à travers la création d’une plate-forme dédiée et la tenue d’événements propres à stimuler les bonnes pratiques et à impulser des nouveaux partenariats.

Pilotage intelligent du réseau de la Sonede

Le Femise préconise également le recours à la désalinisation et au recyclage des eaux usées, invite à la promotion de nouvelles techniques de désalinisation et prône l’introduction d’un nouveau pilotage intelligent des ressources et du réseau d’eau de la Sonede, société nationale chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau en Tunisie.

Augmenter la part des énergies renouvelables

Le Femise invite le pays à conduire une politique rationnelle durable et productive tout en développant un programme de développement des énergies renouvelables. « La Tunisie doit élaborer un cadre légal et financier innovant pour améliorer la productivité tout en réduisant la consommation énergétique et accélérer le développement des énergies renouvelables. Le pays ambitionne d’atteindre 50% d’autonomie énergétique à horizon 2040.

Un renforcement du cadre légal sur la conservation des ressources en eau et une intensification de la coopération transfrontalière sur la gestion durable des ressources hydriques souterraines sont indispensables. La Tunisie doit également resserrer le management de la demande en eau et mettre en place des plans d’économie», soulignent encore les auteures du livre blanc.

Selon le Femise, les synergies sont indispensables et l’implication des acteurs locaux, du secteur privé et des investisseurs s’avère nécessaire pour parvenir à élaborer des politiques adaptées.

La Tunisie est confrontée à l’augmentation progressive des températures et une chute des précipitations entraînant une aridité croissante des terres et une dégradation de la qualité des sols. 16 000 ha de terres pourraient devenir impropres à la culture en 2030 et 38 000 ha en 2050. Corollaire inquiétant : la chute prévisionnelle de 30% et de 32% de la production de céréales et d’olives.

[1] Transfert de technologie et capitalisation du Nexus Eau-Énergie-Alimentation