Policy Brief 8: Au-delà de l’intégration : Comment la capacité d’absorption façonne les résultats sociaux dans les chaînes de valeur mondiales euro-méditerranéennes

FEMISE a le plaisir de lancer sa nouvelle série de Policy Briefs, issues de documents de recherche approfondis présentés lors des conférences annuelles du FEMISE. Ces Briefs s’appuient sur la recherche scientifique et proposent des recommandations politiques concrètes pour relever les défis critiques de la région euro-méditerranéenne.

L’objectif de cette nouvelle série de Policy Briefs est de fournir aux décideurs politiques, aux organisateurs internationaux, aux chercheurs et aux parties prenantes de la région UE-Med, des recommandations politiques fondées sur la recherche qui : prônent une meilleure intégration UE-Med ; favorisent la mobilisation des investissements envers la transition verte et les économies durables ; autonomisent les jeunes grâce à l’innovation et au plaidoyer en faveur de l’entrepreneuriat ; et facilitent une intégration meilleure et plus égalitaire des jeunes et des femmes, dans le but de créer des voies vers un emploi décent.

Ces Policy Briefs aspirent à susciter un dialogue et une action efficaces dans toute la région UE-Med.

Contexte

Dans la région euro-méditerranéenne, l’intégration aux chaînes de valeur mondiales (CVM) est depuis longtemps perçue comme un levier de croissance économique, de création d’emplois et de modernisation industrielle. Cependant, les retombées sociales de cette intégration restent inégales, voire décevantes — notamment pour les travailleurs peu qualifiés dans les pays du Sud méditerranéen. Si les CVM peuvent stimuler l’efficacité et la compétitivité, elles ne garantissent pas automatiquement de meilleures conditions de travail, une réduction de la pauvreté ou un accès équitable à l’emploi.

Cette note de politique aborde une question essentielle encore trop peu explorée : pourquoi certains pays tirent-ils davantage de bénéfices sociaux de leur participation aux CVM que d’autres ? Elle avance que la capacité d’absorption — c’est-à-dire la capacité d’un pays à mobiliser l’innovation, à aligner ses systèmes éducatifs avec les besoins du marché, et à garantir une bonne gouvernance — est un facteur clé pour faire de l’intégration mondiale un vecteur de progrès social. Face à la montée du chômage et de la pauvreté laborieuse dans plusieurs pays de la région, les conclusions de cette note offrent des pistes concrètes pour des politiques publiques plus inclusives et efficaces.

Résumé

Ce rapport examine comment les pays de la région euro-méditerranéenne peuvent transformer leur participation aux chaînes de valeur mondiales en progrès social tangible. À partir de données couvrant 63 pays entre 2010 et 2020, l’étude évalue les résultats en matière de travail — notamment l’emploi, les droits des travailleurs et la pauvreté laborieuse — à travers le prisme de la capacité d’absorption de chaque pays. Elle montre que, bien que la participation aux CVM puisse améliorer les conditions de travail, ses effets positifs ne sont ni automatiques ni équitablement répartis.

Les pays disposant d’institutions solides et investissant dans la recherche et le développement (R&D) ont plus de chances d’améliorer les droits sociaux et de réduire la pauvreté. En revanche, une innovation mal accompagnée — en particulier lorsqu’elle n’est pas alignée avec les compétences disponibles — peut aggraver le chômage, notamment dans les secteurs sensibles à l’automatisation ou à la délocalisation. La note souligne également que les pays du Sud méditerranéen restent cantonnés aux segments à faible valeur ajoutée des CVM, avec un accès limité aux industries technologiques ou de services.

Pour éviter un creusement des inégalités, la note recommande des réformes ciblées : des programmes de formation professionnelle adaptés à la demande, un renforcement de la protection des travailleurs, et une coopération régionale accrue. Elle appelle également à combler le fossé Nord-Sud à travers des partenariats industriels, le transfert de technologies et la création de pôles d’innovation régionaux. En somme, elle plaide pour des politiques inclusives qui permettent à l’intégration mondiale de bénéficier à toutes et à tous — en particulier aux segments les plus vulnérables de la population active.

Lire le Policy Brief complet ici 

Ce Policy Brief fait partie de la série de Policy Briefs du FEMISE et est basé sur le document de conférence du FEMISE no.12  intitulé : «Chaînes de valeur mondiales (CVM) et amélioration sociale : le rôle de la capacité d’absorption des pays – Le cas euro-méditerranéen» par les même auteurs.

Les opinions et le contenu de ce document relèvent de la seule responsabilité des auteurs et ne peuvent en aucun cas être considérés comme reflétant la position du FEMISE, de l’IEMED, de l’ERF ou de l’AECID