Archives du Tag : Productivité

Maroc et Tunisie dans les chaînes de valeur mondiales : les services aux entreprises comme moteurs d’Innovation

Dans ce rapport, nous soutenons que, pour mieux comprendre en quoi les services aux entreprises peuvent contribuer à la compétitivité et à la croissance au Maroc et en Tunisie, la décomposition des flux commerciaux en termes de valeur ajoutée peut constituer une première étape utile. Nous utilisons la base de données OCDE-OMC sur le commerce en valeur ajoutée (OCDE, 2016) pour décomposer les exportations en valeur ajoutée de services aux entreprises du Maroc et de la Tunisie vers l’UE-28 et le reste du monde. Cette décomposition est utilisée pour calculer plusieurs indicateurs de participation aux CVM. Deux industries de services aux entreprises sont examinées: les activités informatiques et connexes et la RD et les autres activités commerciales.

Combiner une libéralisation adéquate du commerce tout en réformant la politique d’investissement et de la promotion des liens commerciaux entre entreprises étrangères et nationales aiderait les entreprises locales à monter en gamme dans les chaînes de valeur mondiales grâce au transfert de connaissances, de compétences et de technologies.

Quand le site d’implantation d’une entreprise influe sur sa productivité

Les entreprises doivent-elles céder aux sirènes de la mondialisation? R&D stimulée, partage de connaissances, de compétences, de sous-traitance… La productivité grimpe quand les sociétés d’un même secteur se regroupent géographiquement analyse le tout dernier rapport du Femise

 

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D
Les zones d’activités renferment l’ensemble des maillons d’une chaine de valeur, un savoir-faire et une main d’œuvre qualifiée dans un domaine spécifique. De précieux atouts pour une entreprise, voire tout un pays. Il suffit de prendre les cas des zones d’activités en Turquie et en Tunisie. 15èmeproducteur mondial de véhicules, la Turquie compte 12 constructeurs automobiles actifs et près de 5 000 équipementiers (dont environ 250 investisseurs étrangers).  Fiat, Oyak-Renault et leurs équipementiers se concentrent à Bursa, capitale européenne de la production de véhicules.
En Tunisieles Pme côtoient les multinationales aéronautiques (Stelia, filiale d’Eads/ Airbus) sur l’aéropôle d’El-Mghira, plateforme industrielle de 200 ha au sud de Tunis.« Comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? », interroge le Femise dans son tout dernier rapport FEM 41-09.  Le document, publié sous la direction d’Anna Ferragina, de l’université de Salerne en Italie, analyse le lien entre proximité spatiale et performances des entreprises. Il émet des recommandations sur les politiques publiques, observe l’impact des retombées de l’innovation dans un contexte de concentration géographique et sectoriel.

 

Productivité, innovation et Investissements directs étrangers

« Malgré les défis de la mondialisation, le lieu d’implantation fait encore la différence », précise le document. Le Femise constate une amélioration de la productivité des entreprises installées dans les pôles automobiles ou aéronautiques de Turquie, d’Italie et de Tunisie. Proches sur le plan technologique et géographique, elles bénéficient de la circulation des connaissances, à fortiori lorsqu’il s’agit d’acteurs de l’innovation.

Le Femise note quelques variables selon les pays. Si les sociétés étrangères jouent un rôle déterminant en Turquie, les Pme domestiques regroupées créent des externalités négatives, le Femise citant l’exemple de la congestion. L’émergence de pôles d’activités, de clusters, a pour effet de générer des inégalités spatiales, de fortes disparités selon les régions. En Tunisie la majorité des entreprises est installée sur les zones côtières. La richesse et les emplois se concentrent donc sur la bande littorale. Pour les auteurs du rapport, le pays doit investir dans les infrastructures de transport afin de développer les complémentarités régionales.

Si l’Italie reste loin des fractures extrêmes observées en Turquie et en Tunisie, le Femise note d’importants effets d’agglomération stimulant la productivité des entreprises.

Accédez au rapport FEMISE en cliquant ici .

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique et le rôle des politiques de court terme

FEMISE a le plaisir d’annoncer la publication de son projet de recherche FEM42-07, « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme”, coordonné par Pr. Nicolas Peridy (LEAD, Université de Toulon).

Notre travail montre que la complexité économique d’un pays peut être affectée par la performance de ses voisins puis influencée par sa propre position géographique. Toutefois, ce processus peut masquer des phénomènes régionaux de divergence qu’il faut mettre en relation avec les rôles joués par les politiques publiques nationales et/ou régionales, ainsi que les dynamiques économiques, structurelles et démographiques (Pib/tête, éducation, innovation, ressources naturelles, urbanisation, …).

Les principales recommandations sont :

  • Soutenir le développement des produits nouveaux et hautement sophistiqués commençant par fournir des incitations pour produire ces nouveaux produits, et cibler les activités qui ont des effets d’entrainement. En particulier, la Tunisie et les EAU devraient développer des produits complexes comme les machines, les clusters industriels chimiques et électriques
  • Mettre rapidement en place des formations adaptées aux changements technologiques
  1. Développer les formations en alternance dans les filières techniques, technologiques, industrielles et de services sur les secteurs innovants et à forte valeur ajoutée
  2. Développer la formation continue dans ces mêmes secteurs
  3. Ouvrir les formations des entreprises dans l’acquisition de compétences spécifiques dans ces domaines (en incluant des formations OMC sur le rôle du commerce international comme vecteur de sophistication technologique)
  • Réformer l’enseignement supérieur et professionnel
  1. Renforcer l’adéquation des formations par rapport aux nouveaux métiers
  2. Développer les partenariats avec les universités européennes, asiatiques ou américaines
  3. Développer les partenariats public/privé
  4. Utiliser le système des diplômes délocalisés professionnalisés
  • Développer des secteurs innovants (soutien à certaines start-up, aux IDE, développement de zones franches ou de zones d’entreprises technologiques) notamment par une politique d’incitation fiscale
  • Améliorer la liberté économique notamment grâce à des lois de simplification administrative. Cela contribuera à l’amélioration de l’environnement des affaires en lien avec une réforme du marché du travail visant à le rendre plus flexible, transparent et compétitif (loi travail)
  • Développer ou renforcer les partenariats commerciaux avec les pays partenaires avancés technologiquement afin de développer les effets de diffusion spatiale (UE, ALENA, etc…), y compris entre régions frontalières (effets de diffusion territoriale) ; renforcer le partenariat GAFTA afin de bénéficier d’économies d’échelle dans les secteurs technologiques
  • Améliorer la performance logistique avec des investissements appropriés mais surtout des réformes adéquates (facilitation commerciale dans les ports, réduction et simplification des procédures administratives, amélioration de l’efficacité des contrôles douanier, automatisation des procédures, lutte efficace contre la corruption, etc.…)
  • Améliorer la gouvernance afin notamment de lutter efficacement contre la corruption et favoriser la transparence.
  • Réforme de la fiscalité afin de la rendre plus simple, plus efficace et plus incitative
  • Utiliser des politiques macroéconomiques saines afin notamment de réduire la vulnérabilité économique des pays MENA (politiques budgétaires et fiscales durables, gestion de la dette, politiques monétaires contrôlées)
  • Améliorer la gestion des ressources naturelles (gaz, pétrole, etc..) :
  1. utiliser les bénéfices des ressources naturelles pour diversifier l’économie et la sophistiquer
  2. développement de zones industrielles basées sur l’avantage comparatif dans les ressources naturelles
  3. octroi de facilités de financement aux PME et renforcement des capacités des entreprises locales pour accélérer la transformation structurelle
  4. poursuite de l’amélioration des politiques macroéconomiques pour gérer efficacement les risques associés au syndrome hollandais et à la volatilité des recettes en provenance des ressources naturelles
  5. créer un environnement favorable à l’investissement privé

Ces recommandations peuvent être initiées et mises en œuvre rapidement par les Etats qui doivent envoyer un signal fort à destination des acteurs économiques afin d’accélérer ce processus de sophistication des économies méditerranéennes, dans le but de favoriser la croissance et l’emploi, notamment qualifié.

 

L’Égypte peut rendre ses entreprises plus performantes avec une réforme de la fiscalité

Le dernier rapport Femise (FEM41-08) pointe du doigt les freins à la productivité des entreprises installées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Bien avant la corruption ou le manque de visibilité du monde des affaires, les entreprises égyptiennes subissent une pression fiscale qui affecte leur productivité. Une prise de conscience politique pourrait permettre d’encourager les entreprises à devenir plus compétitives.

 

Les entreprises égyptiennes subissent une pression fiscale qui affecte leur productivité (photo : F.Dubessy)

Les entreprises égyptiennes subissent une pression fiscale qui affecte leur productivité (photo : F.Dubessy)

Saviez-vous qu’en Égypte, les entreprises s’acquittent de vingt-neuf impôts différents par an nécessitant quelque 392 heures pour remplir les déclarations ? La ponction fiscale représente également 42,6% des bénéfices. Pas étonnant que le pays arrive en bas de classement en terme de pression fiscale, 148 e sur 189 pays ! « Afin d’améliorer la productivité des entreprises, le gouvernement égyptien doit revoir sa politique fiscale », préconise le rapport FEMISE.

Intitulé « Performance des Entreprises dans le Processus de Transition: le Rôle des Contraintes d’Affaires et des Institutions dans la Région Sud-méditerranéenne » (disponible ici), le  document, coordonné par Inmaculada Martínez-Zarzoso, professeur d’économie à Jaime (Espagne), a été publié en décembre 2016.

Au total, vingt-deux contraintes réduisent la productivité globale. Bien évidemment, les facteurs internes tels que les aptitudes, les compétences des salariés entrent en ligne de compte dans l’analyse globale de la compétitivité d’une entreprise.
Si la fiscalité arrive en tête de classement, d’autres facteurs externes tels que la corruption, le manque de visibilité législative, le prix de l’immobilier, le coût du foncier, l’accès et le coût au financement bancaire ou tout simplement les prix de l’eau et de l’électricité constituent de réels handicaps pour les entreprises.

Une nouvelle réalité après la révolution de 2011

L’étude analyse les freins à la performance des sociétés avant et après la révolution de 2011. De nouveaux obstacles ont surgi rendant le climat des affaires moins propice à l’investissement, notamment l’incertitude réglementaire et politique, la corruption et le crime. « La révolution avait comme objectif de susciter des opportunités économiques et sociales ouvrant la voie à la croissance économique et à l’emploi. Cependant, le pays est devenu instable du point de vue politique. Cette période de transition a un impact direct sur la performance dans le secteur privé », souligne le rapport.

Avant les événements du Printemps Arabe, l’interventionnisme était de mise en Égypte, comme dans la plupart des États du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Les économistes du FEMISE analysent également dans le rapport d’autres pays de la région : Liban, Jordanie, Maroc et Tunisie.

Là encore, l’incertitude réglementaire et politique, la corruption et la criminalité se sont aggravées. « Ces résultats ont des implications politiques importantes. Les actions spécifiques à l’égard des entreprises devraient permettre de réduire les principaux obstacles et par conséquent encourager les entreprises manufacturières égyptiennes à devenir plus compétitives », conclut le rapport.

Pour approfondir le sujet, cliquez ici

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

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