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Méditerranée : FEMISE braque les projecteurs sur les Femmes et Jeunes « Change Makers » 1/2

A l’occasion d’Emerging Valley, qui s’est tenu entre le 3 et 5 décembre derniers à Aix en Provence (France), FEMISE et Institut de la Méditerranée ont organisé un atelier sur les femmes et les jeunes « Change Makers » dans la région méditerranéenne. Ecomnews Med y était et voici ce que nous avons retenu.

Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Tunisie, Egypte… Les délégations sont venues de tout le pourtour méditerranéen pour cette journée. Femmes, jeunes, souvent les deux à la fois, ils et elles sont là pour « échanger les expériences » comme le note Layla Al Qassim, venue d’Amman pour l’occasion. D’abord un constat, celui que dresse le Secrétaire général du FEMISE Dr. Constantin Tsakas « On observe beaucoup d’inégalités en Méditerranée sur tout les plans, cependant on constate également qu’il y a beaucoup de femmes et de jeunes, qui sont notamment porteurs de solutions.

Dans la droite lignée de ce que propose le Think Tank depuis plusieurs années maintenant, le FEMISE s’est ainsi déplacé dans les pays de la Méditerranée pour « identifier les Change Makers » complète Dr Tsakas. L’objectif étant d’être sur le terrain pour proposer des solutions concrètes, effectuer de la Recherche-Action qui valorise des bonnes pratiques tout en offrant des recommandations pertinentes.  En clair, à l’image des Med briefs que produit FEMISE, il s’agit de proposer des travaux, des idées, des réflexions, qui pourraient servir à la prise de décision politique pour davantage d’inclusivité en Méditerranée.

Constantin Tsakas, Patricia Augier, Layla Al-Qasim, Karine Moukaddem, A’Laa Chbaro, Samah Ben Dhia, Hajar Khamlichi, Chiraz Karoui

« Nous avons besoin d’une recherche proche des besoins de la population »

Au cours des différents déplacements du FEMISE, le Secrétaire Général admet avoir rencontré « beaucoup de femmes porteuses de solutions. Ces femmes et jeunes dirigent, accompagnent, financent des projets qui ont un impact économique et social considérable sur leurs communautés, régions et industries ». C’est de la que naît aussi l’idée de cet atelier. Le Think tank veut mettre en valeur ces différentes femmes « parce que nous croyons beaucoup aux success-stories » abonde Dr Tsakas. Ainsi, Layla Al Qassim par exemple (voir vidéo ci haut) a pu évoquer les différentes avancées menées au sein de la chaine d’hotels « Landmark Hotels » en Jordanie, dont elle est Responsable des projets d’engagement stratégique et de durabilité,  comme « la mise en place d’une crèche gratuite et accessible à l’ensemble des employés ».

Une idée déjà en place dans plusieurs entreprises américaines ou scandinaves, et qui bénéficie aux employés et aux employeurs. Les premiers ont moins de trajet à parcourir pour déposer les enfants et sont moins stressés. Les seconds bénéficient d’une productivité plus grande, puisque le salarié est moins sous pression.

Mais il s’agit surtout d’une idée concrète et applicable rapidement « nous avons besoin d’une recherche proche des attentes de la population » souligne Karine Moukaddem, chercheuse junior chez Beyond Reform and Development et analyste politique rattachée au FEMISE. L’experte dans la question de développement durable en Méditerranée en est persuadéune recherche proche des attentes permet « des actions politiques proches des réalités de la population ».

Constat partagé par A’Laa Chbaro qui souligne aussi le besoin de redonner de l’ambition aux femmes Méditerranéennes et de la confiance pour se lancer. Le développement des compétences et le partage de connaissances étant des facteurs clés que la jeune entrepreneurs de vingt-trois ans, directrice de la branche MENA de l’association internationale Impact the world, cherche à développer.

L’atelier aura finalement permis de créer des ponts et de décloisonner des mondes, comme souvent avec FEMISE, entre la recherche et l’application sur le terrain, car c’est bien connu après tout, l’expérience et la science progressent toujours ensemble.

Dans une deuxième partie de cet article, nous nous focaliserons sur les intervenantes à l’atelier IM/FEMISE qui soutiennent les initiatives dirigées par des femmes et des jeunes dans d’autres domaines, comme la sensibilisation environnementale et la prise de parole dans les médias..

par Sami Bouzid le 

Article réalisé en partenariat avec EcomNewsMed

Retrouvez l’ensemble des informations du think tank méditerranéen en cliquant ici. 

Moments de l’atelier IM/FEMISE à EV2019 : Renforcer les Femmes et Jeunes Leaders de la Méditerranée et d’Afrique (4/12, TheCamp, Aix-en-Pce)

Egalité des Genres : FEMISE signe la Charte de la Mixité Performante d’Altafemina

FEMISE était invité au Festival Altafemina (26 Novembre, Cinéma EuropaCorp, La Joliette, Marseille, France) et a eu l’honneur de signer la Charte de la Mixité Performante Altafemina. Cette charte valorise les organisations (entreprises, associations, institutions) qui s’engagent et agissent concrètement pour la mixité tant lors de leurs événements que dans leurs instances de gouvernance.

 

Constantin Tsakas (FEMISE, IM) & Samah Ben Dhia (Altafemina)

Après une brève présentation des activités du FEMISE, Dr. Constantin Tsakas (Secrétaire Général du FEMISE, Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée) a souligné que la signature de cette charte est une première étape pour sensibiliser davantage les pays du Sud de la Méditerranée à la question de la mixité. Des recherches FEMISE ont démontré que des entreprises gérées par des femmes peuvent même illustrer une productivité du travail plus élevée. Néanmoins, les pays du Sud de la Méditerranée* sont caractérisés par des taux de participation des femmes extrêmement bas. Ce taux est de 29% en moyenne, l’écart avec d’autres régions dans le monde est considérable.

Remerciant Altafemina pour cette honneur, Dr Tsakas a ajouté que la mixité est une force pour FEMISE, l’équipe administrative compte autant d’hommes que de femmes et plus de 70% des jeunes chercheurs « ChangeMakers » FEMISE sont des femmes. Il s’agit avant tout de personnes compétentes et dynamiques, indépendamment de leur genre.

Dr Tsakas a aussi présenté les activités de FEMISE qui contribuent à une culture de mixité et à l’égalité des genres en Méditerranée. Parmi elles, il a souligné le récent partenariat avec Emerging Valley, dans lequel FEMISE mobilisera des jeunes femmes méditerranéennes qui dirigent, accompagnent et/ou financent des projets ayant un impact économique et social considérable dans leurs communautés, sociétés et industries. D’autres activités, notamment des vidéos de sensibilisation dans le cadre d’un partenariat avec Altafemina, sont attendues dans les prochains mois.

Le FEMISE est un Think-Tank, un réseau d’instituts de recherche en économie, qui produit des rapports de recherche à destination des décideurs politiques des deux rives de la Méditerranée. Le réseau mobilise plus de 100 centres universitaires de toute la Méditerranée sur 4 axes thématiques : Intégration Commerciale, Développement du Secteur Privé et Innovation, Sensibilisation aux Questions Environnementales et Développement de nouveaux modèles de croissance inclusifs et durables. Les résultats de ces recherches sont diffusés au moyen de plate-formes qui favorisent le dialogue et les débats politiques entre les parties prenantes, lesquelles sont composées de chercheurs, de la communauté internationale et des décideurs politiques. 

* Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Turquie, Territoires Palestiniens

FEMISE MedBRIEF 21: « Catalyseur pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes : le cas de l’Égypte »

Doaa Salman and Mohga Bassim

La série MED BRIEF du FEMISE ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne.

Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs et des partenaires du réseau FEMISE.

 

 

Le MED BRIEF « Catalyseur pour l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité des sexes dans les pays du sud de la Méditerranée: le cas de l’Égypte », est disponible ici.

Il est disponible en Arabe ici.

 

Résumé

Ce Policy Brief propose et recommande de nouvelles politiques visant à renforcer, de manière urgente, la quête actuelle d’autonomisation des femmes et de réduction des inégalités dans les pays méditerranéens et plus particulièrement en Égypte. Il cherche à fournir un mélange de politiques qui contribuent également à la réalisation des objectifs du développement durable.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Méditerranée : “Faire face à une eau de plus en plus rare est l’un des plus grands défis” (repost)

La journée mondiale de l’eau est célébrée ce 22 mars et elle a cette année pour thème « Ne laisser personne de côté ». L’événement est l’occasion pour FEMISE et ses partenaires de faire le point sur la situation en Méditerranée, où le problème de l’eau est devenu un enjeu crucial.

L’eau est un bien vital, et pourtant elle fait défaut. La Journée mondiale de l’eau est l’occasion de faire le point sur la situation et les objectifs à atteindre pour réduire les inégalités en terme d’accès à l’eau. Cette année, cette journée mondiale a pour thème « Ne laisser personne de côté ».

« Il s’agit d’une adaptation de la principale promesse du Programme de développement durable à l’horizon 2030: tout le monde doit pouvoir bénéficier des progrès accomplis en matière de développement durable », explique le communiqué des Nations-unies.

En parallèle, l’organisation a publié quelques jours plus tôt, un rapport alarmant. Principale conclusion : plus de deux milliards de personnes dans le monde, soit trois sur 10, n’ont pas accès à un réseau d’eau potable. Par ailleurs, six sur dix sont privées d’installations sanitaires.

La Méditerranée abrite 60% de la population « pauvre en eau »

Dans les pays de la Méditerranée, la situation est loin d’être idyllique. A l’occasion de cette journée mondiale, les chercheurs du réseau FEMISE et ses partenaires se sont penchés sur la question.

Une donnée frappante, relayée par Céline Dubreuil, Programme Manager au Plan Bleu, l’un des Centres d’activités régionales du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE): « La Méditerranée ne représente que 7% de la population mondiale et pourtant elle abrite plus de 60% de la population dite pauvre en eau ». Quelque 28 millions de Méditerranéens n’ont en effet toujours pas accès à l’assainissement, poursuit la chercheuse, et 18 millions n’ont pas l’eau potable.

« Le changement climatique va avoir des conséquences particulières », met de son côté en garde Stephane Pouffary, de l’association « Energie 2050 ». « Les contraintes urbaines et démographiques vont être exacerbées ».

Pour sa part, Julie Harb, chercheuse à l’Université de Montréal et FEMISE souligne que des pays Méditerranéens comme le Liban ont besoin de répondre à deux choses : le Manque d’efficacité et le Manque de financement.

Un niveau critique

Ainsi, FEMISE et ses partenaires travaillent aussi à apporter des solutions à la problématique. Pour Karine Moukaddem, chercheuse à SciencesPo, Eco-Union et FEMISE, « il faut trouver des solutions durables, moins couteuses et plus efficaces. C’est ce qu’essaye par exemple de faire l’Union pour la Méditerranée avec sa plateforme de coopération sur les ressources en eau« .

Pour sa part, Stéphane Pouffary souligne l’importance d’une approche inclusive multi-acteurs, à laquelle adhère Energies 2050, pour créer des passerelles entre différents acteurs pour dupliquer des projets et faire émerger des argumentaires concrets.

Comme le rappelle Constantin Tsakas, du réseau FEMISE, « la question de l’eau prend de plus en plus d’importance » dans la région, « l’équilibre entre la demande en eau et sa disponibilité a atteint un niveau particulièrement critique! ».

Les chercheurs du réseau FEMISE et ses partenaires assurent que de nouvelles approches d’irrigation sont à explorer, une meilleure gestion des déchets et des efforts de sensibilisation accrus sont nécessaires. Ainsi, « les solutions doivent aussi passer par une culture de l’Innovation qui permettrait de créer un cercle vertueux pour une gestion plus efficace des ressources en eau, tant du point de vue de l’offre que de la demande » conclut Julie Harb.

 

par Rédaction Ecomnews Med en collaboration avec FEMISE

Altafemina, FEMISE et IM concluent un partenariat en faveur des femmes en Méditerranée !

Samah Ben Dhia (Altafemina) et Constantin Tsakas (IM, FEMISE)

Communiqué de presse8 Mars 2019

Altafemina, FEMISE et l’Institut de la Méditerranée concluent un partenariat stratégique en faveur des femmes en Méditerranée

Acteurs engagés dans leurs efforts pour contribuer à des modèles de développement inclusifs, pour prôner les valeurs de mixité et de solidarité et, conscients de la nécessité de mutualiser les moyens d’agir pour renforcer l’engagement féminin en Méditerranée, Altafemina, FEMISE et l’Institut de la Méditerranée ont décidé de collaborer dans le cadre d’un partenariat stratégique.

Les travaux du think-tank FEMISE et de l’Institut de la Méditerranée montrent que de nouveaux modèles sont nécessaires en Méditerranée pour susciter le changement social, pour permettre aux jeunes femmes d’avoir confiance en elles mêmes, pour montrer à toute la société le potentiel des femmes et pour permettre de généraliser l’égalité des chances. De son coté, Altafemina est une structure exemplaire qui a pour ambition de développer un réseau mixte de relations professionnelles et sociales, afin de proposer une dynamique féminine forte. Les activités d’Altafemina ont une réelle résonnance dans le territoire de la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’association ambitionne d’étendre sa réflexion à l’international.

Ainsi, le partenariat ambitionne de créer un cercle vertueux en Méditerranée et se veut constructif, affichant un positionnement innovant et distinctif, permettant des propositions fortes de sens. Il concernera des thématiques allant des dynamiques entrepreneuriales portées par les femmes, à la place de la femme dans la recherche et l’innovation, dans l’économie de l’écologie, dans les organes de direction ou encore dans les médias. Les partenaires déploieront leurs efforts de coopération pour, entre autres :

  • élaborer et mettre en oeuvre des projets de coopération et des programmes de renforcement de capacités pour les femmes dans la région EuroMed,
  • créer, animer et valoriser un écosystème Méditerranéen de l’entrepreneuriat féminin pour faire émerger un environnement favorable aux femmes entrepreneurs dans la région EuroMed,
  • organiser des évènements communs et des publications et effectuer des campagnes de sensibilisation dans les pays du pourtour Méditerranéen.

Pour Altafemina, FEMISE et l’Institut de la Méditerranée, la journée de la femme ne s’arrête pas le 8 Mars, mais a lieu tous les jours !

Tous ensemble pour une dynamique féminine forte en Méditerranée !

 

Pour davantage d’informations, veuillez contacter :

Altafemina : Samah Ben Dhia, Présidente, contact@altafemina.com, www.altafemina.com                      

IM / FEMISE :
Dr. Constantin Tsakas, Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE c.tsakas@femise.org ++ 33 (0)4 91 31 51 95
 www.femise.org

Med Change Makers e07 : Karine MOUKADDEM, Egalité des sexes et autonomisation des femmes en région MENA

 

FEMISE a récemment lancé sa série d’entretiens «Med Change Makers».

Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Aller vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au Sud-Med et en région MENA

Entretien avec Karine Moukaddem, SciencesPo, Institut de la Méditerranée et FEMISE

Le FEMISE place la question de l’Inclusivité au coeur de sa stratégie de recherche. La question de l’autonomisation des femmes en Méditerranée, et plus généralement en MENA, est d’importance capitale pour aller vers un modèle de développement soutenable et inclusif. 

Auteur d’un MED BRIEF FEMISE à paraître, Karine Moukaddem fournit une évaluation des mesures politiques existantes en matière d’autonomisation des femmes dans la rive sud de la Méditerranée. Elle montre que derrière l’existence d’un «paradoxe méditerranéen» se trouvent des obstacles structurels qu’il est crucial de surmonter. Entretien :

1. Vous parlez du «paradoxe méditerranéen» en décrivant la situation des femmes dans le sud de la Méditerranée. Qu’est-ce que cela implique et quelles sont ses causes profondes?

Le paradoxe méditerranéen est facile à expliquer: d’une part, le niveau d’instruction des femmes s’est considérablement amélioré dans la région et le nombre de filles inscrites dans les écoles et les universités a considérablement augmenté. En revanche, les femmes semblent toujours se battre pour trouver une place sur le marché du travail. Les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région restent inférieurs à ceux des autres pays en développement et stagnants. En d’autres termes, il semble que la participation des femmes au marché du travail dans la région sud-méditerranéenne soit limitée par d’autres facteurs que l’accès à l’éducation.

En ce qui concerne les causes profondes du paradoxe, plusieurs obstacles ont été identifiés comme entravant l’inclusion économique des femmes.

Premièrement, l’analyse de la structure du marché du travail dans la région montre que, même si le marché des opportunités d’emploi dans le secteur public se contracte, les opportunités dans le secteur privé formel n’augmentent pas. Par conséquent, l’augmentation du nombre de femmes scolarisées se traduit par une augmentation du chômage féminin ou une baisse de la participation féminine dans les secteurs formels. Deuxièmement, le niveau de participation des femmes au marché du travail semble être influencé par le développement économique et l’amélioration de la législation sur l’égalité des sexes (ou son absence), ainsi que par la propriété étrangère privée de la société et de ses activités exportatrices. D’autres obstacles, tels que le manque de transports en commun sûrs, efficaces et bon marché, empêchent les femmes de se rendre au travail.

Cependant, de telles explications économiques et pratiques n’expliquent pas tout le paradoxe; certains facteurs clés sont culturels. Cet argument indique que les femmes des sociétés conservatrices auraient tendance à participer moins à l’activité économique du pays en raison de l’impact important des normes sociales sur leur dilemme entre le travail à l’extérieur de la maison et le travail de femme au foyer. L’effet négatif considérable des normes sociales traditionnelles se traduirait par plusieurs biais conscients et inconscients qui dissuadent les femmes de choisir une carrière professionnelle.

Pour comprendre la situation complexe des femmes aujourd’hui, tous ces arguments sont importants. La situation est un mélange d’obstacles explicites concrets et implicites psychologiques qui interagissent aux niveaux macro et micro. Les femmes de la région sud-méditerranéenne sont confrontées à des inégalités structurelles auto-renforçant à plusieurs niveaux et profondément enracinées dans le système.

2. a) La situation des femmes dans la région de la Méditerranée du Sud s’est-elle améliorée en termes d’autonomisation économique concrète?

Oui, la situation s’est améliorée dans la région principalement grâce aux progrès de l’éducation et au renforcement des législations. Cependant, les inégalités sont toujours présentes dans la région et l’autonomisation économique concrète semble loin d’être atteinte. La région sud-méditerranéenne semble être en retard sur les questions d’égalité de genre par rapport à d’autres régions et la situation s’améliore plus lentement que dans d’autres régions en développement telles que l’Asie de l’Est et le Pacifique ou l’Amérique latine et les Caraïbes. Selon les estimations du BIT, la participation des femmes à la population active a atteint 59% en Asie de l’Est et dans le Pacifique en 2017, tandis qu’en Amérique latine, ce taux a atteint 51,5%. En ce qui concerne la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), la participation des femmes à la population active est inférieure à la moitié et ne dépasse pas 20,6% en 2017. La région est également en retard en ce qui concerne d’autres indicateurs de la participation économique et politique des femmes.

b) Vous dites que la situation ne s’améliore pas au bon rythme malgré les mesures adoptées, pourquoi?

La réponse est simple. En ce qui concerne l’élaboration des politiques en matière d’égalité des sexes, deux aspects sont essentiels pour comprendre l’inefficacité des mesures disponibles et adoptées: d’un côté, des obstacles entravent la pleine mise en œuvre des mesures. D’autre part, ces mesures ne sont pas exhaustives de la situation des femmes dans la région.

Premièrement, le manque de volonté sociale de changement freine souvent les mesures. En raison des biais inconscients et d’autres canaux implicites et explicites, les initiatives «top-down » sont souvent mal comprises par les habitants, ne sont pas acceptées par la société tout entière et sont considérées comme inadéquates. Les mentalités et les normes sociales ne sont pas ouvertes au changement structurel. Ainsi, malgré les efforts nationaux et internationaux, les locaux trouveront un moyen de dévier ou de prétendre changer la situation sans conséquences réelles pour l’autonomisation.

De plus, les mesures adoptées sont souvent des projets ponctuels non coordonnés et des ajustements législatifs qui ne tiennent pas compte de la situation dans son ensemble. Les symptômes du problème de l’inégalité sont abordés, mais pas les racines. Les mesures manquent souvent de cohérence, de durabilité / durabilité et ne font pas partie d’une approche holistique de la question. Par exemple, il ne suffit pas d’appliquer des quotas, le système lui-même doit œuvrer à la réforme du rôle attribué aux femmes et à la destruction des stéréotypes et des normes structurelles. En outre, il n’existe pas une seule femme de la région sud-méditerranéenne, mais des profils différents, aux besoins différents et confrontés à différents degrés de discrimination. Par exemple, les femmes rurales accumulent des inégalités et les réponses pour les autonomiser /renforcer leurs capacités ne sont pas les mêmes que pour les femmes vivant dans la capitale.

3. Comment l’État peut-il créer les conditions permettant aux femmes de réaliser leur potentiel inexploité?

Pour parvenir à une autonomisation structurelle, l’État pourrait mettre en œuvre des lois exhaustives et l’autonomisation des femmes devrait être une priorité dans les agendas nationaux, pas seulement une aspiration. Des stratégies nationales sont nécessaires pour créer les conditions permettant aux femmes de réaliser leur potentiel dans tous les secteurs de l’économie, de la société et de la politique nationale. La création d’un cadre national souple tenant compte des besoins des femmes dans chaque secteur d’activité et dans chaque contexte permettrait d’institutionnaliser l’autonomisation des femmes. Ces principes conduiraient à un meilleur cadre pour les réformes législatives, en particulier dans des domaines tels que le droit de la famille, et à une modification des programmes d’enseignement afin de soutenir le changement social.

Toutefois, pour assurer une réelle autonomisation des femmes, l’État devrait coordonner son action avec les autres parties prenantes de l’écosystème. En mettant l’accent sur l’éducation des enfants, une action coordonnée pourrait contribuer à changer le rôle perçu des femmes dans la société, en particulier puisque les préjugés commencent à se développer à un très jeune âge (environ 3 à 5 ans). Pour rendre le message plus cohérent et légitime, l’État devrait collaborer avec les dirigeants locaux, tels que les chefs religieux et d’autres personnes influentes, afin d’inciter à imiter les bonnes pratiques et d’étendre l’influence des mesures adoptées. Cependant, travailler avec l’ensemble de l’écosystème ne signifie pas travailler à améliorer l’image des femmes aux dépens des hommes. Cela signifie inclure les hommes dans le débat et les sensibiliser aux avantages de l’égalité des sexes pour l’ensemble de la société.

4. De quelles manières le secteur privé peut-il apporter des solutions pour améliorer la manière dont nous investissons dans les femmes?

Au-delà de la compréhension des externalités économiques positives de l’égalité de genre, le secteur privé pourrait contribuer à améliorer l’élaboration des politiques en établissant des partenariats public-privé dans plusieurs domaines liés à l’autonomisation des femmes, tels que le secteur numérique, en formant les femmes au codage et en investissant dans la formation professionnelle, les zones rurales et la collecte de données.

De plus, pour assurer l’autonomisation économique des femmes, les entreprises pourraient offrir des environnements de travail alternatifs et flexibles qui tiennent compte des perceptions modernes du partage des responsabilités au sein du ménage. Cela pourrait signifier la possibilité d’offrir aux hommes et aux femmes la possibilité de travailler à domicile 1 jour par semaine ou un congé de paternité payé en plus du congé de maternité ou la possibilité d’amener les enfants au bureau 2 jours par semaine, etc… En matière de politique, les entreprises pourraient également intégrer les principes d’égalité des sexes dans leur fonctionnement interne en fixant un quota favorisant la parité dans leurs conseils d’administration.

De plus, les entreprises peuvent avoir un impact sur les stéréotypes et les normes sociales grâce aux stratégies de marketing et aux publicités. Si le message des annonces dépend de plus en plus des principes d’égalité des sexes, les stigmates pourraient diminuer considérablement.

5. Vous parlez de modèle exemplaire et de mentorat. Comment peuvent-ils contribuer à l’autonomisation des femmes?

C’est un point vraiment important. Le système de modèles et le mentorat est essentiel pour susciter le changement social non seulement en responsabilisant les jeunes femmes et en augmentant leur estime de soi et leur confiance en soi, mais aussi en montrant aux hommes le potentiel des femmes et en permettant aux jeunes hommes de s’habituer à l’égalité des chances.

À plus petite échelle, le mentorat peut prendre la forme de petites initiatives locales travaillant avec les femmes pour améliorer leur estime de soi ou explorer toutes les options professionnelles potentielles qui s’offrent à elles. C’est le cas des portraitistes et des mentors qui souhaitent aider les femmes à devenir plus indépendantes et plus fortes.

À plus grande échelle, des initiatives telles que la création d’une chaîne de télévision mettant en vedette des femmes de la région ou le lancement d’un comité régional pour l’égalité des sexes, regroupant des femmes influentes de différents horizons, pourraient contribuer à accroître la visibilité des exemples de réussite. Cela permettrait aux jeunes femmes de s’identifier à ces femmes et de s’épanouir pour réaliser leur potentiel inexploité. Ceci est dû à un aspect crucial du système de modèle exemplaire, il aide les femmes non seulement à explorer leurs options en termes d’objectifs mais également en termes de moyens et de voies pour les atteindre.

Les normes sociales peuvent être changées et la création d’un cercle vertueux pour l’autonomisation des femmes, au sein de l’écosystème lui-même, basée sur le modèle exemplaire, la solidarité et le mentorat peut être une étape précieuse pour y parvenir.

 

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.

Appel à Stagiaires FEMISE : Date limite de soumission: 24 Février 2019

Dans le cadre de ses activités, le réseau FEMISE lance un Appel à Candidatures pour deux postes de Stagiaires.

Date limite de soumission: 24 / 02 / 2019

Poste 1. Policy / Sustainable Development Analyst

Nous recherchons un stagiaire qui aura comme mission d’accomplir principalement les taches suivantes:

 

  • Elaboration de synthèses sur des sujets qui concernent la région UE-MED et contribution à des rapports UE-MED et des Policy Briefs sectoriels/nationaux, notamment sur les questions liées au Développement Durable, aux questions d’Inclusivité et d’intégration des Femmes et des Jeunes dans les pays Méditerranéens du Maghreb et du Mashreq,
  • Récolte de données (nationales et régionales), synthèse et création d’indicateurs.
  • Activités de communication et animation des plateformes de réseaux sociaux du FEMISE, contribution aux réflexions sur la stratégie de « branding FEMISE ».

Pour davantage d’informations, veuillez consulter la fiche de stage disponible ici.

Poste 2. Trade / Innovation Analyst

Nous recherchons un stagiaire qui aura comme mission d’accomplir principalement les taches suivantes:

  • Elaboration de synthèses et contribution à des rapports UE-MED et des Policy Briefs sectoriels/nationaux, notamment sur les questions liées à l’Intégration Commerciale et à l’Innovation,
  • Analyse de l’impact économique, social et environnemental des Accords d’Association signés entre les pays méditerranéens et l’Union Européenne, dans le cadre d’un travail en collaboration avec la DG Trade de l’UE,
  • Récolte de données (nationales et régionales), synthèse et création d’indicateurs sur le Commerce et l’Innovation.

Pour davantage d’informations, veuillez consulter la fiche de stage disponible ici.

Éducation et mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes

Quelle relation existe-t-il entre les inégalités hommes/femmes en matière d’éducation et la mobilité intergénérationelle des femmes dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée? Dans un rapport FEMISE intitulé « Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries», les experts du FEMISE insistent sur le lien entre les inégalités et l’immobilité sociale.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Les inégalités entre hommes et femmes dans le domaine de l’éducation et de la scolarité diminuent dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, même si l’amélioration du niveau de scolarisation concerne davantage les hommes que les femmes, constatent les chercheurs FEMISE de l’Université Al Akhawayn au Maroc et de l’Académie d’études économiques de Bucarest dans leur rapport (FEM41-01)« Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries ».

La mobilité intergénérationnelle permet à une personne de changer de position sociale par rapport à celle de ses parents. Ainsi, le rapport compare l’inégalité et la mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes à celles des pays d’Europe Centrale et de l’Est. Les chercheurs constatent dans tous les pays un lien entre le niveau d’inégalités et l’immobilité intergénérationnelle. Un concept appelé «la courbe de Gatsby». Plus les inégalités sont élevées et plus la situation sociale reste figée d’une génération à l’autre. Peu de pays arabes voient les enfants atteindre un niveau d’éducation supérieur à celui de leurs parents.

En dépit d’une réduction des inégalités et d’une féminisation croissante dans le domaine de l’éducation, les chercheurs ne constatent pas de réelles avancées sur le marché du travail des pays arabes, en raison des rigidités pénalisant les femmes salariée ou créatrice d’entreprises.

Quelles recommandations pour favoriser la mobilité intergénérationnelle ?

« Le chômage peut devenir un vrai frein au changement », explique l’un des auteurs du rapport, Ahmed Driouchi. Ce professeur d’économie à l’université Al Akhawayn, à Ifrane au Maroc, confirme que les femmes sont plus touchées que les hommes. Les pays arabes devront créer sensiblement plus d’emplois qu’actuellement pour simplement réussir à stabiliser la courbe du chômage.

Le rapport invite les pays arabes à favoriser la mobilité intergénérationnelle, particulièrement chez les femmes. Pour y parvenir, le professeur Ahmed Driouchi indique de nombreux outils comme « la scolarisation, la lutte contre les déperditions, le transport, le logement, les cantines scolaires, les bourses étudiantes ». Il souligne que d’autres instruments comme l’évaluation en relation avec des standards internationaux (TIMSS, PISA..) ainsi que des échanges d’étudiants ou bien des activités conjointes avec des pays de l’UE peuvent permettre aux nouvelles générations d’accéder à des niveaux d’éducation plus élevés que ceux de leurs parents.

Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

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Gérard Tur