Résumé :

Résumé
Les estimations officielles des inégalités de revenu en Égypte, dérivées des enquêtes auprès des ménages, sont rares et dispersées, mais elles indiquent de façon constante un faible niveau d’inégalités ou une tendance à la baisse au cours des dernières décennies. Cela contredit la perception populaire d’une hausse des inégalités, qui a sans doute alimenté le Printemps arabe. Cette contradiction est désignée dans la littérature récente comme le « paradoxe des inégalités arabes ».
Cet article revisite ce paradoxe en mesurant les inégalités économiques régionales entre les provinces égyptiennes de 1992 à 2022, à partir du produit réel par habitant. Il montre que les inégalités régionales en Égypte sont élevées et qu’elles se sont accrues depuis le milieu des années 1990. L’étude fournit des preuves qu’un déclin observé ces dernières années est principalement dû à des chocs, notamment le programme d’ajustement structurel lancé en 2016. Ce déclin a été de courte durée et résulte d’une baisse conjoncturelle du produit par habitant dans les provinces les plus riches, plutôt que d’une accélération de la croissance et d’une convergence des provinces les plus pauvres. Étant donné que la pauvreté et la richesse sont souvent spatialement concentrées, l’étude soutient que les inégalités économiques régionales, bien que distinctes des inégalités de revenu individuel, peuvent servir de proxy pertinent pour appréhender la dynamique générale des inégalités en Égypte.

