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La sophistication de l’économie : source de croissance, d’inclusivité et d’emploi

13La complexité économique résulte du niveau de savoir et de progrès technologique d’un pays depuis la phase de fabrication jusqu’à celle de l’exportation. Dans un rapport sur « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme », (FEM42-07) le Femise introduit un facteur géographique

 

En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. ©Frédéric Dubessy

En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. ©Frédéric Dubessy

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un État, permettent d’accroître la production et l’exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. « Un pays qui possède un avantage en termes d’innovation et d’exportation de produits de haute technologie occupe le haut de classement de l’indice de complexité économique », pose le Femise en préambule de sa dernière étude.  
Conduite par Nicolas Péridy, Michel Dimou et Myriam Ben Saad de l’Université de Toulon en collaboration avec Ilham Haouas (Université d’Abu Dhabi) et Naceur Kraief (Université de Sousse), le document  analyse la complexification des systèmes productifs dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) en intégrant la  dimension géographique. Les auteurs ajoutent que la compétitivité d’un pays au niveau mondial dépend de ce qu’exporte le pays et non pas de la quantité des produits exportée.

 

Turquie : des noix, du coton puis des voitures

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un Etat, permettent d’accroître la production et l'exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. ©Frédéric Dubessy

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un Etat, permettent d’accroître la production et l’exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. ©Frédéric Dubessy

« En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. Cette économie a su réorienter son panier d’exportation vers des produits plus complexes et porteur de croissance. Depuis 2010, la main-d’œuvre turque est devenue l’une des forces du travail les plus flexibles et les plus qualifiées au monde (…) », souligne le document. Si Israël présente le niveau le plus élevé d’indice de complexité économique (ICE) des pays Sud du bassin Méditerranéen, la Tunisie a vu son ICE se dégrader, ce qui expliquerait, selon le Femise, le taux de chômage élevé.
La performance des pays voisins joue un rôle tout aussi important que l’indice de complexité économique, l’indice de diversification et de qualité des exportations et la valeur ajoutée manufacturière. Selon les auteurs du rapport, une économie sophistiquée constitue un vecteur de transition économique et influe sur les politiques de court terme.« Les économies les plus éloignées du « cœur européen par exemple » voient leur retard s’accentuer », constate le Femise tout en soulignant l’importance des canaux de transmission (accords commerciaux bilatéraux et/ou régionaux, barrières tarifaires et non tarifaires, clusters).Afin d’aider les pays méditerranéens à complexifier leur système productif, le Femise recommande de soutenir le développement de produits nouveaux et hautement sophistiqués, de cibler les activités ayant des effets d’entrainement. « En particulier, la Tunisie et les Emirats Arabes Unis devraient développer des produits complexes comme les machines, les clusters industriels chimiques et électriques », précise le Femise.

Il invite les États à mettre rapidement en place des formations adaptées aux changements technologiques tout en incitant à développer des secteurs innovants.

Le Femise suggère également d’améliorer la performance logistique, la liberté économique,  l’environnement des affaires, les partenariats commerciaux avec des pays avancés technologiquement.

Lire l’intégralité du rapport Femise FEM42-07 en cliquant ici

 

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique et le rôle des politiques de court terme

FEMISE a le plaisir d’annoncer la publication de son projet de recherche FEM42-07, « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme”, coordonné par Pr. Nicolas Peridy (LEAD, Université de Toulon).

Notre travail montre que la complexité économique d’un pays peut être affectée par la performance de ses voisins puis influencée par sa propre position géographique. Toutefois, ce processus peut masquer des phénomènes régionaux de divergence qu’il faut mettre en relation avec les rôles joués par les politiques publiques nationales et/ou régionales, ainsi que les dynamiques économiques, structurelles et démographiques (Pib/tête, éducation, innovation, ressources naturelles, urbanisation, …).

Les principales recommandations sont :

  • Soutenir le développement des produits nouveaux et hautement sophistiqués commençant par fournir des incitations pour produire ces nouveaux produits, et cibler les activités qui ont des effets d’entrainement. En particulier, la Tunisie et les EAU devraient développer des produits complexes comme les machines, les clusters industriels chimiques et électriques
  • Mettre rapidement en place des formations adaptées aux changements technologiques
  1. Développer les formations en alternance dans les filières techniques, technologiques, industrielles et de services sur les secteurs innovants et à forte valeur ajoutée
  2. Développer la formation continue dans ces mêmes secteurs
  3. Ouvrir les formations des entreprises dans l’acquisition de compétences spécifiques dans ces domaines (en incluant des formations OMC sur le rôle du commerce international comme vecteur de sophistication technologique)
  • Réformer l’enseignement supérieur et professionnel
  1. Renforcer l’adéquation des formations par rapport aux nouveaux métiers
  2. Développer les partenariats avec les universités européennes, asiatiques ou américaines
  3. Développer les partenariats public/privé
  4. Utiliser le système des diplômes délocalisés professionnalisés
  • Développer des secteurs innovants (soutien à certaines start-up, aux IDE, développement de zones franches ou de zones d’entreprises technologiques) notamment par une politique d’incitation fiscale
  • Améliorer la liberté économique notamment grâce à des lois de simplification administrative. Cela contribuera à l’amélioration de l’environnement des affaires en lien avec une réforme du marché du travail visant à le rendre plus flexible, transparent et compétitif (loi travail)
  • Développer ou renforcer les partenariats commerciaux avec les pays partenaires avancés technologiquement afin de développer les effets de diffusion spatiale (UE, ALENA, etc…), y compris entre régions frontalières (effets de diffusion territoriale) ; renforcer le partenariat GAFTA afin de bénéficier d’économies d’échelle dans les secteurs technologiques
  • Améliorer la performance logistique avec des investissements appropriés mais surtout des réformes adéquates (facilitation commerciale dans les ports, réduction et simplification des procédures administratives, amélioration de l’efficacité des contrôles douanier, automatisation des procédures, lutte efficace contre la corruption, etc.…)
  • Améliorer la gouvernance afin notamment de lutter efficacement contre la corruption et favoriser la transparence.
  • Réforme de la fiscalité afin de la rendre plus simple, plus efficace et plus incitative
  • Utiliser des politiques macroéconomiques saines afin notamment de réduire la vulnérabilité économique des pays MENA (politiques budgétaires et fiscales durables, gestion de la dette, politiques monétaires contrôlées)
  • Améliorer la gestion des ressources naturelles (gaz, pétrole, etc..) :
  1. utiliser les bénéfices des ressources naturelles pour diversifier l’économie et la sophistiquer
  2. développement de zones industrielles basées sur l’avantage comparatif dans les ressources naturelles
  3. octroi de facilités de financement aux PME et renforcement des capacités des entreprises locales pour accélérer la transformation structurelle
  4. poursuite de l’amélioration des politiques macroéconomiques pour gérer efficacement les risques associés au syndrome hollandais et à la volatilité des recettes en provenance des ressources naturelles
  5. créer un environnement favorable à l’investissement privé

Ces recommandations peuvent être initiées et mises en œuvre rapidement par les Etats qui doivent envoyer un signal fort à destination des acteurs économiques afin d’accélérer ce processus de sophistication des économies méditerranéennes, dans le but de favoriser la croissance et l’emploi, notamment qualifié.