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La jeunesse, clé de la Méditerranée

diplomés d'Euromed Management MarrakechYusuf Kocoglu, Maître de Conférences au Laboratoire d’économie appliquée au développement (LEAD), à l’Université du Sud Toulon-Var a contribué à la rédaction du rapport annuel 2011 sur le partenariat Euro-Méditerranéen du Femise. Dans le document intitulé « Une nouvelle région méditerranéenne : vers la réalisation d’une transition fondamentale », il analyse les difficultés de l’emploi des jeunes dans les pays du bassin Méditerranéen.

Quelle place occupent les jeunes dans la société dans les pays de la région MENA ?

Pas très importante comparée à leur poids démographique. Les pays MENA ont une structure sociale très patriarcale qui laisse peu de place aux nouvelles générations. La progression sociale y est lente (hormis quelques passes droits). Les dirigeants ont néanmoins compris à la suite des mouvements du printemps arabe qu’il était nécessaire de donner plus de place, sur le plan économique, mais aussi politique à la jeunesse.

La révolution provenant de la jeunesse, pensez-vous qu’ils aient une place dans les gouvernances qui sont en train de se mettre en place peu à peu dans les différents pays du bassin Méditerranéen ?

Il semble très difficile de dire quelle place va occuper la jeunesse qui a été le moteur de ces révoltes. Les élections en Tunisie n’ont pas débouché sur un bouleversement radical pour la jeunesse hormis quelques postes pour les meneurs. Les mouvements actuels en Égypte montrent que le changement a du mal à se faire. Un premier pas a néanmoins été effectué au Maroc avec une participation importante des jeunes aux élections du 25 novembre (un quart des candidats a moins de 35 ans) et l’entrée prévue par quotas au parlement des moins de 40 ans.

Repenser le système de formation à l’université

Quelles sont les pistes pour réduire le chômage chez les 20-25 ans et en particulier l’exclusion sociale des diplômés ?

Comme indiqué dans le rapport annuel du Femise, cette question nécessite des mesures systémiques et de longs termes. Il faut revoir à la fois le système productif pour monter en gamme dans la chaine de production et ainsi susciter une demande de travailleur plus qualifiés. Car l’un des problèmes majeurs de ces pays reste la faible demande d’emplois qualifiés par le secteur privé. Il faut également repenser le système de formation à l’université pour l’orienter plus vers les besoins des entreprises, valoriser les formations courtes et professionnelles, revoir le système de financement des micro-entreprises, etc.

S’agissant des non qualifiés vous évoquez dans le rapport annuel l’école de la deuxième chance. Quel en serait le principe ?

Les jeunes qui quittent le système de formation sans diplôme connaissent d’importantes difficultés d’insertion. Les écoles de la deuxième chance dont le concept a été proposé dans le Livre blanc européen « Enseigner et apprendre, vers la société cognitive » ciblent ces jeunes adultes sortis du système scolaire sans diplôme.

Il s’agit, à travers un espace commun regroupant un pôle de formation, un pôle d’entreprises et pôle social, de permettre à ces jeunes de se remettre à niveau sur les connaissances de base de la scolarité obligatoire et de les aider à développer un projet professionnel correspondant à leurs capacités. Les entreprises partenaires leur offrent des expériences via des stages ou des formations en alternance et le pôle social gère leurs problèmes sociaux. En France 30 écoles fonctionnent sur 100 sites avec 60% de succès en recherches d’emplois et reprises de formations qualifiantes.

Quelle est votre analyse des systèmes éducatifs et universitaires ? Vous semblent-t-ils inadaptés aux besoins des entreprises ?

Le système universitaire en particulier est resté trop figé et n’a pas suivi l’évolution rapide de l’environnement économique des pays MENA. La massification des formations universitaires ne pouvait plus cadrer avec le modèle qui formait des fonctionnaires d’État, en particulier depuis la décennie 1990 et l’instauration de politiques publiques visant à réduire ou du moins contrôler le poids du secteur public dans l’économie. La qualité de la formation universitaire est également un enjeu important dans la mesure où les chefs d’entreprises n’accordent que peu de crédit à la valeur des diplômes universitaires.

La jeunesse n’a-t-elle pas un rôle central dans le cadre de l’économie de la connaissance ?

Nous voulions justement souligner avec ce rapport Femise le rôle primordial de la jeunesse pour accéder à l’économie de la connaissance et faire monter en gamme la production nationale. Cependant, il faut que cette jeunesse soit convaincue que faire des études débouchera bien sur un emploi de qualité avec des perspectives d’évolution positives. La politique doit rendre crédible cette perspective en favorisant l’insertion des jeunes diplômés et nous retombons sur les questions relatives aux développements des secteurs à forte valeur ajoutée.

Pourriez-vous nous dire quelques mots du cas de la Turquie ?

Il s’agit d’un cas un peu à part dans la mesure où la production économique est plus diversifiée que dans les pays du sud de la méditerranée avec des secteurs dynamiques qui emploient des cadres moyens.

De plus, le système éducatif est jalonné de sélections. Dès la sortie du collège, les élèves passent des tests dont les résultats vont leur donner ou non l’accès aux lycées les plus prestigieux. Il en va de même pour l’entrée à l’université.

La sélection ainsi opérée limite le problème d’orientation massive dans quelques filières comme dans les pays du Maghreb par exemple. En revanche, le système turc produit d’importantes inégalités dans l’accès à l’éducation, les jeunes qui réussissent le mieux sont issus des familles les plus riches qui ont notamment pu financer des cours complémentaires privés.

Télécharger le rapport annuel du FEMISE

Photo Econostrum-MPV

Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2011, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle»  du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante:www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par: http://www.econostrum.info/subscription/

Rapport Euromed 2011: Les Pays Méditerranéens au Seuil d’une Transition Fondamentale

Femise 2011 Euromed ReportLe FEMISE vient de publier son dernier rapport annuel sur le Partenariat euroméditerranéen et la situation des pays méditerranéens. Il est cette année consacré à la transition fondamentale dans laquelle la région méditerranéenne vient d’entrer.

Cette question est au centre de la première partie du rapport, organisée en 4 chapitres : (i) Le premier chapitre est destiné à offrir un panorama général de la situation macroéconomique. Il cherche notamment à caractériser la situation actuelle et à évaluer les coûts à court terme liés aux différents évènements internes aux pays de la région, aux conséquences des incertitudes sur les anticipations, aux effets de la dépression de la demande externe en Europe et aux Etats-Unis. Mais comme ce rapport repose sur l’hypothèse que ces coûts initiaux seront compensés par des gains de plus long terme, il propose également un certain nombre de recommandations pour majorer la croissance dans l’avenir; (ii) le deuxième chapitre approfondit l’effondrement de « l’authoritarian bargain model » qui prévalait avant la crise (et qui prévaut encore aujourd’hui dans certains PM) pour examiner comment le faire évoluer vers un modèle démocratique; (iii) le troisième chapitre discute des raisons permettant de considérer la jeunesse comme la principale richesse à faire fructifier. Il s’agit de montrer ici le poids déterminant de la jeunesse dans les PM pendant encore une vingtaine d’années. A l’issue de cette période les PM seront eux-aussi confrontés au vieillissement démographique et auront des problèmes de financement des retraites. Il est donc décisif pour les équilibres de long terme de répondre le plus vite possible aux attentes de la jeunesse dans les PM; (iv) le quatrième chapitretraite du potentiel d’échanges supplémentaire qui pourrait être mobilisé entre l’UE et ses partenaires méditerranéens.

La seconde partie du rapport présente la situation actuelle des économies du Sud méditerranéen concernées, pays par pays.


Télécharger la version française du rapport (237 pages – 5,7 Mo)

(237 pages – 5,7Mo

Les pays Méditerranéens au seuil d’une transition fondamentale

Sommaire :
Introduction
Première partie
Chapitre 1. les conséquences attendues des revolutions

I. Pertes de court terme contre gains de long-terme: la logique

II. L’état actuel de la macroéconomie et des secteurs

III. Comment la démocratie et la créidibilité pourraient engendrer des gains importants

Chapitre 2. La chute du capitalisme autoritaire

I. Une longue période où le capitalisme autoritaire a dominé

II. Un modèle  non soutenable

III. Les stratégies alternatives de survie

IV. Les facteurs qui ont accéléré la décomposition

V. L’avenir : de l’économie au politique et réciproquement

Chapitre 3. L’emploi des jeunes en Méditerranée

I. La jeunesse, une vrai richesse pour les PM à condition qu’elle soit mobilisée

II. Une jeunesse de plus en plus éduquée

III. Un accès au marché du travail qui s’effectue mal

IV. Une relation éducation-chômage inquiétante pour les jeunes

V. Comment expliquer le taux de chômage élevé des jeunes diplômés?

VI. Politiques actives d’emplois en direction des jeunes

VII. Conclusion et recommendations

Chapitre 4. Une mise à jour du potentiel d’échange entre l’Europe et la sud de la Méditerranée

I. Quelques faits sur les échanges entre Méditerranée et Europe : une analyse comparative

II. Le potentiel d’échange entre Méditerranée et Europe : autre analyse comparative

III. Conclusion et implications politiques

Bibliographie
Deuxième partie – Situation détaillée des PM : les fiches pays

Algérie

Egypte

Israël

Jordanie

Liban

Maroc

Syrie

Tunisie

Turquie

Annexes