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COP23 et changement climatique en Méditerranée : l’Institut de la Méditerranée et FEMISE se positionnent comme acteurs académiques incontournables

En Méditerranée les conséquences des changements climatiques seront toujours plus fortes qu’ailleurs. La réduction des émissions de gaz à effet de serre et la prise en compte des besoins en adaptation des pays riverains sont plus que jamais des nécessités.

Acteurs engagés dans la mise en œuvre du développement durable dans l’espace euro-méditerranéen, l’Institut de la Méditerranée et le FEMISE collaborent depuis deux ans avec l’Association ENERGIES 2050 sur des thématiques liées aux questions climatiques, environnementales et énergétiques. Dans le cadre de leur partenariat, ces trois associations réalisent un rapport, actualisé sur base annuelle, qui porte sur les enjeux climatiques en Méditerranée, mettant en perspective les réalités économiques des pays de la rive Sud et suggérant des pistes d’action et des recommandations politiques. L’édition 2016, sous la direction d’ENERGIES2050, a été présentée dans le cadre de la COP22 à Marrakech (disponible au téléchargement ici). Une version préliminaire (draft) de la prochaine édition (2017/18), co-écrite par les trois partenaires, sera présentée à la COP23 (Bonn, 9 Novembre 2017) lors d’un atelier commun afin d’y intégrer ultérieurement les échanges avec les acteurs présents. La totalité du programme d’activités ENERGIES 2050 à la COP23 de Bonn, incluant l’atelier commun avec l’Institut de la Méditerranée et FEMISE, est disponible en cliquant ici.

Délégué général de l’Institut de la Méditerranée et secrétaire général du FEMISE, le Dr. Constantin Tsakas offre un aperçu des pistes de réflexions pour l’avenir.

Quelle sera la plus-value de cette édition 2017 du rapport Climat par rapport à la précédente ?

Cette édition explorera davantage les progrès effectués par les pays partenaires du Sud de la Méditerranée (PM) pour faire face aux menaces du changement climatique. Plus précisément, ce nouveau rapport permettra de les positionner vis-à-vis de l’Accord de Paris.

Comme vous le savez, ce dernier engage tous les signataires à contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », à atteindre la neutralité carbone, à coopérer dans le renforcement d’une « éducation au changement climatique »… Son caractère ouvert et évolutif permet de renforcer les engagements pour atténuer les effets du changement climatique au fil du temps. L’édition 2017 du rapport permettra donc d’évaluer un peu mieux la cohérence des actions d’atténuation et d’adaptation passées et présentes des PM.

Les PM sont-ils bien placés sur l’échelle internationale en ce qui concerne leurs efforts d’atténuation et d’adaptation ?

Dr. Constantin Tsakas, Délégué général de l’IM et secrétaire général du FEMISE

Des pays comme le Maroc sont nettement en avance en termes de politiques et d’actions. Le Maroc a été l’un des premiers pays de la région à signer et ratifier l’Accord de Paris. Mais même avant cette date, ce pays avait déjà mis en place des lois sur la protection et la conservation de l’environnement, sur la lutte contre la pollution atmosphérique et sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement. En outre, en 2008 le gouvernement avait mis en œuvre le «Plan Vert pour le Maroc» qui représentait une politique de long terme (2008-2020) axée sur la durabilité du secteur agricole. D’autres pays comme la Tunisie, sont plus en retard mais semblent faire preuve d’une certaine volonté d’aller de l’avant. Avant de ratifier l’Accord de Paris (Mars 2017), le gouvernement tunisien avait pris des initiatives pour limiter les effets du changement climatique sur le plan niveau national. En termes de législation, la Tunisie était l’un des rares pays à reconnaître le changement climatique dans sa Constitution.

Cela dit, nombreux sont les pays qui semblent se réformer principalement sur papier ou qui sont confrontés à des réticences liées aux intérêts économiques déjà établis. L’Accord de Paris et les lois sur la protection de l’environnement sont souvent perçus comme des obstacles à l’activité économique et les régimes politiques hésitent à adopter des réformes pro-environnementales. De façon générale, on note une nette différence entre ce qui a été convenu et les résultats obtenus. On note par ailleurs une faible coopération entre les pays méditerranéens lors des grands sommets, ce qui signifie que même s’il existe parfois des initiatives nationales elles sont condamnées à ne pas se traduire par une réponse régionale de taille.

Justement, comment remédier au manque de coordination de PM en matière de politique environnementale ?

Plusieurs programmes et institutions œuvrant en Méditerranée existent pour les aider dans le processus de mise en œuvre des politiques d’atténuation et de sensibilisation au changement climatique. L’Union pour la Méditerranée offre une vision générale pour un développement à faible émission de carbone. La Convention des Nations Unies pour la protection du milieu marin et des régions côtières de la Méditerranée (Convention de Barcelone) fournit un cadre juridique et institutionnel indispensable à une action concertée entre les pays MED. Des réseaux méditerranéens d’experts (FEMISE, MedECC, ANIMA, Plan Bleu) peuvent également être mobilisés comme passerelles entre la communauté scientifique et les décideurs politiques des PM car ils ont un grand potentiel de diffusion d’études politiquement pertinentes. Enfin, des Fonds sont actifs dans la région et peuvent soutenir de manière significative la mise en place de projets climatiques.

Que souhaitez-vous accomplir avec la présence de l’Institut de la Méditerranée et du FEMISE lors de la COP23 ?

La présence de l’Institut de la Méditerranée et du FEMISE lors de la COP23, grâce au partenariat avec ENERGIES 2050, nous permettra d’échanger avec les acteurs de la société civile, les représentants des secteurs public et privé et les experts territoriaux présents à cet évènement. Ces échanges entre académiques, opérationnels et opérateurs de tous genres permettront d’obtenir des retours sur les opportunités exceptionnelles que l’environnement présente en termes de croissance, d’investissement, de création d’emplois et de cohésion sociale. Les débats enrichiront le rapport que nous co-publierons avec notre partenaire ENERGIES 2050.

Suite à la COP23, l’édition 2017-2018 du rapport « Les défis du changement climatique dans une Méditerranée en transition – De l’accord de Paris au défi de la mise en œuvre » sera ainsi finalisée pour être ensuite présentée lors d’un évènement de lancement organisée par l’Institut de la Méditerranée en partenariat avec ENERGIES 2050 et FEMISE (Marseille, fin premier trimestre 2018). Là aussi, une discussion autour des conclusions du rapport avec les acteurs territoriaux à Marseille leur permettra de communiquer autour de leurs politiques environnementales. Certaines de leurs recommandations pourront ensuite être illustrées dans le cadre de l’édition 2019 dans un processus qui reste avant tout évolutif. L’atelier de Marseille illustrera aussi la dynamique engendrée par nos trois associations et présentera les dernières recherches de nos réseaux respectifs sur les questions climatiques.

Propos recueillis par FEMISE Staff

La sélection culturelle des émigrés: Résultats pour les pays du MENA

La sélection des migrants par la culture, les normes et les croyances est une question sous-étudiée dans la littérature existante. Cet article analyse les liens entre les traits culturels, les aspirations migratoires, les projets d’émigration à court terme, et les choix de destination au départ des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA). Nous utilisons les enquêtes Gallup World Poll (GWP) qui documentent les aspirations migratoires, les opinions et les caractéristiques personnelles des répondants. Notre échantillon est limité à 17 pays du MENA dans lesquels une enquête GWP (au minimum) a été réalisée entre les années 2007 et 2016.

En guise de prémisse, nous montrons que les aspirations migratoires sont corrélées avec les flux migratoires réels. Ceci suggère que les déterminants des aspirations migratoires sont susceptibles d’être similaires à ceux des migrations effectives. La proportion moyenne de migrants potentiels dans notre échantillon est de 24%. La proportion la plus élevée est observée en Syrie (35%); elle est proche de 30% en Jordanie et en Algérie ; au Niger, en Azerbaïdjan et au Tchad, cette part est d’environ 20%. En raison de la proximité culturelle et des effets de réseau qu’ils engendrent, les anciens liens coloniaux continuent d’influencer les destinations préférées des migrants potentiels. En moyenne, 52,3% des migrants potentiels du MENA souhaitent migrer vers un pays de destination de l’OCDE. Cette part s’élève à 90% au Maroc et en Algérie, alors qu’elle ne représente que 10% au Yémen et au Niger.

Nous menons ensuite une analyse de composante principale en deux étapes sur un ensemble de 12 questions pour extraire quatre indicateurs synthétiques de traits culturels. Nous constatons que le Liban et l’Azerbaïdjan sont les plus progressistes en termes d’inégalités hommes-femmes. L’Iran et l’Azerbaïdjan sont les plus progressistes en matière de religiosité ; au contraire, les pays d’Afrique subsaharienne (le Tchad, la Mauritanie, le Mali et le Niger) présentent un haut niveau de religiosité. L’Iran, l’Afghanistan et la Syrie présentent les niveaux de générosité les plus élevés. Enfin, les cinq pays du MENA ayant connu des turbulences et des émeutes pendant le printemps arabe (l’Algérie, l’Égypte, l’Irak, la Tunisie et le Yémen) présentent les opinions les plus progressistes concernant l’utilisation de la violence sur les civils. Dans ces pays, une grande partie de la population soutient qu’il est indéfendable d’utiliser toute forme de violence contre les civils.

Dans notre analyse empirique, nous nous concentrons sur les deux indicateurs culturels les plus corrélés avec le niveau de développement économique, les attitudes par rapport aux inégalités hommes-femmes et la religiosité. Afin d’identifier l’effet de ces traits culturels sur les aspirations migratoires, nous estimons des modèles logit avec effets fixes sur plusieurs sous-échantillons. Dans l’échantillon complet, les aspirations migratoires varient positivement avec les vues progressistes en matière de religiosité ; elles ne varient pas avec les opinions quant aux inégalités hommes-femmes. Lorsqu’on distingue les aspirations migratoires vers les pays-membres de l’OCDE et vers les autres destinations, les résultats révèlent que les traits culturels n’exercent pas d‘effet significatif sur les intentions migratoires à destination des pays non-membres de l’OCDE. En revanche, la progressivité en termes de religiosité et d’égalité entre les sexes affecte positivement les aspirations à migrer vers les pays-membres de l’OCDE. Nous analysons également si les traits culturels affectent les projets migratoires concrets pour les 12 prochains mois. L’effet de la religiosité reste significatif ; il est même plus important que pour les aspirations migratoires. L’effet des attitudes vis-à-vis des inégalités hommes-femmes est non significatif.

Ces résultats sont soumis à une large batterie de tests de robustesse. Premièrement, nous distinguons les trois catégories de pays de l’OCDE qui sont fréquemment renseignés comme destination préférée dans les données, les pays de l’Union européenne, l’Amérique du Nord et la Turquie. Nos résultats confirment que les attitudes vis-à-vis des inégalités hommes-femmes demeurent non significatives ou marginalement significatives quel que soit le groupe de destination ; l’effet de la religiosité demeure très significatif pour les destinations européennes ou l’Amérique du Nord, alors qu’il ne l’est pas pour la Turquie. Deuxièmement, nous considérons différents sous-échantillons de répondants en fonction de leur niveau de diplôme. Les résultats révèlent que la sélection par la culture affecte tous les niveaux d’éducation. Troisièmement, nous considérons différents sous-échantillons de répondants en fonction de l’âge. L’effet de la religiosité est significatif pour tous les groupes, tandis qu’une sélection positive selon les attitudes vis-à-vis des inégalités hommes-femmes est obtenue pour les individus âgés de 15 à 30 ans. Cette catégorie d’âge est celle au sein de laquelle les migrants potentiels sont les plus susceptibles de réaliser leurs aspirations migratoires. Quatrièmement, nous testons si l’intensité de la sélection par la culture varie avec les caractéristiques macroéconomiques du pays d’origine, telles que les parts des sunnites et des chiites dans la population musulmane, le PIB par habitant, la qualité des institutions, et la proportion de migrants installés dans les pays de l’OCDE. Ces interactions révèlent que la sélection par la culture est plus forte dans les pays à majorité sunnite ; la progressivité en matière d’inégalités hommes-femmes devient significative lorsqu’on contrôle pour le réseau migratoire. Cinquièmement, nous analysons si l’effet de la culture a été affecté par le printemps arabe. Nous distinguons l’échantillon complet des pays MENA, les 5 principaux acteurs du printemps arabe, et les autres pays. Dans toutes les spécifications, la sélection par la religiosité est positive et significative. De plus, le printemps arabe n’a pas affecté l’intensité de la sélection culturelle dans la plupart des pays, mais il l’a considérablement réduit dans les 5 principaux pays concernés.

Enfin, sur le plan méthodologique, nous explorons si nos résultats peuvent être induits par des différences de composition entre les groupes de migrants potentiels et de non-migrants. En utilisant la technique de Mahalanobis Metric Matching, nous construisons des sous-échantillons de migrants potentiels et de non-migrants partageant des caractéristiques observables similaires. Tous nos résultats subsistent lorsqu’on utilise des échantillons appariés. De façon robuste, nous concluons que les jeunes migrants potentiels de la région MENA sont plus progressistes en termes de religiosité et d’égalités hommes-femmes que le reste de la population. Dans l’ensemble, le printemps arabe a diminué l’intensité de cette sélection selon la culture dans les principaux pays concernés. L’émigration du MENA vers les pays riches de l’OCDE engendre des effets directs sur la distribution des traits culturels dans les pays d’origine, et sur la distance culturelle dans les pays de destination. Néanmoins, ces effets ne doivent pas être surestimés. Premièrement, l’émigration engendre des effets limités sur la distribution des traits culturels dans les pays du MENA. Elle peut même conduire à des effets opposés si la diaspora renvoie des normes progressistes vers leur pays d’origine. Deuxièmement, la sélection par la culture ne réduit que faiblement la distance culturelle entre immigrés et natifs dans les pays de l’OCDE.

Déficits Jumeaux et Viabilité des Politiques Macroéconomiques Dans Une Sélection de Pays Européens et Méditerranéens Partenaires

Nos résultats empiriques valident l’hypothèse des déficits jumeaux pour les deux échantillons de pays UE et MED, avec toutefois des résultats contrastés concernant la direction du lien de causalité. Alors que la balance commerciale semble contribuer au déficit budgétaire dans les pays MED, validant ainsi l’approche de ciblage de compte courant, la relation apparait comme étant inversée pour les pays de l’UE, où le solde budgétaire semble influencer le compte courant. Compte tenu de la dépendance avérée des pays MED au commerce avec l’UE et du fait que la plupart des pays de l’UE ont mis en œuvre des politiques d’austérité suite aux crises financières (restreignant ainsi la demande globale et les importations), nous considérons que la baisse des recettes d’exportation qui en a découlée dans les pays MED a contribué à l’augmentation du déficit budgétaire de ces pays, en vertu du lien de causalité positif entre le compte courant et le solde budgétaire. Une réponse naturelle des responsables politiques dans les pays MED serait de mettre en œuvre des politiques d’austérité, et bien que de telles politiques puissent être nécessaires, elles n’en restent pas moins socialement couteuses dans le contexte social actuel des pays MED, et ne permettraient pas pour autant de stabiliser la balance budgétaire, puisqu’elles n’affecteraient pas la balance commerciale. Par conséquent, nos résultats sont une alerte à de telles politiques macroéconomiques « toutes faites », et indiquent clairement que les politiques d’austérité dans les pays de l’UE ont des conséquences inattendues sur la stabilité financière des pays MED. Nous appelons donc à une meilleure coordination des politiques macroéconomiques entre l’UE et ces partenaires du Sud de la méditerranée.

Une question politique majeure à laquelle ces pays seront confrontés dans les années à venir, sera de savoir si les politiques macroéconomiques sont vouées à l’échec et les conduisent dans une impasse. Quant à l’introduction des programmes de stabilisation macroéconomiques dans les pays de l’UE et dans les pays MED, de toute évidence il n’y aura plus de possibilité et d’espace pour conduire de nouvelles combinaisons de politiques monétaires et fiscales afin de contrôler ces déséquilibres macroéconomiques. Pour des pays méditerranéens tels que le Liban et la Jordanie avec un espace fiscal limité, un taux de change fixe et une ouverture du compte de capital, la politique monétaire est déjà sans effets en termes de stabilisation macroéconomique. L’Egypte a pu améliorer l’efficacité de sa politique monétaire pour faire face aux chocs externes grâce à un choix stratégique de passer à un régime de change flexible. La Tunisie et le Maroc semblent également suivre cette direction. Bien que l’espace fiscal de l’UE soit également limité du fait de l’accumulation de dettes publiques considérables, l’exécution du programme d’assouplissement quantitatif (QE – Quantitatif Easing) de la Banque centrale européenne reste un outil efficace pour assurer la viabilité des politiques fiscales et prévenir le développement de nouvelles crises telle que la crise de la dette grecque.

Avec la crise de la dette actuelle qui se développe dans certains pays de l’UE, les faibles taux de croissance du PIB, les prix du pétrole et les niveaux d’endettement élevés dans plusieurs pays MED, la politique fiscale n’est clairement plus une option de politique macroéconomique eu égard à l’espace fiscal limité. Avec la politique monétaire conduite par la Banque centrale européenne et l’absence d’union politique, les pays de l’UE ont accusé d’importants déficits du compte courant et du budget au cours de ces dix dernières années. Les politiques monétaires resteront sans effet tant que les attentes du secteur privé ne seront pas comblées et que le secteur bancaire restera en mauvaise santé, tout particulièrement les banques italiennes et grecques. La crise de la dette en Grèce a un impact négatif sur le comportement et les attentes des entreprises et des consommateurs, et les mesures d’austérité affectent négativement la demande globale et le taux de croissance du PIB. Particulièrement, la stagnation des salaires et les taux élevés de chômage ont une incidence défavorable sur la demande intérieure, surtout lorsque la plupart des pays MED et de l’UE ne disposent plus d’espace fiscal suite à l’accumulation de larges dettes publiques et de déficits budgétaires et de la balance commerciale récurrents.

Dans la région MENA, l’inefficacité de la politique monétaire est attribuable à la présence de taux de change fixes et à la libre circulation des capitaux. En conséquence, les politiques gouvernementales (fiscales et monétaires) sont dans l’impossibilité de faire face aux déséquilibres macroéconomiques actuels, ouvrant ainsi la voie à de futures crises financières et monétaires. Par conséquent, les gouvernements européens et méditerranéens devront : (1) réduire le la taille du secteur public en faveur du secteur privé ; (2) canaliser les liquidités vers le secteur privé par des prêts et en encourageant les investissements pour des entreprises productives ; (3) réduire les dépenses du gouvernement et augmenter les taxes du côté de l’offre. Enfin, et étant donné l’inefficacité tant des politiques fiscales que monétaires, le secteur public doit exercer un rôle central pour faire face aux défis d’envergure que représentent les déséquilibres macroéconomiques, en améliorant en premier lieu ces attentes en Europe comme en Méditerranée. Ceci devrait avoir pour effet d’augmenter le taux de croissance du PIB et de rendre la dette plus viable. Ensuite, les mesures d’austérité et d’ajustement structurel pourront être introduites. Cela assurera alors une croissance économique durable, et réduira grandement les risques de futures crises de la dette et de crises monétaires.

L’Entrepreneuriat Social comme moyen de soutenir la croissance et l’emploi dans les pays MED

Un modèle de croissance complet et durable, qui crée des emplois et favorise l’inclusion sociale, voilà ce dont ont besoin les pays de la rive Sud de la Méditerranée. Cependant, malgré les efforts dans chaque pays, le chômage et les inégalités de tout type restent élevés, ce qui souligne la nécessité de nouvelles approches. À cet égard, l’Entrepreneuriat Social (ES)[1] peut offrir des perspectives significatives et peut aider à aborder les problèmes endémiques des pays MED car il: i. inclut tous les groupes et a un excellent potentiel de création d’emplois, ii. est basé sur le développement régional, iii. aborde le manque de diversification; iv. offre des réponses de solidarité intergénérationnelles.

Aspirant à contribuer à ôter les obstacles au développement des entreprises sociales et à soutenir les entrepreneurs sociaux, FEMISE a entrepris un effort ambitieux pour relier les acteurs de l’Entrepreneuriat Social (SE) dans la région Euro-Med. Ces efforts ont été initiés lors de la préparation du rapport FEMISE financé par la BEI en 2014, rapport qui portait sur l’entrepreneuriat social au Maghreb, et continuent avec le rapport EuroMed FEMISE 2018 qui portera sur le développement du secteur privé (à paraître). Ces efforts ont posé les bases d’une stratégie pluriannuelle sans précédent pour l’émergence d’écosystèmes ES qui associent les communautés de coopération UE-MED avec les principaux acteurs d’impact social et de soutien à l’entrepreneuriat.

Au préalable de la publication de son rapport EuroMed 2018, FEMISE a interviewé certains de ses principaux acteurs partenaires pour obtenir leurs propositions d’idées préliminaires sur les actions qu’ils considèrent comme prioritaires pour une meilleure coopération entre les structures d’entrepreneuriat social, pour mieux connaître les bonnes pratiques internationales qui pourraient être transposables dans le contexte Sud-Méditerranéen et pour avoir un aperçu des initiatives de leurs structures respectives dans la promotion de l’inclusivité et de l’utilité sociale. Voici quelques extraits d’interviews avec trois acteurs clés de l’entrepreneuriat social en UE-MED.

Thomas Vailleux est un entrepreneur social français basé entre Paris, Lyon et Beyrouth. Il a initié et co-fondé Friends of the Middle East  une entreprise sociale favorisant la compréhension des habitants issus du Moyen-Orient. Avec une équipe libanaise, il écrit et co-réalise « Changemakers in the Arab World », un film documentaire sur les entrepreneurs sociaux du Maghreb et du Moyen-Orient. Avec MakeSense, il a récemment conçu un programme d’accélération de trois semaines dédié au prototypage de 10 solutions portées entrepreneurs sociaux libanais.

Thomas Vailleux: Les pays sud-méditerranéens ne sont pas tous égaux devant la volonté de leurs dirigeants politiques et le développement de l’entrepreneuriat social. Néanmoins, il me paraît capital de faire du partage régional des bonnes pratiques, des retours d’expérience, des réseaux et des savoirs un modus operandi, une méthodologie de travail collaborative qui incarne les valeurs portées par le secteur. Il s’agirait alors de mettre en place une plateforme de collaboration régionale pour favoriser l’échange et renforcer la coopération entre acteurs partageant des intérêts communs, notamment en vue d’une ouverture au marché régional (par partenariats, par exportations, par implantation régionale, etc.). Cette plateforme peut prendre la forme d’une plateforme web et d’un calendrier de rencontres régionales ciblant des objectifs déjà identifiés comme étant clés par des acteurs comme le think tank libanais régional Beyond Reform & Development.

A l’échelle des structures d’accompagnement, des méthodologies innovantes et efficaces ont été inventées ou réinventées pour outiller les entrepreneurs sociaux et professionnaliser la démarche si spécifique et duale d’un entrepreneur social (social vs business). Ces méthodologies sont portées par des structures d’accompagnement à forte croissance, coopérant avec les domaines publics et privés, comme MakeSense à l’international ou Ticket for Change en France dont les fondateurs ont d’ailleurs été récompensés à de multiples reprises. Par ailleurs, la mise en place de dispositifs législatifs facilitant la création d’une entreprise sociale et réduisant les taxes pesant sur le porteur de projet en raison du caractère social de l’entreprise, en Italie et en France par exemple, semblent être indispensables au changement d’échelle du secteur. Enfin, dans les pays pionniers du secteur, raconter les histoires des solutions et des porteurs de projet s’est vite imposé comme un moyen de fédérer des communautés de « changemakers » partageant une vision commune du monde pour les mettre en action.

Friends of the Middle East est une association basée à Paris et Beyrouth dont l’un des objectifs est des de partager un autre visage de la région à travers les histoires du vécu de ses citoyens, notamment entrepreneurs sociaux. A travers notre projet de film documentaire (« Changemakers in the Arab World »), nous favorisons l’inclusion des publics marginalisés en les représentant dans notre film. Nos partenariats avec des ONGs et des fondations locales et régionales permettront à des jeunes de zones marginalisées d’être sensibilisés avec pour but de les éloigner de la violence et des extrémismes pour les rapprocher du « faire-ensemble ». Notre programme de « projections-action ! » dans plusieurs pays est d’ailleurs pensé pour engager les spectateurs dès la fin de la projection à travers des ateliers de résolution de problèmes et des mises en relation avec les acteurs de l’écosystème.

Shadi Atshan est un entrepreneur palestinien et cofondateur de Leaders Organization et FastForward Accelerator. Shadi a dirigé un groupe de professionnels talentueux pour établir ce qui est devenu la plus grande organisation de promotion de l’entrepreneuriat en Palestine (Leaders Organization ou Qeiadat). Il a développé le portefeuille d’activités de l’organisation à partir de zéro pour en faire un portefeuille de plus de 10 millions USD en moins de 8 ans. Actuellement Leaders Organization opère en Palestine, en Jordanie et en Belgique. Son travail a contribué à la création de plus de 45 startups technologiques. Aujourd’hui, Leaders Organization accueille le seul parc technologique de la Palestine « eZone », le premier accélérateur de start-ups de Palestine « FastForward », le premier accélérateur d’entreprises sociales de Palestine « SEA » et la Maison Palestinienne à Silicon Valley « PHSV » à San Francisco – USA.

Shadi Atshan: Faciliter le développement de la structure de l’entrepreneuriat social dans son ensemble, et plus particulièrement dans les pays du sud de la Méditerranée, devrait être une priorité sur trois niveaux, commencant d’un sens plus large et allant vers des stratégies micro-niveau. Une stratégie plus élargie devrait être conçue pour induire l’idée de responsabilité sociale et créer des bénéfices à travers l’activité de start-ups rentables dans toute la région. Une fois cette stratégie intégrée, des ateliers et des conférences devraient être introduits dans chaque pays, pour créer et cibler les lacunes sociales déjà existantes dans l’économie et créer des solutions rentables. Enfin, les incubateurs, les accélérateurs et les associations liées à l’entreprenariat, devraient intégrer des programmes sur mesure visant en particulier les programmes d’entreprenariat social et offrant la formation et le mentorat nécessaires pour inciter à la création de start-ups réussies.

Deux bonnes pratiques internationales que l’on retrouve directement dans les initiatives d’entrepreneuriat social, et qui débouchent sur la création de nouvelles entreprises dans la région Sud-Med, sont le recyclage et la transition vers l’énergie solaire. Ces bonnes pratiques garantissent une efficacité accrue, un coût plus faible et une plus grande durabilité à long terme pour la région dans son ensemble. Qui plus est, elles encouragent les jeunes entrepreneurs à créer de nouvelles start-up axées sur le progrès social. Afin de faciliter un tel environnement de durabilité et de pensée créative, certains programmes et aspects doivent être introduits. Le premier concerne des programmes de recherche et de développement pour encourager les entrepreneurs à créer des idées novatrices et de nouveaux produits. Le deuxième est un réseau d’experts internationaux sur le terrain, pour aider les start-ups à recevoir le mentorat et le conseil dont elles ont besoin et pour qu’elles puissent passer au niveau supérieur. Enfin, l’introduction d’un réseau de business-Angels dans la région pour investir dans les entrepreneurs, notamment dans des start-ups d’initiative sociale afin de leur permettre de développer et de créer des avantages à long terme.

L’inclusion sociale et l’utilité sociale font partie des principales initiatives de Leaders Organisation, et par conséquent, l’un des programmes qu’entreprend l’organisation est celui de l’Accélérateur d’Entreprises Sociales (SEA). Le concept a émergé suite au manque de soutien aux entreprises sociales, l’accélérateur etant censé trouver des solutions durables pour ce problème. L’accent a été particulièrement mis pour viser les femmes et les jeunes, avec l’ambition et le potentiel de créer des entreprises sociales durables qui auront un impact sur leurs communautés qui bénéficient d’un programme de soutien innovant et étendu. Ce projet va encore plus loin dans la promotion de l’engagement, les femmes et les jeunes issus de communautés marginalisées ayant des problèmes potentiels d’identité (dans la société, la politique, l’économie et l’environnement) développent leurs propres entreprises sociales et reçoivent un soutien. Le programme a offert une formation à plus de 150 entrepreneurs âgés de 22 à 30 ans, et a accueilli et soutenu 7 start-ups, avec un taux de participation de 42% chez les femmes.

Patrizia Bussi coordonne le réseau européen des entreprises sociales d’insertion(ENSIE) basé à Bruxelles, représentant les entreprises sociales et en particulier plus de 2500 entreprises sociales d’insertion par l’activité économique en Europe (27 membres dans 19 États membres de l’UE, Suisse et Serbie). ENSIE vise à contribuer au développement durable grâce à différentes actions telles que la création de liens entre le marché du travail et l’inclsuion sociale des groupes défavorisés en améliorant leurs opportunités d’emploi et leur productivité. Au cours de son temps à ENSIE, Patrizia a également travaillé pour deux entreprises italiennes d’économie sociale: le Consorcio Sociale Abele Lavoro et la coopérative sociale de type-A Stranaidea. Elle a été membre du groupe consultatif multipartite sur les affaires sociales (GECES), membre du sous-groupe de mesure d’impact social du GECES et membre du groupe italien GECES, Gruppo Multilaterale sull’imprenditoria sociale. Elle participe actuellement au GECES en tant qu’observateur. Depuis 2014, elle représente ENSIE dans le dialogue structuré avec le groupe d’experts des Fonds structurels et d’investissement européens (ESIF SD).

Patrizia Bussi: Je pense qu’il est nécessaire, dans chaque pays de la Méditerranée du Sud, de rechercher les structures de l’entrepreneuriat social et de l’économie sociale déjà existantes, les aidant à travailler ensemble afin qu’elles puissent être visibles et reconnues au niveau national et pour qu’elles puissent coopérer pour libérer les potentiels inexploités de leurs territoires. À la suite de ces étapes importantes, une coopération progressive doit être construite entre l’ensemble des structures au sud de la Méditerranée.

L’identification de bonnes pratiques internationales susceptibles d’être transposables n’est pas une tâche simple. Certaines pratiques ont déjà montré leur succès, comme le programme Incorpora au Maroc, ou certaines activités ayant un impact social en Tunisie, lancées par le groupe français SOS. Ces expériences confirment l’importance de la prise en compte des réalités territoriales (économiques, sociales, historiques, culturelles) et d’adapter les bonnes pratiques internationales à ces réalités.

ENSIE représente, soutient et développe en Europe des réseaux et des fédérations d’Entreprises sociales d’insertion par l’activité économique (Work Integration Social Enterprises-WISEs): des outils efficaces pour l’accès à la réinsertion sociale et professionnelle sur le marché du travail et pour l’inclusion sociale de groupes vulnérables. L’étude «Impact WISEs» de 2016 a examiné le cas de 807 WISE, présentes dans 9 pays de l’Union européenne et incluant 12 954 travailleurs défavorisés. L’étude a révélé que 48,5% des travailleurs défavorisés ont pu trouver un emploi dans la même entreprise, dans une autre WISE ou sur le marché du travail classique, tandis que 16,5% sont devenus des entrepreneurs autonomes ou ont trouvé une formation professionnelle qualifiante.

 

Les multiples entretiens réalisés par FEMISE ont montré la nécessité de soutenir le développement d’une politique habilitante et d’un environnement réglementaire pour l’entreprenariat social dans les pays MED. Ils ont également souligné qu’il est essentiel de sensibiliser et d’accroitre la capacité des acteurs de l’écosystème pour soutenir la croissance des entreprises sociales qui contribuent à la création de valeur et à la création d’emplois dans les pays MED. Ils ont également souligné l’importance de la communication et du partage de meilleures pratiques.

Sur la base de ces observations, FEMISE a mobilisé sa communauté scientifique pour son rapport 2018 qui portera sur le développement du secteur privé et qui comprendra un chapitre sur le potentiel de l’entrepreneuriat social dans les pays méditerranéens. Le chapitre se focalisera sur la panoplie d’outils (notamment financiers) pour soutenir et développer l’entrepreneuriat social dans cette région et présentera des actions potentielles au niveau EU-MED qui pourraient soutenir et développer l’ES. Le rapport devrait être disponible au dernier trimestre 2018.

Article par Constantin Tsakas

[1] Pour un panorama de l’Entrepreneuriat Social dans certains pays MED, veuillez lire le rapport FEMISE-BEI (2014) « Économie Sociale et Solidaire: Vecteur d’inclusivité et de création d’emplois dans les pays partenaires méditerranéens? » disponible ici.

FEMISE est heureux d’annoncer les gagnants de son concours interne 2017 !

Nous avons reçu dix-neuf (19) propositions éligibles pour ce tour de 2017 sous le thème général de

«Le rôle de l’UE dans la facilitation de la modernisation, de la transition et de l’ouverture internationale des pays méditerranéens».

Une fois évaluées, dix (10) propositions ont été sélectionnées par le comité de sélection FEMISE pour un financement dans le cadre du contrat FEMISE-Commission européenne “Support to economic research, studies and dialogue of the Euro-Mediterranean Partnership”.

Les propositions sélectionnées proposent une valeur ajoutée réelle, en utilisant une méthodologie rigoureuse et permettant de proposer des recommandations politiques sur des thèmes primordiaux pour la région UE-Med. Les propositions incluent 21 affiliés FEMISE de 13 pays EU-Med différents (5 du Nord et 8 du Sud) et avec la participation de plus de 40 chercheurs de la Méditerranée. Les recherches en version « draft » seront présentées à la prochaine Conférence annuelle du FEMISE (début 2018).

Les neufs propositions sélectionnées abordent les thèmes suivants :

  • La crise des réfugiés (4)
  • Évaluation des accords d’association (2)
  • Innovation et transfert de technologie (1)
  • Les énergies renouvelables, le développement durable, changements climatiques et problèmes de l’eau (1)
  • Politiques sociales et marché du travail (2)

FEMISE souhaite bonne chance à ses chercheurs dans les efforts qu’ils auront à entreprendre. Nous encourageons fortement tous nos affiliés à faire de nouvelles propositions pour le quatrième tour (fin 2017) et nous vous souhaitons plein de succès dans vos activités de recherche.

Les gagnants sont (description en VO):

FEM43-03 Morocco and Tunisia in the European Global Value Chains: a special focus on business services as innovation drivers, University of Granada (Spain) and University Mohamed V (Morocco)

The main aim of this project is to evaluate the role played by European Global Value Chains, and more specifically by business services, in adding value added and fostering innovation in Morocco and Tunisia. More concretely, we are aimed at achieving three objectives: First, we examine the evolution of the business services content of gross imports, by importing industry and country of origin. This indicator presents the “real” value added that business services create and that it is imported directly (as direct imports of business services) but also indirectly as intermediate inputs into the production of goods and services. Second, we identify the source of foreign value added embodied in domestic final demand for business services by country of origin of the value added. Domestic final demand includes household consumption, government consumption and non-profit institutions serving households. Third, we estimate the product-embodied R&D diffused through imported business services that are used as intermediate inputs by country of origin. Intermediate inputs contain R&D created by other industries and in other countries. The use of intermediate inputs from high-innovative industries (as business services) can contribute to the development of innovations in user industries.

FEM43-04 Les stratégies de développement des énergies renouvelables dans la région MENA : Etude comparative et couloirs de développement. », University of Toulon (France) and Université de Sousse (Tunisia)

Ce projet vise à analyser la dynamique des stratégies de développement des énergies renouvelables dans les pays MENA sur la période 1990-2014. Pour cela, nous proposons de définir deux indicateurs de production d’énergies renouvelables (global et par source) afin d’identifier le profil de chaque pays tout en portant une attention particulière aux énergies renouvelables issue de la technologie de l’hydraulique. Aussi, nous proposons d’étudier les conséquences sur le développement durable de ces pays au regard des sources des énergies renouvelables et à l’aide d’un modèle économétrique en panel dynamique. Ainsi, le projet se propose de produire des éléments de comparaison entre les pays MENA et d’étudier le lien, à court et à moyen terme, entre les sources d’énergies renouvelables et le développement. Ce projet permettra de mettre en lumière l’impulsion donné par le Plan Solaire Méditerranéen aux différentes stratégies des pays MENA et d’identifier la ou les stratégie (s) gagnante (s) en termes de point de croissance.

FEM43-05  The Long-Term Impact of Syrian Refugees on Turkish Economy: An Input-Output Simulation », AGREEM – Universidad Autónoma de Madrid (Spain) and CREM (Turkey)

The main goal of the research proposal is to assess the medium / long – term aggregated economic impact of refugees on the economy of middle income-labour abundant hosting countries using Turkish economy as a case study. This project aims to be understood as a contribution to the evaluation of this long-term economic potential. Our objective is to widen the view about the impact of Syrian refugees in Turkish economy adding a long – term perspective to the partial evidences found in the short – term context.

FEM43-06 Income Convergence and the Impact of the Euro-MED Trade and Financial Integration on Macroeconomic Volatility, Institute of Financial Economics AUB (Lebanon), KEDGE Business School (France)

The Mediterranean Partner economies are expected to further benefit from regional financial and trade integration with a proper allocation of savings, and a better ability to share financial risk by reducing consumption and income volatilities. However, the empirical evidence on the effects of trade and financial integration on macroeconomic volatility is still very limited. Therefore, this study will add to the limited existing literature on developing countries by studying, and perhaps for the first time, the relationship between trade and financial integration and macroeconomic volatility in the MED region. The objective of this study is to shed some light on this issue by studying the impact of enhanced regional trade and financial integration on macroeconomic volatility in the Euro-MED region. In this context, we will answer the following question: is there a link between the degree of regional trade and financial integration and Gross Domestic Product (GDP) and consumption convergence and macroeconomic volatility in the MED region?

FEM43-07  The Effect of Syrian Refugees on the Labour Market of Host Countries, Macro Center for Political Economics (Israel), Centre Emile Bernheim, University of Brussels (Belgium)

The project aims to analyse how the influx of Syrian refugees influences the economic and social conditions of host countries such as Lebanon and Jordan. Although broad knowledge regarding the challenges of migrant workers has been gathered in the academic field, this is not the case regarding refugees. Despite the extensive discussion about the refugee crisis in Europe, the impact of the Syrian War and resulting instability in the entire region on neighbouring economies receiving refugees has not been sufficiently addressed. The research methodology is based on comparisons of labour markets before and after refugee entrance. This project aspires to improve the decision making process in integrating the refugees in host countries and stabilizing their economic and social status.

FEM43-08 Feminization of occupations and its effect on gender wage gap in south Mediterranean Countries‘, October University for modern sciences and arts (Egypt), American University in Cairo (Egypt) and European Institute London School of Economics (UK)

The main aim of the project is dual. First, to analyze the effect of feminization of occupations on gender-occupational segregation in the Mediterranean countries Egypt and Jordan. Second, to identify the effect of feminization of occupations on the gender wage gap. In particular, the analysis will investigate the role of the feminization of occupations on boosting female labor force participation and on decreasing the gender wage gap and increasing the ‘labor market effectiveness and inclusiveness’. Ultimately, the goal is to increase labor markets’ efficiency that promotes living standards and thus manages migration to the EU countries.

FEM43-14 Refugees and hosting country economy: integration models and cooperation policy options, Cespi (Italy) and Royal Scientific Society (Jordan)

In this research we will address the hypothesis of refugees as a potential in Jordanian economy, when socially included, with a methodology that gives an original insight. We will compare the economic inclusion of migrants in an advanced OECD country on one hand, Italy, with the economic inclusion of refugees in Jordan now at hand. The aim of the comparison is to identify the determinants of economic inclusion in Italy in terms of opportunity structure on the territory and its institutions and policies (at local and national levels), and in terms of social capital and compare them with data and experience from Jordan. This will allow to design policy indications based on findings and best practices of economic integration and social inclusion of refugees in the hosting country.

FEM43-16  Analysing the impact of the EU-Tunisia DCFTA on Tunisian Trade and Production, University of Sussex (UK), Université de Tunis, ESSEC (Tunisia)

In contrast to the existing literature the aim of this project is use a disaggregated multi-market partial equilibrium (PE) model. This will provide a much more granular analysis of the possible impact on the trade and production of specific Tunisian industries. The model we propose will be a multi-market model, and built into it will be the possibility of running simulations under both perfect and imperfect competition, and thus to explore the sensitivity of the results to different forms of competitive interaction. The analysis of the EU-Tunisia DCFTA will also shed light both methodologically and empirically on the impact of further DCFTAs which are already under negotiation (eg. Morocco – though currently suspended), and those which have been suggested for the future (such as with Egypt or Jordan).

FEM43-17 Analyse comparée de l’apport des migrants et des refugiés en Europe: Une perspective économique, CATT (Université de Pau, France, Université de Tunis El Manar, Tunisie, DIAL (Université de Paris Dauphine) et ESSEC Tunis.

Ce projet s’attachera d’abord à donner une image la plus complète possible du contexte actuel des refugiés dans le monde et en Europe en particulier. Notre recherche s’intéressera ensuite à l’étude des contributions de la migration d’asile et de l’immigration en général aux performances macroéconomiques des pays européens en termes de croissance, de chômage et de salaires. Le projet s’intéressera alors à l’analyse empirique des liens

entre les migrations y compris la migration d’asile et les différents indicateurs économiques des pays européens.

FEM43-18 Le développement de la petite enfance et l’inégalité des chances au Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), INSEA (Morocco) ; along with CREAD (Algeria) and University of Toulon (France)

Ce travail permettrait de proposer des recommandations pour une meilleure orientation des politiques en matière de développement et d’amélioration des indices d’équité et d’égalité des chances dans les trois pays : Algérie, Maroc et Tunisie. Dans un premier temps, l’état du développement de la petite enfance (DPE) sera évalué à travers plusieurs indicateurs différents. En deuxième lieu, nous décrirons la relation entre ces indicateurs et un certain nombre de caractéristiques de données de base (dites circonstances) des enfants. Troisièmement, nous quantifierons les chances inégales auxquelles les enfants font face pour vivre leur situation dans chacun de ces indicateurs, à l’aide de l’indice de dissimilitude D-index.

 

 

 

Comment la migration stimule le commerce

Le tout dernier rapport des économistes membres du réseau Femise, publié en avril 2017, met en lumière l’interaction entre la migration et la densité des relations commerciales dans les pays de la région euro-méditerranéenne. La France et l’Égypte font l’objet d’une étude spécifique attestant de l’imbrication étroite entre ces deux phénomènes.

Selon l’étude, les réseaux d'immigrants ont pour effet d’augmenter de 10 % à 20 % les échanges commerciaux entre la France et l’Egypte (photo : F.Dubessy)

Selon l’étude, les réseaux d’immigrants ont pour effet d’augmenter de 10 % à 20 % les échanges commerciaux entre la France et l’Egypte (photo : F.Dubessy)

C’est indiscutable. L’analyse économétrique des experts du Femise tord le cou aux idées reçues sur la question ô combien sensible, de l’impact des migrants sur l’économie des pays hôtes.

Le tout dernier rapport FEM41-13 intitulé « Le rôle des liens de voisinage dans la région euro-méditerranéenne pour la croissance du commerce : focus sur la migration, le niveau d’éducation et l’intégration sociale » (à télécharger en cliquant ici) démontre le rôle positif de l’afflux de migrants sur l’accroissement du volume des échanges commerciaux entre le pays de départ et celui de destination.

Selon l’étude, les réseaux d’immigrants présentent une capacité qui donne lieu à de nouveaux échanges commerciaux avec des effets estimés de 10% à 20% des échanges commerciaux totaux dans le cas des deux pays objet de l’étude.
Marseille, ville cosmopolite par excellence, entretient des relations étroites et historiques avec Tunis et Alger. À Sète, l’importance de la communauté marocaine justifie l’exploitation de liaisons maritimes avec le royaume chérifien. Les migrants dupliquent leurs habitudes de consommation dans le pays qui les accueille. Ces imbrications stimulent les économies. Raison pour laquelle le Femise préconise une accentuation et une modulation de la politique commerciale des États au regard de leur stratégie migratoire.

Le rapport analyse le cas de la France et de l’Egypte. L’Hexagone, qui comptait  7,6 millions de d’immigrés en 2013, a toujours entretenu des liens historiques et étroits avec les pays voisins du Maghreb. Sur les 220 000 migrants annuels recensés en France (entre 2000 et 2013), 51% viennent d’Afrique.

« Les exportations et les importations en provenance et à destination des pays de la zone MENA3 (Algérie, Maroc et Tunisie) représentent 8% du total des échanges commerciaux de la France », souligne le document.

Mise en garde contre les politiques migratoires sélectives

73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest (©ververidis/123RF )

73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest (©ververidis/123RF )

S’agissant de l’Égypte, qui recense 4 millions d’immigrés dans le monde, l’étude Femise démontre l’effet bénéfique sur le commerce des pays hôtes. 73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest.  « En choisissant de s’installer dans un pays occidental, ils recherchent à évoluer professionnellement tout en échappant à la corruption, aux préjugés sociaux très prégnants en Égypte », souligne le rapport.

Les coauteurs du rapport, Andrés Artal-Tur et Vicente Pallardó-López, professeurs à l’Université de Valence, et John Salevurakis et Mona Said professeurs à l’Université Américaine du Caire (AUC) mettent en lumière un certain nombre de variables influant sur les relations commerciales bilatérales entre pays de départ et d’arrivée.

Ainsi, le profil du migrant a un impact sur la nature et l’intensité des échanges. Son niveau d’éducation, son activité professionnelle, son niveau de compétence linguistique et ses capacités d’adaptation au pays d’accueil jouent un rôle déterminant.

Si le lien entre migration et commerce est établi, il semble légitime de s’interroger sur les incidences à terme de la montée du protectionnisme et des politiques migratoires sélectives déployées depuis quelques mois par les pays membres de l’OCDE.

 

Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

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Pierre Vimont « Chaque Etat européen doit participer à l’effort d’accueil des réfugiés de manière équitable »

Consultant à Carnegie Europe et ambassadeur de France auprès de l’Union européenne, Pierre Vimont fut l’organisateur du sommet de la Valette sur les migrations en novembre 2015. Ce spécialiste de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère française participait à la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. Une centaine d’experts méditerranéens ont livré leurs analyses sur le thème de la « Migration et crise des réfugiés dans l’UE-Med: l’aube d’une ère de responsabilité partagée ? ».

Pierre Vimont est un expert de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère. ©N.B.C

Pierre Vimont est un expert de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère. ©N.B.C

Depuis 2010, les états arabes traversent une crise sans précédent. Quel est l’état des lieux ?

Ces crises ont suscité l’espoir en 2010 tant du côté des pays arabes que des États européens. Mais certains pays ont très vite rencontré des difficultés économiques. Le désenchantement a succédé aux espérances en Syrie, en Libye et au Yémen. Nous constatons une réelle difficulté à définir les actions à mener pour aider ces pays à parvenir à la stabilité politique, sécuritaire et à trouver un peu de prospérité économique.

L’immigration des réfugiés a fragmenté le territoire européen. Cette question ne représente-t-elle pas un danger pour l’Europe ?

La gestion de la crise des réfugiés suscite une profonde division au sein des États membres. Cependant, il ne faut jamais désespérer de l’Europe. La solidarité, la coopération loyale entre tous les partenaires, constituent la clé du problème. L’Italie et la Grèce, compte tenu de leur position géographique, font beaucoup plus d’efforts pour accueillir les immigrés et leur accorder le droit d’asile. En 2016, 770 000 personnes ont bénéficié du droit d’asile. Il existe trop de disparités entre les Etats. Chacun doit participer à l’effort d’accueil des réfugiés de manière équitable. Près de 450 000 résident en Allemagne, la France n’en compte que 35 000.

Comment se positionne la France ?
Pierre Vimont lors de la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. ©NBC

Pierre Vimont lors de la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. ©NBC

L’effort français en matière de droit d’asile reste très inférieur à l’Allemagne. Ce pays comble un déficit démographique générateur d’emplois non pourvus. La France essaie d’améliorer son système de doit d’asile, de le rendre plus performant pour que les décisions soient prises plus rapidement. Les délais avoisinent actuellement une année mais devraient se voir réduits de moitié. L’opinion publique française demeure très réservée à l’égard des réfugiés et des émigrés économiques. Les autorités françaises sont assez prudentes sur ce dossier. Beaucoup pensent que les immigrés génèrent une concurrence déloyale. Or ils occupent des postes que les Français refusent comme la collecte des ordures ménagères dans les grandes villes ou l’emploi des travailleurs saisonniers dans le domaine agricole.

Comment éviter tout risque d’amalgame entre les attentats et la montée de l’islamisme ?

Les dirigeants politiques, les intellectuels, des élites doivent faire œuvre de pédagogie. Ils doivent expliquer les phénomènes migratoires pour éviter tout risque d’amalgame. Pour cela, il faut avoir le courage de parler haut et fort et d’expliquer la réalité du terrain. Les réfugiés politiques ne sont pas des immigrés en situation illégale attirés par des employeurs peu scrupuleux. Ce sont des citoyens persécutés dans leurs pays, sans autre alternative que de fuir.

Les rapports des sessions plénières de la conférence annuelle FEMISE 2017 sont disponibles en cliquant ici.

Interview réalisé par en partenariat avec Econostrum lors de la Conference FEMISE de 2017- Photo par Nathalie Bureau du Colombier.

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Éducation et mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes

Quelle relation existe-t-il entre les inégalités hommes/femmes en matière d’éducation et la mobilité intergénérationelle des femmes dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée? Dans un rapport FEMISE intitulé « Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries», les experts du FEMISE insistent sur le lien entre les inégalités et l’immobilité sociale.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Les inégalités entre hommes et femmes dans le domaine de l’éducation et de la scolarité diminuent dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, même si l’amélioration du niveau de scolarisation concerne davantage les hommes que les femmes, constatent les chercheurs FEMISE de l’Université Al Akhawayn au Maroc et de l’Académie d’études économiques de Bucarest dans leur rapport (FEM41-01)« Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries ».

La mobilité intergénérationnelle permet à une personne de changer de position sociale par rapport à celle de ses parents. Ainsi, le rapport compare l’inégalité et la mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes à celles des pays d’Europe Centrale et de l’Est. Les chercheurs constatent dans tous les pays un lien entre le niveau d’inégalités et l’immobilité intergénérationnelle. Un concept appelé «la courbe de Gatsby». Plus les inégalités sont élevées et plus la situation sociale reste figée d’une génération à l’autre. Peu de pays arabes voient les enfants atteindre un niveau d’éducation supérieur à celui de leurs parents.

En dépit d’une réduction des inégalités et d’une féminisation croissante dans le domaine de l’éducation, les chercheurs ne constatent pas de réelles avancées sur le marché du travail des pays arabes, en raison des rigidités pénalisant les femmes salariée ou créatrice d’entreprises.

Quelles recommandations pour favoriser la mobilité intergénérationnelle ?

« Le chômage peut devenir un vrai frein au changement », explique l’un des auteurs du rapport, Ahmed Driouchi. Ce professeur d’économie à l’université Al Akhawayn, à Ifrane au Maroc, confirme que les femmes sont plus touchées que les hommes. Les pays arabes devront créer sensiblement plus d’emplois qu’actuellement pour simplement réussir à stabiliser la courbe du chômage.

Le rapport invite les pays arabes à favoriser la mobilité intergénérationnelle, particulièrement chez les femmes. Pour y parvenir, le professeur Ahmed Driouchi indique de nombreux outils comme « la scolarisation, la lutte contre les déperditions, le transport, le logement, les cantines scolaires, les bourses étudiantes ». Il souligne que d’autres instruments comme l’évaluation en relation avec des standards internationaux (TIMSS, PISA..) ainsi que des échanges d’étudiants ou bien des activités conjointes avec des pays de l’UE peuvent permettre aux nouvelles générations d’accéder à des niveaux d’éducation plus élevés que ceux de leurs parents.

Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

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Gérard Tur

Le tourisme en Méditerranée, un secteur à deux vitesses

Depuis les Printemps arabes et la vague terroriste, les voyageurs boudent les pays du Maghreb et du Machrek au profit de destinations sécurisantes au nord de la Méditerranée. Dans leur tout dernier rapport, les économistes du Femise dressent un état des lieux et livrent des pistes pour redresser un secteur vital pour les économies du sud. Les établissements hôteliers devraient adopter de nouveaux modes de gestion et modifier leurs approches marketing. Cependant, la principale recommandation porte sur le ciblage d’une nouvelle clientèle. Et si le Maghreb devenait la nouvelle destination à la mode des Chinois ?

Plage de l'hôtel Rammada Plaza à Gammarth Tunisie (photo : F.Dubessy)

Plage de l’hôtel Rammada Plaza à Gammarth Tunisie (photo : F.Dubessy)

Avec 250 millions de touristes dépensant 200 mrds$ par an, la Méditerranée se hisse sur le podium des destinations les plus prisées au monde. Une manne répartie de manière inégale depuis les révolutions de 2011.

Si les premières années, les voyageurs ont continué à fréquenter les stations balnéaires tunisiennes, le massacre djihadiste de touristes sur les plages en 2015 a porté un coup à l’activité qui représentait 10% du PIB du pays. La richesse générée par le tourisme a fondu comme neige au soleil, ne représentant plus que 7% du PIB de la Tunisie.

« Sept millions de touristes se sont détournés d’Afrique du Nord depuis 2010. L’Égypte a perdu cinq millions de touristes et la Tunisie deux millions et demi », constate le rapport du Femise, publié en janvier 2017, coordonné par  Doaa Salman, professeure au Caire (October University for Modern Sciences and Arts, Egypt) en collaboration avec Andrés Artal-Tur professeur a Valence (Technical University of Cartagena & Institute of International Economics (IEI-UV), University of Valencia, Spain).

À l’inverse, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et le Portugal, considérés comme des destinations refuge, enregistrent des records de fréquentation. En 2011, les tour-opérateurs ont dérouté douze millions de voyages vers l’Espagne. Début 2016, la péninsule ibérique affichait une progression record : + 13,4 % pour les Baléares, + 5,1% pour l’Espagne continentale, + 6,4% pour les Canaries, et surtout + 40% pour le Portugal.

Croissance des touristes asiatiques

L’étude analyse en profondeur les conséquences de ce report de la clientèle touristique en Tunisie et en Egypte. Un phénomène qui  fait fuir les investisseurs et aggrave le chômage.

Intitulé « Les gagnants et les perdants dans le tourisme et l’industrie hôtelière pendant la phase de transition », le rapport Femise (FEM41-04) préconise un certain nombre de pistes pour augmenter les recettes liées au tourisme.Si le retour de la stabilité politique et de la paix semble indispensable, le Femise suggère d’accentuer la politique de voisinage et de développer la formation des directeurs de complexes hôteliers au sud de la Méditerranée.Des efforts ont été engagés en Tunisie et en Égypte pour attirer des touristes internationaux, mais sans grand succès. Pour l’instant, l’Europe capte ces flux.

« La croissance du nombre de visiteurs  en provenance d’Asie et d’Amérique du Nord vers les destinations européennes se poursuivra à l’avenir. La Méditerranéenne devrait conserver un haut niveau de compétitivité », indique le rapport en conclusion.Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

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Les gagnants et les perdants dans le tourisme et l’industrie hôtelière pendant la phase de transition

Rapport Exécutif du Projet de recherche FEMISE (FEM 41-04)

Ce “Rapport Exécutif”, nous permet de synthétiser les principales conclusions du projet de recherche FEMISE (FEM 14-04) sur « Les gagnants et les perdants dans le tourisme et l’industrie hôtelière pendant la phase de transition : Indices aux pays du Nord et du Sud de la Méditerranée » conformément au programme de recherche du FEMISE 2015/2016.

Le tourisme est l’épine dorsale dans plusieurs pays de la Méditerranée (MED), puisque il est une source importante de devises étrangères, attire les investissements, absorbe la main-d’œuvre et contribue au développement des pays. Le tourisme est une industrie sensible dépendant de la sécurité et la sûreté dans le but d’attirer les touristes du monde entier. En 2015, la région méditerranéenne était la première destination touristique au monde, elle a enregistré l’arrivée de 250 millions de personnes, 200.000 millions de dollars de recettes, grâce aux destinations phares de la rive nord de la Méditerranée (la France, l’Espagne, La Grèce et l’Italie) et les éminents pays de la rive sud de la Méditerranée (l’Egypte, la Turquie et la Tunisie), selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) 2016.

En 2010 et 2011, tout au début du Printemps arabe, les Médias ont défini les révolutions de ce Printemps comme étant des mouvements de protestation pacifiques réclamant la correction des déséquilibres, la prévention de la corruption, l’amélioration des conditions de vie des pauvres et la lutte contre l’inégalité. Plus tard, les protestations et la violence accentuées envoyaient, un message clair aux touristes que ces pays sont des destinations à risques. L’instabilité répandue dans les pays de la Méditerranée a refaçonné la région¸ en des places vulnérables et dangereuses notamment après plusieurs attaques contres les touristes au sud de la Méditerranée. Ensuite, le taux d’arrivées des touristes et les revenus engendrés par le tourisme se sont reculés surtout en Egypte et en Tunisie, imprégnant ainsi leur revenu national. Par ailleurs, des destinations importantes de la rive nord de la Méditerranée recevaient une majeure partie des touristes qui ont changé leurs destinations et ont annulé leurs visites aux pays du sud. Certains pays comme l’Espagne, l’Italie, la France et la Grèce ont enregistré une augmentation remarquable du taux d’arrivées touristiques depuis le début du Printemps arabe.

Le premier chapitre de l’étude porte sur l’évaluation des conséquences des révolutions du Printemps arabe sur le tourisme dans les pays du sud et du nord de la Méditerranée en étudiant les deux cas de l’Egypte et l’Espagne. Dans le cas de l’Egypte, le secteur touristique a été négativement influencé par l’instabilité, alors que le pays faisait face à la baisse des entrées touristiques, des revenus, des taux d’occupation, du taux d’emploi, d’impôts perçus et d’investissements. Cependant, le pays est actuellement en pleine phase de transition ; le rétablissement vers une situation stable et la promotion du pays en tant que destination touristique sûre sont actuellement les objectifs principaux, afin de récupérer les bénéfices attendus du tourisme international. Par contre, au cours de ces années, l’Espagne avait enregistré une hausse remarquable des flux touristiques en provenance de l’étranger. Les tour- opérateurs internationaux ont modifié plus de 12 millions de voyages vers ce pays en 2011, selon les estimations officielles (Exceltur), l’année 2015 est marquée par un taux historique de 69 millions d’arrivées touristiques internationales. Plus généralement, les pays méditerranéens de l’Europe du sud ont augmenté leurs arrivées touristiques internationales pour plus de 50 millions de personnes entre 2010 et 2015; alors que ces arrivées ont chuté de plus de 7 millions de personnes dans les destinations traditionnelles de l’Afrique du nord depuis 2010 ; l’Egypte a perdu plus de 5 millions de touristes et la Tunisie plus de 2.5 millions de personnes pendant ces années.

Après cette introduction, les deux chapitres suivants de l’enquête se focalisent sur la manière de limiter les effets de l’instabilité sur le tourisme et l’industrie hôtelière dans la région méditerranéenne. Pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, le deuxième chapitre propose un modèle de mix-marketing qui contribue à réduire les effets de la crise sur la main-d’œuvre et ceux de la faible gestion. Le modèle est testé sur le cas de l’Egypte. Pour les pays de la rive nord de la Méditerranée, le troisième chapitre analyse les changements principaux des profils et des comportements des touristes visitant la région. A l’aide d’un modèle de dépense, on a analysé comment ces changements pourraient affecter la durabilité économique du secteur touristique à l’avenir. Ce paramètre est appliqué à l’étude du cas de l’Espagne comme étant point de repère parmi les destinations dans cette région.

Le deuxième chapitre de l’étude se focalise sur la conception d’un nouveau modèle de mix-marketing pour sauver l’industrie hôtelière dans la région sud-méditerranéenne en présentant des indices en Égypte après le Printemps arabe. Le chapitre met l’accent sur la nécessité d’identifier les hypothèses clés pour envisager des pistes d’amélioration, restructurer et développer le tourisme et l’industrie hôtelière pendant la phase de transition. Le modèle est divisé en un environnement interne et un environnement externe. Notre objectif tend à former des directeurs dotés de nouveaux outils d’analyse qui leur permettent de relever les défis actuels. Pour tester ce modèle, des recherches empiriques basées sur l’analyse d’une enquête sur des hôtels 4 et 5 étoiles au Caire, Alexandrie, Charm El Cheikh, Hurghada, Louxor et Assouan en Égypte. L’analyse a été réalisée par combinaison de différentes techniques statistiques y compris la fiabilité et la validité intrinsèques des tests et les modèles de régression logistique. Comptant sur les modèles théoriques et les résultats empiriques, nous aboutissons aux remarques suivantes : l’effet significatif d’une administration faible dans les hôtels entraînant le licenciement des employés. La gestion des crises est considérée, dans ce contexte, un alternatif au licenciement pendant les périodes de transition

De plus, il existe des relations étroites et significatives entre le taux d’occupation pendant les périodes de transition et les facteurs du succès interne des hôtels représentés par les concepts de « travail orienté» et d’ « orienté client ». Les taux d’occupation pendant les périodes de transition sont devenus un facteur clé du succès interne d’un hôtel, et le modèle de marketing proposé a pu marquer les liens entre le mix-marketing contemporain, les réalisations du travail collaboratif du mix-marketing traditionnel et les dimensionnements pour optimiser les coûts. De tels résultats mettent l’accent sur le rôle de la bonne gestion et les techniques du marketing en faisant face aux restrictions dans le domaine d’industrie hôtelière aux pays du Sud dans les périodes de transition.

Le troisième chapitre du projet étudie les conséquences de la croissance impressionnante du taux des entrées touristiques internationales dans les pays du Nord de la Méditerranée dès le début du Printemps arabe. Force est de noter qu’en Espagne comme dans les autres pays du nord de la Méditerranée, la croissance du tourisme international en provenance de l’étranger s’est opposée à une chute manifeste des flux touristiques internes dès le début de la crise financière mondiale. Ce boom du tourisme international survenu en même temps du déclin de la demande sur le tourisme interne a indéniablement aidé l’industrie du tourisme à faire face aux exigences de son parcours de reconversion impérative.

Dans ce chapitre, l’étude est basée sur une enquête effectuée auprès de plus de 200,000 touristes internationaux et menée par l’Institut d’Etudes touristiques d’Espagne. La première partie de ce chapitre se focalise sur la saisie des principaux changements dans les profils des touristes arrivant au pays depuis le début des mouvements du Printemps arabe ainsi que sur les caractéristiques de leur séjour professionnelle. Les principales constatations montrent une croissance dans l’arrivée de nouveaux groupes de visiteurs y compris des touristes en provenance de l’Europe du Nord, des Amériques et de l’Asie en Espagne, de même qu’une présence croissante d’autres segments intéressants de touristes tels que les femmes, les jeunes voyageurs avec formation tertiaire ou voyageant seuls ou avec des amis. Tout au long des ces années, de nouveaux comportements des voyageurs apparaissent, y compris le recours croissant à la location d’appartements, à la réservation anticipée préférée par les clients et à la généralisation de l’utilisation de l’internet, par les touristes internationaux, pour faire les plans touristiques. La culture est consolidée comme étant le pivot central du développement du tourisme européen et méditerranéen, entre-temps d’autres activités intéressantes prennent place dans ces destinations telles que les événements touristiques (sportifs, culturels) et des activités étroitement liées à la particularité de la région méditerranéenne (gastronomie, vie nocturne). Dans la deuxième partie de cette recherche, on applique un modèle de dépenses des touristes sur quatre destinations phares en Espagne (les îles Canaries, les îles Baléares, Madrid et la Catalogne) pour identifier les facteurs qui contrôlent les dépenses des touristes dans le pays et par destination. Les facteurs les plus pertinents semblent être ceux du pays d’origine, du but de la visite, du type d’hébergement et du niveau de revenu des visiteurs.

En associant les résultats des deux sections, nous pouvons améliorer notre connaissance sur l’influence des changements des profils des touristes sur la durabilité économique des pays dans le futur proche. Dans ce sens, des résultats importants découlent de cette enquête. Le premier résultat se rapporte aux revenus croissants de nouveaux groupes de touristes dont leur présence en Espagne augmente considérablement au cours de ces années. Il s’agit des visiteurs internationaux en provenance des pays non-traditionnels du nord de l’Europe, d’Amérique du nord, de l’Asie et du Moyen Orient, qui font preuve des taux de dépenses plus élevés par rapport aux visiteurs traditionnels de l’Union Européenne. D’autres groupes de visiteurs qui ont une plus forte présence en Espagne et qui augmentent leurs dépenses moyennes selon les statistiques, sont ceux de jeune âge, de moyen revenu, les nouveaux visiteurs, et ceux qui ont une formation tertiaire. Les jeunes visiteurs des destinations urbaines (Madrid et Catalogne), ceux qui voyagent seuls ou avec des amis, tous avaient intensifié leur présence dans ce pays au cours de ces années, ce qui y a contribué à la croissance du taux de dépenses. D’autres tendances, identifiées dans l’étude, contribueraient, également, à accroître les dépenses à l’avenir, y compris les personnes engagées dans des activités ayant trait à la culture ou l’alimentation, deux domaines qui ont connu une croissance significative au cours des dernières années. La croissance de ces activités élargit l’envergure des dimensions culturelles et sociales des destinations concernées, augmente leurs revenus économiques et renforce ainsi leur compétitivité. En général, des résultats positifs sur le plan de la durabilité économique et de la compétitivité ont été identifiés en Espagne au cours de ces années. Une partie de ces résultats est liée au changement de destinations par les touristes suite au déclenchement du Printemps arabe.

Toutefois, les résultats de l’enquête ont souligné d’importantes difficultés. A la tête de ces difficultés, figure celle de la capacité des destinations à augmenter les dépenses des visiteurs traditionnels de l’Union Européenne qui représentent, encore, d’environ la moitié de la demande touristique internationale en Espagne.

Comme les destinations nord-africaines font preuve d’une compétitivité-prix plus élevée, les pressions pour la réduction des prix du tourisme en Espagne ont entraîné une baisse des dépenses moyennes touristiques dans certaines destinations. Une telle situation souligne le besoin d’attirer davantage de touristes hauts revenus des pays d’outre-mer, c’est-à-dire les touristes chinois, considérés comme cible visée, mais qui ont réduit quelque peu leur présence en Espagne au cours de ces années. Ces deux points clés montrent la nécessité de poursuivre le processus de reconversion du modèle touristique en Espagne surtout pour les anciennes destinations balnéaires.

Résumé des trois chapitres, Les principales conclusions du projet de recherche no. FEM 41-04 montrent que l’industrie touristique dans la région méditerranéenne fait face à une situation difficile compte tenu l’instabilité suscitée par les derniers développements surtout le Printemps arabe et la guerre en Syrie. Le projet propose des instruments d’amélioration la fiable gestion de l’industrie hôtelière dans les pays du sud de la Méditerranée, ainsi que des directives pour augmenter la dépense touristique moyenne dans les destinations du nord de la Méditerranée en vue d’assurer leur durabilité économique. Toutefois, aucune de ces mesures ne se révèlera effective sans une détermination des institutions de l’Union Européenne, pour établir la paix et la stabilité dans la région méditerranéenne. Ceci représente l’essentielle recommandation politique du projet.

Mettre l’accent sur les politiques de voisinage pour développer des instruments de paix et de coopération aurait des effets bénéfiques pour toute la région, vu que l’instabilité est un phénomène qui se répand et traverse les frontières soit au Nord ou au Sud de la Méditerranée.

 

INDEX

« Winners and Losers in the Tourism and Hospitality Industry along the Transition Process: Evidence from South and North MED Countries« 

  1. Executive Summary Research Project FEM 41-04
  2. Résumé Exécutif Rapport de Recherche FEM 41-04
  3. Chapter 1: The impact of the Arab Spring and regional instability on the tourism sector along the MED region
  4. Chapter 2: A new marketing mix model to rescue the hospitality industry: Evidence from Egypt after the Arab Spring
  5. Chapter 3: International tourism in Spain since the Arab Spring movements: A review from the perspective of economic competitiveness and sustainability of destinations