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Med Change Makers e02 : Simona RAMOS, Migration induite par le changement climatique : Enjeux et Solutions

FEMISE a récemment lancé sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

 Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Migration induite par le changement climatique : Enjeux et Solutions

Entretien avec Simona RAMOS, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Simona RAMOS, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

La dernière édition du rapport ENERGIES2050 / Institut de la Méditerranée / FEMISE « Les Défis du Changement Climatique en Méditerranée » offre un éclairage sur la place spécifique du bassin méditerranéen dans le nouvel Agenda climatique international.

Simona Ramos (Aix-Marseille Université (France), Policy Researcher à l’Institut de la Méditerranée / FEMISE) a contribué au rapport en étudiant le lien entre « Migrations et climat dans les pays du sud de la Méditerranée ».

Dans cet entretien, Simona Ramos offre des pistes de réflexions politiques pour faire face aux effets continus de la migration climatique.

 

  1. En ce qui concerne les efforts de mise en œuvre de l’Accord de Paris, quel(s) pays de la région Sud-Med sont des exemples à suivre et pourquoi?

Les pays de la région Sud-Med diffèrent dans les progrès réalisés pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Le Maroc et Israël sont nettement en avance en termes de politiques et d’actions. Au cœur des efforts actuels de réduction des émissions du Maroc se trouve la Stratégie Énergétique Nationale, qui vise à porter la part de la capacité d’électricité renouvelable à 42% d’ici 2020 et à 52% d’ici 2030. Le Maroc a fait preuve d’une politique active, avec des investissements massifs dans l’énergie solaire à commencer par la construction du complexe solaire géant de Noor (utilisant l’énergie solaire concentrée) près de Ouarzazate. D’un autre côté, l’Algérie, la Tunisie et la Palestine semblent être disposés à prendre des mesures plus courageuses pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, bien que ces pays soient également confrontés à de sérieuses contraintes. Par exemple, en termes de législation, la Tunisie est devenue l’un des rares pays à reconnaître le changement climatique dans sa Constitution, même si les politiques liées au climat dans ce pays doivent être améliorées.

  1. Vous suggérez qu’il n’y a pas eu suffisamment de coopération entre les pays du Sud. Pourquoi est-ce si important et quelles sont vos suggestions à cet égard?

En effet, l’un des principaux problèmes auxquels les pays du Sud de la Méditerranée sont confrontés est le manque de collaboration mutuelle dans la mise en œuvre de leurs politiques climatiques. Une collaboration Sud-Sud solide pourrait favoriser une amélioration significative de la mise en œuvre de la politique sud-méditerranéenne en matière de changement climatique. La coopération peut contribuer au renforcement mutuel des capacités dans le domaine de la recherche et du développement. En outre, le transfert de technologie et de savoir-faire peut être favorisé par des cadres législatifs et institutionnels (par exemple en développant des cadres de transfert de technologies et des environnements propices à l’intégration de politiques de transfert de technologie au niveau national). Le potentiel de la coopération Sud-Sud est vaste et, en tant que tel, devrait être sérieusement pris en considération.

  1. Comment les processus climatiques affectent-ils la migration humaine? A-t-on fait quelque chose au niveau de la politique nationale à cet égard au sein des PSM?

Les processus climatiques affectent sérieusement les migrations. Néanmoins, on peut soutenir que ce sujet ne reçoit pas l’attention voulue car, contrairement aux événements climatiques, les processus climatiques se produisent de manière graduelle et cumulative, et il est difficile d’établir une relation causale stricte. Néanmoins, l’effet du changement climatique sur les populations peut fonctionner de multiples façons. L’eau, la nourriture et la disponibilité des terres peuvent être sérieusement affectées et les populations peuvent être forcées à migrer hors des zones touchées. La région du sud de la Méditerranée a été parmi les régions du monde les plus touchées par le climat, avec une élévation du niveau de la mer et une désertification continues. En ce qui concerne les politiques, ce qui a été fait jusqu’ici consiste en des mesures d’adaptation et d’atténuation (souvent dans le cadre des CDN ou des CN des pays). Néanmoins, on peut faire valoir que ces mesures ne traitent pas nécessairement et / ou ne s’attaquent pas entièrement aux migrations (forcées) induites par le climat.

  1. Vous déclarez que les mesures politiques actuelles ne parviennent pas à répondre pleinement aux impacts continus de la migration climatique. Pourquoi, et quelles sont vos suggestions politiques pour faire face aux effets continus de la migration climatique dans les pays du sud de la Méditerranée?

Bien qu’il puisse être fermement soutenu que les mesures politiques actuelles et les stratégies climatiques sont cruciales face au changement climatique, elles ne sont pas destinées à aborder complètement l’ensemble des conséquences du changement climatique, comme celui des migrations induites par les processus climatiques. Ceci est dû à plusieurs raisons. L’atténuation, l’adaptation ainsi que le renforcement des capacités et les stratégies de transfert de technologie prennent du temps à être mis en œuvre, ce qui signifie que les millions de personnes actuellement touchées ne sont pas susceptibles de bénéficier immédiatement de ces mesures. Aussi, pour que ces stratégies soient efficaces, un consensus global est nécessaire. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, comme l’a montré l’histoire récente.

L’une des recommandations politiques à cet égard consisterait à incorporer la migration induite par le changement climatique dans le cadre juridique international, en tant que stratégie d’adaptation plutôt qu’en tant qu’échec d’adaptation. Dans ce cas, le fait d’avoir un statut légal pour les «migrants climatiques» permettrait d’aborder et de protéger correctement les personnes qui traversent des difficultés. D’autres suggestions incluent l’utilisation de la «réinstallation planifiée», une approche qui a souvent été incorporée dans les cas de catastrophes naturelles. Beaucoup ont favorisé cette approche, car elle se déroule généralement à l’intérieur des frontières du pays, permettant une plus grande flexibilité et évitant la complexité d’exiger des accords internationaux.

  1. Comment les mesures de réinstallation peuvent être utilisées pour répondre aux personnes touchées par la migration induite par le climat?

Les stratégies de réinstallation planifiées peuvent être complexes et difficiles à mettre en œuvre, en particulier si un pays manque de capacités institutionnelles, technologiques et financières.

  • Premièrement, il devrait y avoir une identification précoce des populations exposées aux catastrophes et aux autres impacts du changement climatique, ou bien affectées par des projets d’atténuation et d’adaptation associés au changement climatique. Une cartographie nationale de ces populations doit être systématisée et partagée publiquement pour maximiser la sensibilisation.
  • La planification pour la réinstallation devrait être intégrée dans les stratégies nationales et nécessite la création d’un environnement propice, incluant une base juridique pour entreprendre la réinstallation planifiée, un renforcement des capacités, une institutionnalisation et une approche pangouvernementale.
  • La durabilité de la réinstallation planifiée devrait être assurée par une attention adéquate portée à la sélection des sites, aux moyens de subsistance, à l’intégration (identité et culture) et aux communautés hôtes, parmi d’autres facteurs.
  • Des systèmes quantitatifs et qualitatifs indépendants de suivi et d’évaluation, à court et à long terme, devraient être créés pour évaluer les impacts et les résultats de la réinstallation planifiée.
  1. Qu’est-ce que le projet de Grande Muraille Verte et quelles sont ses implications et son potentiel pour les pays du sud de la Méditerranée?

La réinstallation planifiée devrait être une option de dernier recours, car c’est un processus complexe et coûteux. Il est nécessaire de permettre l’amélioration des conditions de vie des zones touchées par le changement climatique. L’un des projets les plus importants à cet égard est la Grande Muraille Verte, une initiative africaine visant à « verdir » le désert (en cultivant plus de plantes et d’arbres) dans le but de fournir de la nourriture, des emplois et un avenir à des millions de personnes vivant dans des régions qui sont affectés par le changement climatique.

L’incapacité à vivre à partir de la terre peut être un facteur important de migration. L’écologisation des zones qui sont actuellement peu peuplées et qui ne sont pas en mesure de subvenir pleinement aux besoins humains pourrait apporter de nombreux avantages, comme i. les personnes qui vivent déjà dans ces régions ne seraient pas obligées de s’en aller et ii. ces zones pourraient également servir de lieu potentiel de réinstallation pour les populations des zones touchées avoisinantes. L’Algérie, l’Égypte et la Tunisie sont déjà partenaires dans ce projet et pourraient servir d’exemple aux autres PSM.

 

Propos recueillis par Constantin Tsakas

Rapport « Les Défis du Changement Climatique en Méditerranée » (2018)

FEMISE est heureux d’annoncer la publication de la version finale de l’édition 2018 du rapport sur « Les défis du changement climatique en Méditerranée : la Méditerranée dans le nouvel Agenda climatique international », dans la collection Guides pour Agir. Il s’agit d’une coproduction ENERGIES2050 – Institut de la Méditerranée – FEMISE.

 

Le rapport est disponible au téléchargement en cliquant ici

 

Ce rapport, coordonné par Stéphane Pouffary (ENERGIES 2050), Guillaume de Laboulaye (ENERGIES 2050) et Constantin Tsakas (Institut de la Méditerranée, FEMISE), présente de façon actualisée les réalités du changement climatique dans les pays du pourtour du bassin méditerranéen et les actions mises en œuvre par les parties prenantes pour répondre aux défis et aux enjeux de la lutte contre les changements climatiques. La Méditerranée fait partie des « point chauds » de notre planète et les impacts des changements climatiques y sont très prononcés et particulièrement visibles sur les pays des rives Sud et Est. La mobilisation internationale autour du climat témoigne d’une prise de conscience réelle que ce soit pour les Etats-Parties signataires de la CCNUCC ou pour les acteurs non étatiques et gouvernements infranationaux fortement mobilisés sur ces questions.

Pour autant, l’ambition des engagements collectifs et individuels sont unanimement reconnus comme très insuffisants au regard des réalités et des défis auxquels l’ensemble des pays et territoires concernés sont et seront confrontés. De plus, au-delà des engagements, la mise en œuvre et l’action restent insuffisante, fragmentée et parcellaire. La Méditerranée ne fait pas exception et plus que jamais la mise en place d’un agenda commun de l’action est indispensable d’autant que le temps des négociations internationales n’est pas le même que la rapidité avec lesquels les changements et altérations se produisent.

Le rapport sera présenté lors d’une session dédiée à Atelier « Changement Climatique en Méditerranée et Attractivité des Territoires », Marseille, 15 Mai 2018.

Une première version avait été présentée à l’occasion de la 23ème Conférence des Parties (CdP23) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui s’est déroulée à Bonn (Allemagne) du 6 au 17 novembre 2017. Ce rapport a vocation à devenir une publication régulière et à être accessible à l’ensemble de la communauté des acteurs engagés sur ces questions. L’idée de cette action étant i. de produire des recherches politiquement pertinentes et ii. d’encourager l’émergence d’un écosystème d’acteurs UE-Med (macro, méso et micro) pour répondre efficacement aux défis posés.

Pour un Policy Brief (Med Brief) extrait du rapport cliquez ici.

Pour un entretien « Med Change Makers » (video  et texte) sur le cas du Liban cliquez ici.

Pour un aperçu de la présentation du rapport à la COP23 au Pavillon de la France, cliquez ici.

Pour redécouvrir les publications FEMISE passées sur le thème « Environnement, énergie, changement climatique » veuillez vous rendre ici.

Pour un article journalistique AfricaPress.Paris sur la présence de IM et FEMISE à la COP23 cliquez ici.

Atelier sur « Changement Climatique en Méditerranée et Attractivité des Territoires »

MISE A JOUR: Visionnez le reportage de l’évènement ici:

La Méditerranée fait partie des « point chauds » de notre planète et les conséquences des changements climatiques y seront toujours plus fortes qu’ailleurs. La réduction des émissions de gaz à effet de serre, la question de l’eau et de la désertification et la prise en compte des besoins en adaptation des pays riverains sont des nécessités. Outre l’impulsion nécessaire au niveau des Etats, les mesures qui répondront à ses réalités doivent également se décliner au niveau des territoires pour démultiplier les moyens d’action.

L’atelier, organisé par l’IM et le Conseil Départemental des Bouches du Rhône, en partenariat avec FEMISE et ENERGIES 2050, s’adresse aux acteurs pour qui ces problématiques ont une résonance, les acteurs politiques du territoire ainsi que les acteurs non étatiques (opérateurs privés, organisations de la société civile, universités…). Tout en considérant la situation économique récente et actuelle, cet atelier souligne les opportunités de développement à saisir. Il permet d’illustrer la dynamique créée par les acteurs locaux et d’apporter une contribution positive aux débats sur les enjeux climatiques en Méditerranée au regard des réalités et défis actuels.

Cet atelier sera aussi l’occasion de présenter le rapport ENERGIES2050 – Institut de la Méditerranée – FEMISE sur :

 « Les défis du changement climatique en Méditerranée (2018) » (disponible ici)

 

– La Concept Note de l’Atelier est disponible ici.

– Le programme de la journée est disponible ici. 

IM et FEMISE  participent avec un financement dans le cadre du projet UE-FEMISE “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Les opinions exprimées dans cette conférence sont de la seule responsabilité des auteurs.

Med Change Makers e01 : JULIE HARB, Changement Climatique et Economie Libanaise

FEMISE est heureux d’annoncer le lancement de sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Changement Climatique et Economie Libanaise

Entretien avec JULIE HARB, Université St Joseph (Liban), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Julie Harb (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Institut de la Méditerranée, FEMISE)

La dernière édition du rapport ENERGIES2050 / Institut de la Méditerranée / FEMISE « Les Défis du Changement Climatique en Méditerranée » (disponible en Mai), offre un éclairage sur la place spécifique du bassin méditerranéen dans le nouvel Agenda climatique international.

Julie Harb (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Policy Researcher à l’Institut de la Méditerranée / FEMISE) fait partie des jeunes chercheurs qui ont contribué au rapport. Dans cet entretien, qui se focalise sur le cas libanais, Julie Harb souligne la nécessité d’entreprendre davantage d’efforts publics pour la protection environnementale et le besoin d’un changement des mentalités face au changement climatique.

1) Dans l’accord de Paris, les pays se sont engagés par le biais des CDN (contributions nationales déterminées). Tous les pays du sud de la Méditerranée, à l’exception du Liban, ont ratifié l’Accord de Paris. Comment s’explique cela ?

Malheureusement, dans son agenda politique le Liban ne donne pas une grande priorité à la question du changement climatique et à la protection de l’environnement bien que le pays commence à sentir les effets du changement climatique. D’autres questions, comme celle des élections législatives, sont percues comme plus importantes. Par aillers, ratifier l’Accord de Paris imposerait au Liban l’application des dispositions du traité, ce qui influencerait les politiques publiques et les mécanismes de protection. Comme les autorités ne voient pas dans cette question une priorité, l’accord est perçu comme un « poids lourd » en terme de législation mais également en termes de dépenses.

2) Quelles forces et efforts en cours pour la protection de l’environnement et pour limiter l’impact du changement climatique au Liban ? Quels exemples sectoriels à mettre en avant ?

Il faut noter que l’Etat a fait quelques efforts par le passé sur la protection de l’environnement par le biais de certaines législations: c’est le cas par exemple de la loi no. 444/2002 de la protection de l’environnement qui présente la seule législation majeure qui traite directement du changement climatique au Liban ou la loi 341/2001 sur la réduction de la pollution de l’air par les transports qui mentionne indirectement la protection de l’environnement. De même sur le plan exécutif, on note certaines initiatives comme la création d’un Conseil national pour l’environnement qui comprend 7 ministères et 7 entités non publiques censé préparer des plans et des politiques, soutenir, intégrer et suivre toutes les politiques du ministère et tous les conventions et traités. Une unité nationale de coordination sur le changement climatique (UCCC) a été mise en place pour coordonner un total de 40 représentants qui traitent directement ou indirectement du changement climatique.

Sur le plan sectoriel, un projet d’énergies renouvelables a été mis en place pour fournir 20 MW d’énergie solaire et aurait dû être finalisée en 2016. Cependant, à ce jour, cette ferme photovoltaïque ne fournit que 1 MW . Le ministère de l’Énergie et de l’Eau a émis plusieurs lois concernant ce secteur mais malheureusement aucun décret d’application n’a été ajouté au texte.

3) Quelles sont les principales faiblesses pour combattre les effets du changement climatique au Liban ?

Malgré un grand nombre de décisions, lois et initiatives, des problèmes persistent quant à la lenteur du processus qui traitera cette question. La présence de multitudes d’organes et d’organismes responsables de la protection de l’environnement pourrait être la cause de cette lenteur. Le manque de coordination augmente le poids de la bureaucratie et engendre une fragmentation de la question. Néanmoins, je trouve à titre personnel que l’essence du problème réside dans le manque de la volonté des responsables et autorités à traiter cette question.

4) Les ONG et la société civile contribuent-elles au changement de mentalités ?

Depuis quelques années, les ONG et la société civile jouent un rôle très important en éveillant l’attention de la population libanaise sur la question de la protection de l’environnement tout en créant une culture de développement durable, mais aussi en changeant les mentalités, en incitant au recyclage depuis les écoles et institutions éducatives. Toutefois, malgré le grand travail fourni par ces organisations au niveau de la société, cette dernière n’arrive pas à suffisamment influencer les politiques publiques et les décisions politiques. Un travail de plaidoyer plus appuyé serait nécessaire.

5) Quelles sont selon vous les actions prioritaires à adresser et comment ?

La résolution de la question des déchets qui a débuté en 2015 et qui jusqu’à ce jour n’a pu être réglée d’une façon efficace devrait être inscrite en premier dans l’agenda de la protection environnementale par les autorités. En tant que citoyenne libanaise je trouve que cette résolution nécessite un plan précis de long terme préparé en amont ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une deuxième priorité serait celle du nettoyage de la mer : en effet, face à la crise des déchets, l’état a pris la décision de créer des zones de déchets à côté de la mer, ce qui signifie qu’en période de tempêtes,ces déchets ont été dispersés dans la mer nuisant à l’écosystème marin et à la qualité de vie des populations.

Par ailleurs, les ONG libanaises en manque de soutien devraient établir davantage de partenariats avec des organisations internationales qui agissent en matière de changement climatique et qui pourraient adapter leurs solutions localement et accroître la capacité d’adaptation de l’économie libanaise.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

 

 

FEMISE MED BRIEF no6 : L’importance d’aligner les positions des pays MED sur l’Accord de Paris

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le sixième numéro de MED BRIEF « L’importance d’aligner les positions des pays du sud de la Méditerranée sur l’Accord de Paris » est disponible en cliquant ici.

L’Accord de Paris constitue une avancée dans les efforts mondiaux pour faire face aux menaces du changement climatique. Cependant, pour respecter l’accord, les pays doivent rapidement mettre en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN), atteindre les objectifs de réduction des émissions pour 2020 et fixer des objectifs encore plus ambitieux pour l’avenir. Cela est loin d’avoir été réalisé dans l’ensemble des pays du sud de la Méditerranée (MED).

Constantin Tsakas (Délégué Général de l'Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE)

Constantin Tsakas (Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE)

Ce MED Brief, par Constantin Tsakas (Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE), soutient que les gouvernements et les parties prenantes des pays MED doivent réfléchir aux diverses contraintes qui pèsent sur l’efficacité de l’Accord de Paris et identifier les partenaires et les pratiques susceptibles de compléter le processus plus largement. Cet article fait allusion au besoin de coopération et de collaboration entre les pays du sud de la Méditerranée eux-mêmes. Les gouvernements devront élaborer un plan à long terme sur le changement climatique et l’appliquer concrètement. Il est nécessaire de mieux traiter avec les groupes économiques nationaux qui contribuent à limiter l’ampleur des réformes environnementales. En attendant, les solutions doivent toujours tenir compte de la réalité économique et sociale des pays MED.

 

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

FEMISE à l’atelier du Plan Bleu sur « Les instruments économiques des politiques environnementales »

Le Plan Bleu et l’Unité de Coordination du Plan d’Action pour la Méditerranée ont reçu le mandat des Parties Contractantes de préparer un nouveau rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée qui sera présenté à la Conférence des Parties à la Convention de Barcelone fin 2019.

Ainsi, le Plan Bleu a organisé un Atelier « Quels enjeux majeurs dans les zones marines et côtières en Méditerranée ? Données et tendances » au Campus du développement (ex CEFEB) de l’AFD à Marseille (France), les 12 et 13 décembre 2017.

L’objectif était de constituer un groupe d’une trentaine d’experts thématiques, issus d’institutions internationales, méditerranéennes, mais aussi nationales et locales, afin de contribuer à l’élaboration du rapport. Trois experts du réseau FEMISE ont été mobilisés, contribuant à identifier les thématiques prioritaires, les informations manquantes, et les connaissances devant être améliorées à propos des instruments économiques pour l’adaptation au changement climatique. L’objectif étant d’apporter du contenu utilisable dans le prochain rapport du Plan Bleu sur l’État de l’environnement et du développement en Méditerranée.

Aperçu des trois présentations FEMISE

Dr. Constantin Tsakas (General Manager of Institut de la Méditerranée, Secretary General of FEMISE)

Dr. Constantin Tsakas (Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE) : « Stratégies et instruments Sud-Med pour le changement climatique: quelle cohérence d’action pour l’atténuation / adaptation et quels autres besoins? »(présentation disponible ici)

Le changement climatique est une thématique de premier plan pour les pays Méditerranéens, du fait des fortes interconnections entre économie et environnement. Ces interdépendances font émerger des opportunités, en termes de création d’emplois, de ressources, mais aussi des problématiques (montée des eaux, stress hydrique…)

Les pays Sud-Méditerranéens sont impactés sur tous les fronts par le changement climatique (écosystème marin, biodiversité, populations vulnérables, agriculture, tourisme…), et les implications socio-économiques représentent une source potentielle de révoltes et de conflits. Malgré ces enjeux, beaucoup de pays Méditerranéens ont connu une augmentation des émissions de CO2 par habitant.

Quelles instruments économiques pour les politiques de l’environnement ? La taxinomie des instruments identifiés par les chercheurs du FEMISE, dans le cadre du travail mené pour le prochain rapport IM-FEMISE-ENERGIES2050 sur l’impact du changement climatique en Méditerranée (à paraitre en 2018), recense les biens environnementaux (marchés publics « verts »), les régulations (quotas, normes…), la création de nouveaux marchés (autorisation d’émissions, compensations en cas de dépassement des seuils autorisés), l’utilisation des marchés existants (taxes, subventions), et d’autres instruments tels que les labels et standards énergétiques. Sur papier, tous les pays Méditerranéens (sauf la Libye) ont un cadre politique concernant les énergies renouvelables. Ces pays ont adopté quelques uns de ces outils dans des secteurs spécifiques (énergies renouvelables, transport et tourisme, et gestion des déchets).

Parmi les instruments pour les énergies renouvelables, on a d’abord les appels d’offres publics au Maroc (projets de grande échelle), en Palestine, en Jordanie et en Israël (installations solaires photovoltaïques et éolien). Ensuite, des objectifs ciblés ont été définis (en termes de capacité ou de couverture) pour le chauffage et la climatisation issus d’énergies renouvelables. Des tarifications garanties pour l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables ont aussi été instaurées, notamment en Algérie (pour l’électricité issue du photovoltaïque). Enfin, on retrouve des taxes, comme celles sur la consommation d’énergie, sur le gaz naturel et sur les produits énergivores en Algérie.

Concernant les mesures mises en place pour la gestion des déchets, nous avons surtout des instruments utilisant le marché existant. En Tunisie, le FODEP subventionne les installations de dépollution ou de collecte et recyclage de déchets, et une taxe sur la VA des producteurs d’articles polluants a été instaurée. Le Maroc a mis en place une redevance pour le déversement de liquides et le rejet de déchets (basée sur le principe du « pollueur-payeur »), et une écotaxe sur les produits en plastiques et les emballages

Pour les secteurs du tourisme et des transports, les instruments suivants ont été identifiés : une taxe sur l’enregistrement des véhicules d’occasion en Tunisie, une subvention pour les démarches de labellisation écologique « Moussanada Siyada », et un fond « RENOVOTEL 3 » dédié à la mise à niveau environnementale des établissements touristiques au Maroc.

Les revenus issus des taxes environnementales varient entre pays Méditerranéens. En Tunisie ils étaient seulement de 1.16% du PIB en 2014, ce qui demeure insuffisant en comparaison de la Slovénie (3.9% du PIB, pour un PIB similaire à la Tunisie) ou du Maroc (1.72% du PIB). Parmi les pays de la région, la Turquie est le pays où le revenu des taxes représentait la plus grande part du PIB (3.83%), bien que ce pays ne soit pas comparable en termes de démographie ou de tourisme (la taille du pays compte dans les recettes fiscales).

Des efforts sont en cours sur le plan institutionnel, en particulier au Maroc (reconnaissance du développement durable en tant que droit pour chaque citoyen) et en Tunisie (changement climatique reconnu dans la Constitution en 2014), mais aussi à un degré moindre en Algérie. Mais il reste beaucoup à faire : la part des énergies renouvelables reste insuffisante dans le mix énergétique, et seule une part marginale des financements est destinée aux énergies renouvelables, alors que la majeure partie des fonds étant toujours attribuée aux énergies traditionnelles.

Le contexte (post-printemps arabes, pressions sociales) est à prendre en compte dans les orientations futures. La problématique clef est le manque de ressources pour implémenter des mesures favorables aux énergies « vertes », alors que les activités utilisant de grandes quantités d’énergies demeurent une grande source d’emplois. À long terme, l’enjeu sera de réorienter l’épargne et l’emploi vers des projets émettant moins de CO2.

Les recommandations préliminaires soulignent le besoin de continuer l’adaptation au changement climatique, tout en intégrant les réalités socio-économiques. La dynamique des innovations sociales et financières devrait servir à construire des solutions pour initier des partenariats visant à une Méditerranée « dé-carbonée » basée sur des principes de solidarité et de convergence économique. Les pays Mediterranéens devraient ainsi coopérer et échanger leurs bonnes pratiques. Enfin, face au problème des données disponibles (insuffisantes ou obsolètes), il est nécessaire d’établir une cartographie des outils à disposition et de procéder à leur évaluation, et de créer un observatoire sur les données climatiques pour permettre un meilleur suivi de l’évolution des pays.

Dr. Myriam Ben Saad (Université Panthéon-Sorbonne, Université du Sud Toulon-Var, FEMISE)

Dr. Myriam Ben Saad (Université Panthéon-Sorbonne, Université du Sud Toulon-Var, FEMISE): «Soutenir le développement des énergies renouvelables à l’aide d’instruments économiques en Méditerranée» (présentation disponible ici)

La région MENA détient le plus grand potentiel solaire et éolien du monde, ce qui représente une opportunité en termes de marché, d’infrastructures, de transfert d’énergies. Les enjeux sont la sécurisation des sources d’énergies d’une part (la région faisant face à une rareté des ressources en eau), et la diversification énergétique et économique d’autre part (source d’emplois, potentiel au niveau des chaines de valeur).

Après un aperçu de la littérature existante, trois variables d’intérêts reviennent régulièrement : les énergies renouvelables, l’investissement dans ces énergies, et l’effet des énergies renouvelables sur l’environnement.

Des études montrent que les politiques et les instruments favorables aux énergies renouvelables aident à promouvoir et à diversifier ces énergies, ainsi qu’à encourager l’investissement (bien que l’efficacité varie selon le type de politique mis en place et le niveau de revenu des pays). De telles politiques implémentées en Chine ont favorisé l’émergence d’un marché des énergies renouvelables plus efficient, avec un meilleur accès aux ressources financières et aux nouvelles technologies, et les taxes ont permis de promouvoir l’énergie solaire dans les villes andalouses.

La littérature est plus riche concernant l’effet des énergies renouvelables sur l’environnement. Une estimation sur 24 pays Méditerranéens montre que les énergies renouvelables ont un effet très positif sur la croissance, mais les politiques d’énergies renouvelables demeurent insuffisantes dans ces pays. Des études identifient une relation bidirectionnelle entre consommation d’énergies renouvelables et commerce d’une part et croissance économique d’autre part. D’autres papiers montrent l’impact positif des énergies renouvelables sur la réduction des émissions de CO2, sur la création d’emploi à court terme.

La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables a doublé entre 2008 et 2015, mais sa part dans la production totale d’électricité à déclinée à cause d’une croissance de la production d’électricité issue d’énergies fossiles supérieure à celle issue d’énergies renouvelables.

Source des ER dans l’électricité, 2015, %

De fortes disparités demeurent parmi les pays. L’Arabie Saoudite ne semblait pas produire d’électricité à partir d’énergies renouvelables en 2015, alors que la part d’électricité produite à partir de ces énergies était supérieure à 30% du total en Turquie et à 15% du total au Maroc.

Les pays Méditerranéens ont des stratégies de diversification plus ou moins poussées : le Liban et la Syrie reposent presque exclusivement sur l’énergie hydraulique, alors l’Algérie et la Turquie intègrent aussi d’autres sources comme le solaire, l’éolien, le géothermique… Au Maroc, les sources d’énergies renouvelables sont équilibrées entre éolien et hydraulique (50-50) mais un biais potentiel dans les données est suspecté (les projets solaires ne semblent pas pris en compte).

Plusieurs initiatives de coopération régionales et PPP ont été menés pour des projets d’énergies renouvelables.

La BERD a récemment financé la centrale solaire de Benban en Egypte (2017). Ce projet doit permettre de réduire les émissions de CO2 et de créer des emplois dans une région où 50% de la population est sous le seuil de pauvreté. Aussi, Engie a investi dans la construction d’un parc éolien dans le Golfe de Suez (2017). De plus, le partenariat Maroc-Espagne a permis la construction d’une usine de fabrication de pales d’éoliennes à Tanger, représentant un potentiel de près de 600 emplois.

Parmi les initiatives régionales, le Plan Solaire Méditerranéen a mis en place un cadre politique favorable au déploiement des technologies d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique à l’échelle régionale. Le Centre Régional pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique vise à favoriser et à conforter l’adoption de pratiques d’énergies propres dans la région. La Conférence MENA sur les énergies renouvelables est un cadre dédié à la promotion et au renforcement des partenariats en matière de développement et de création de marchés des énergies solaires et éoliennes.

Le cadre d’action est composé de politiques réglementaires (tarif d’achat, quotas obligatoires, facturations nettes…), d’incitations financières et de financement public (subventions, crédits d’impôts, taxes…)

Par exemple, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont instauré un tarif d’achat pour l’électricité renouvelable, des subventions pour l’investissement dans les énergies renouvelables, ainsi que des systèmes de facilitation d’accès au crédit (bonification du taux d’intérêt, fonds de garantie, lignes de crédits). Le Maroc et la Tunisie ont aussi mis en place des incitations fiscales (droits de douane réduits ou exemption de TVA pour les équipements)

Les barrières aux énergies renouvelables identifiées  sont les caractéristiques du Marché (taille réduite, rendements faibles, temporalité du risque, risque de change, les subventions aux énergies fossiles, absence de stratégie de développement énergétique…) et les risques météorologiques et technologiques (disponibilité aléatoire des ressources, manque de données actuarielles).

Une hausse significative des investissements dans les infrastructures d’énergies renouvelables, et la révision du système de subvention (en particulier supprimer les subventions aux énergies fossiles, contrainte majeure pour l’efficacité des énergies renouvelables) sont recommandées.

Pr. Mohamed Salah Matoussi (Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de Tunis, FEMISE)

Pr. Mohamed Salah Matoussi (Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de Tunis, FEMISE) : «Prix et marchés actuels et potentiels de l’eau en Tunisie et dans le SASS: impacts sur l’allocation régionale, les exportations alimentaires et l’efficacité technique» (présentation disponible ici) 

Une distinction est nécessaire entre l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole (en tant que facteur de production devant être régit par la loi de rareté) et l’eau potable consommée par les ménages (en tant que bien vital non soumis à la loi du marché). Une gestion décentralisée de l’eau est plus pertinente.

La Tunisie subit un stress hydrique sévère, du fait de la raréfaction et de la dégradation des ressources en eau (changement climatique, surexploitation des eaux souterraines…) Les ressources en eau disponibles ont ainsi fortement diminuées (plus de 1000 m3/an/hab en 1960 à 410 m3/an/hab en 2017)

La stratégie de gestion de l’eau, axée essentiellement sur une gestion de l’offre (où les coûts marginaux sont rapidement croissants), consiste en une mobilisation maximale des ressources pour que le développement du pays soit le moins entravé, les priorités définies étant la construction et la réhabilitation de barrages et lacs collinaires, le recyclage des eaux usées…

Projet SASS : Présentation de la région

Le Projet de Système aquifère du Sahara septentrional concerne une des plus grande nappes du monde et s’étend sur l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Il représente en 2017 une surface irriguée d’environ 300 000 Ha et une mobilisation d’eau entre 3 et 4 Milliards de m3. L’utilisation actuelle de la nappe est supérieure à ses capacités de renouvellement, et cette surexploitation impacte négativement les Oasis. Une gestion durable de l’eau est donc indispensable. Mais la philosophie initiale des 3 pays concernés était de mobiliser le maximum d’eau pour produire la quantité maximale de produits agricoles.

On retrouve trois schémas d’exploitations : les exploitations ayant un accès libre à l’eau, les exploitations publiques bénéficiant d’une eau subventionnée, et les exploitations privées ne bénéficiant pas de subventions. Ces dernières sont plus productives que les exploitations libres ou subventionnées, et valorisent au mieux la ressource : les exploitants privés ont une élasticité-prix et une élasticité-productivité de l’eau biens supérieures aux autres types d’exploitations.

Cette politique n’étant pas soutenable, elle devrait être remplacée par une approche de gestion intégrée et transversale des ressources disponibles (eau, énergie, agriculture, environnement) basée sur le nexus suivant : tarification l’énergie – tarification de l’eau – accroissement de la production agricole et meilleure conservation de la ressource.

Un nouveau modèle hydro-économique doit être utilisé pour la gestion de la ressource en eau. Il doit mener à une utilisation optimale de l’eau et à une maximisation de la production agricole, tout en intégrant la contrainte du coût de la dégradation environnementale (coût de pompage et, salinité de l’eau). Lorsque ce coût est internalisé, les quantités d’eau consommées et la surface irriguée optimales sont inférieures à celles obtenues dans le modèle où la dégradation n’est pas prise en compte, mais les revenus agricoles sont supérieurs (augmentation de 13% par rapport au modèle initial). En d’autres termes, en préservant la ressource, on produit plus.

Présentation de recherches récentes (voir le powerpoint pour plus de détails)

Un article modélise le problème de l’allocation des ressources en eau au secteur agricole, dans un univers de rareté de la ressource et d’information incomplète. Un tel modèle doit assurer une efficacité économique tout en prenant compte de contraintes inévitables : utilité pour les usagers au moins équivalente à celle dont ils bénéficiaient par le passé, disponibilité de plus en plus réduite de la ressource, et information incomplète sur sa valeur d’usage. Il est ainsi nécessaire de révéler la valorisation réelle des agriculteurs et d’intégrer le coût de la rareté dans la tarification de la ressource.

Un deuxième article évalue l’impact d’une augmentation du prix de l’eau sur la production et l’exportation de cultures irriguées (dattes et agrumes) : pour une hausse de 100% du prix, les cultures de dattes sont plus négativement impactées que les cultures d’agrumes (diminution des exportations de 17.5% et 4.4% respectivement). La mise en place une tarification appropriée de l’eau pour les exploitants d’agrumes permettrait de conserver la ressource sans impacter significativement les producteurs. En revanche, une augmentation des tarifs dans les zones où la datte est cultivée provoquerait un ralentissement très significatif de la production et de l’exportation.

Un dernier article mesure l’efficacité des cultures de dattes tenues par des exploitants privés d’une part, et par des associations d’usagers d’eau d’autre part. Les résultats montrent que les deux systèmes sont inefficaces, mais des exploitations privées légèrement plus efficaces que les exploitations associatives. Les résultats montrent également que la salinité de l’eau a un impact fortement négatif sur la productivité des cultures de dattes.

par Jocelyn Ventura (FEMISE)

(Inscriptions Ouvertes) Conférence annuelle FEMISE, Valette, Malte, 7-9 Février 2018

Le FEMISE est heureux d’annoncer que sa conférence annuelle aura lieu cette année à la Valette, Malte, les 7, 8 et 9 Février 2018.

Veuillez cliquer ici pour vous inscrire.

La conférence annuelle du FEMISE est une plate-forme qui permet aux différents acteurs de la région UE-Med, aux membres des instituts de recherche, aux universitaires, aux décideurs politiques et aux représentants de la communauté internationale, y compris l’UE, d’engager un dialogue constructif sur l’avenir de la région et sur le rôle que l’UE peut jouer dans le contexte de la nouvelle PEV. 

Le thème de cette année sera:

«Voisinage étendu: Relation et Coopération de l’UE-Med vers l’Afrique»

La note conceptuelle est disponible en cliquant ici.

L’agenda est disponible ici.

8èmes Rencontres du Mont Blanc : IM et FEMISE au sommet international de l’Economie Sociale

Comment l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) peut-elle contribuer à appuyer la croissance et l’emploi dans les pays Partenaires Méditerranéens (PM) ? C’est la question à laquelle la présentation de Dr. Constantin Tsakas (Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE) a apporté des éléments de réponse aux 8èmes Rencontres du Mont Blanc (RMB) (6-8 Décembre 2017, Archamps, Grand Genève), sommet international de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) organisé par ESS Forum International (Co-secrétaire permanent du Groupe pilote international de l’ESS, membre observateur de la Task Force inter-agences de l’ONU sur l’ESS).

Dr. Constantin Tsakas (Institut de la Méditerranée, FEMISE) (photo:RMB)

Dr Tsakas a présenté les résultats préliminaires d’un chapitre du rapport EuroMed FEMISE 2018 produit par l’Institut de la Méditerranée (IM) lors d’une session sur « Des réponses efficaces aux impacts durables : cohésion sociale, solidarité et inclusion ».
Le Dr. Tsakas a souligné que l’ESS pourrait devenir un outil d’innovation économique, financière et sociale adaptée aux PM. Ces derniers doivent faire face aujourd’hui à de nombreux problèmes liés au chomage, au manque d’inclusivité, à l’économie informelle, à une croissance limitée…L’ESS compose un cadre de référence pour reconstruire du lien social autour de l’économie, pour valoriser les ressources et les atouts des territoires et y ancrer le développement, pour former et mobiliser les compétences disponibles dans une dynamique entrepreneuriale. Elle permet :

  • La mobilisation d’une jeunesse nombreuse, en quête d’emploi et de plus en plus tournée vers l’entrepreneuriat.
  • L’instauration d’une économie plus inclusive car l’ESS sait créer de l’emploi pour des personnes vulnérables que ni l’Etat, ni les entreprises traditionnelles ne savent intégrer.
  • La diversification économique et la montée en gamme.

La société civile l’a bien compris, depuis le printemps Arabe on assiste à une effervescence et émergence accrue de structures ESS. De véritables success stories permettent de répondre aux besoins des populations…

Au Maroc, pays qui compte 15700 coopératives (dont 2287 coopératives féminines) et 120 000 associations (avec plus de 15 millions d’adhérents), les chaines de valeurs des entreprises d’ESS sont composées des entreprises du secteur privé : les coopératives de production du secteur agricole, de l’artisanat et/ou la pêche commercialisent leur production dans le secteur privé (marchés locaux, régionaux, petite et grande distribution).

En Egypte, les initiatives sont des initiatives du secteur privé qui ont émergé pour pallier à l’incapacité croissante des gouvernements et des activités formelles du secteur privé à satisfaire les divers besoins de ménages pauvres pour certains services et produits.

En Tunisie, le pays compte près de 20000 associations avec plus de 12 millions d’adhérents, dont la moitié créées au cours des 5 dernières années sous l’impulsion donnée par la société civile post-révolution. Le secteur de l’agriculture et de la pêche compte parmi les secteurs les plus concernés par l’ESS.

Panelistes à la session « Des réponses efficaces aux impacts durables : cohésion sociale, solidarité et inclusion » (photo :IM).

Cependant, de manière générale, l’Etat n’appui pas assez l’ESS au Sud-Méditerranéen et ne crée pas les conditions nécessaires à sa pérennité. Le Dr. Tsakas a souligné qu’au cœur de la dynamique ESS se trouve la question du financement des projets et de la mobilisation des ressources. Les résultats préliminaires indiquent que le financement des entreprises ESS doit être au cœur des préoccupations des autorités locales, nationales mais aussi sur le plan EuroMed. Une « finance ESS » permettant un accès à la liquidité et au crédit en lien avec des objectifs coordonnés partagés est nécessaire. Il serait opportun que chacun des PM appuie, notamment en instaurant un cadre réglementaire propice, l’émergence de banques « sociales », « participatives » ou « éthiques » pour orienter des fonds vers des projets utiles, durables et inclusifs. Il serait également judicieux d’encourager le financement de l’ESS par les institutions de microfinance qui ont un maillage territorial développé. Il serait également possible d’innover en proposant des modes des contrats de financement d’impact social (Social Impact Bonds – SIB), titres très populaires dans le monde anglo-saxon, qui permettent de faire financer des programmes sociaux (commerce équitable, tourisme social, accès à la culture etc.) par des investisseurs privés. Le rapport EuroMed 2018 proposera des pistes d’outils qui peuvent être appuyés par tous les acteurs locaux, nationaux et internationaux et qui permettent de répondre aux obstacles de financement identifiés.

En conclusion, le Dr Tsakas a mis l’accent sur le besoin de développer une stratégie d’émergence d’écosystemes de l’ESS et de l’entrepreneuriat social sur 3 axes (Macro-Meso-Micro). Le Dr Tsakas a offert un aperçu de la vision du FEMISE pour l’émergence de tels écosystèmes, soit :

  • Soutenir le développement d’un environnement politique et réglementaire propice à la croissance des entreprises sociales à travers des stratégies nationales et panels de plaidoyer.
  • Sensibiliser et renforcer les capacités des acteurs « meso » de l’écosystème pour soutenir la croissance d’entreprises sociales. Une cartographie MED de ces acteurs d’appui, la généralisation d’activités de formation et l’échange de bonnes pratiques permettraient de contribuer à ce processus.
  • Enfin, il y a une nécessité de mieux démontrer et promouvoir le potentiel économique des entreprises sociales dans la création de valeur et d’emplois dans les PM. Une véritable méthodologie qui quantifie l’impact social est ici nécessaire. Il en est de même pour l’appui financier à l’entrepreneuriat social, à la formation aux entrepreneurs et aux initiatives de mentorat.

Ces points, ainsi que d’autres problématiques, seront développés en détail dans le prochain Rapport FEMISE 2018 qui portera sur le développement du secteur privé en Méditerranée (à parraitre Q1 2018).

La présentation powerpoint du Dr Tsakas aux RMB est disponible en cliquant ici.

Au préalable de la publication du rapport FEMISE EuroMed 2018 coordonné par Pr. Patricia AUGIER (Pte du Comité Scientifique de IM et FEMISE, Coordonatrice FEMISE), nous vous proposons aussi quelques extraits d’interviews avec trois acteurs clés de l’entrepreneuriat social en UE-MED.

Vous pouvez aussi revisiter l’étude pilote Femise–BEI (2014) sous coordination IM sur le potentiel d’inclusivité de l’ESS dans les pays du Sud Méditerranéen.

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FEMISE MED BRIEF no1 : Déficits Jumeaux et Viabilité des Politiques Macroéconomiques

FEMISE inaugure le lancement de sa nouvelle série de Policy Briefs MED BRIEF qui ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le premier numéro de MED BRIEF est maintenant disponible au téléchargement (en anglais) en cliquant ici.

Il est également disponible en Arabe ici.

Pr. Simon Neaime (American University of Beirut, FEMISE)

Ce Policy Brief, écrit par Pr. Simon Neaime (American University of Beirut) examine la question de la viabilité budgétaire et macroéconomique dans les pays de l’Union européenne (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne) et dans un sous-ensemble de partenaires méditerranéens (PM): Égypte, Jordanie, Maroc, Tunisie et Liban. Il répond à la question suivante: comment les pays de l’UE et les PM peuvent-ils réduire les déséquilibres macroéconomiques (dette publique énorme, déficits budgétaires et courants) à un moment ou ils doivent faire face à une faible croissance économique, des taux de chômage élevés, une inflation croissante et des demandes pour davantage d’inclusivité? Enfin, ce Policy Brief évalue les politiques macroéconomiques passées mises en œuvre par le Fonds monétaire international (FMI) à la lumière des diverses mesures d’austérité qui ont été introduites et propose d’autres solutions de politique macroéconomique et remèdes possibles.

 

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Rapport FEMISE EuroMed 2017: La Gestion Economique Passée au Crible: comment les décideurs politiques du Sud de la Méditerranée ont-ils répondu aux demandes de changement?

Le Rapport EuroMed FEMISE 2017 est maintenant disponible

La Gestion Economique Passée au Crible:

comment les décideurs politiques du Sud de la Méditerranée ont-ils répondu aux demandes de changement?[1]

La version française du rapport est disponible au téléchargement ici. 

Le FEMISE lance son rapport Euro-Méditerranéen 2017 qui porte sur la transition des économies du sud de la Méditerranée. Le rapport fournit une analyse critique des réponses proposées dans certains pays de la région pour pallier aux défis économiques, sociaux et politiques à la suite des soulèvements. Il produit des recommandations sur les moyens d’aller de l’avant pour assurer une transition réussie.

« Dans l’ensemble, les pays du Sud-Med sont à la croisée des chemins. Ils ont un potentiel énorme qui a été freiné par une performance économique modeste et des institutions politiques extractives. Le soulèvement, qui a débuté en décembre 2011, a donné à ces pays la possibilité de suivre une nouvelle voie de développement », affirment les auteurs du rapport.

La transition politique a inévitablement pesé sur ces économies et les gouvernements se sont trouvés confrontés à un nombre de défis et de décisions difficiles. Par exemple, sur le front économique et dans une tentative de repondre aux demandes populaires et calmer les troubles sociaux, les gouvernements ont réagi en adoptant des politiques expansionnistes plutôt que des mesures d’austérité. Bien que ce choix politique ait exercé des pressions sur les déficits budgétaires déjà existants et contribué à l’augmentation des dettes publiques, on pense qu’il aidera à restaurer le ralentissement économique à long terme.

« Sept ans plus tard, le modèle de développement ne semble pas avoir beaucoup changé. Pour se lancer dans un nouveau cap, la nouvelle stratégie devrait, d’une part, viser un double objectif consistant à consolider la politique démocratique post-transition et d’autre part, faire la transition vers une économie dynamique et équitable », recommandent les auteurs du rapport tout en fournissant des recommandations politiques ciblées.

A travers 5 chapitres et une évaluation critique des performances de cinq pays Sud-Med en transition (Algérie, Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie), ce rapport tente de répondre aux questions suivantes:

  • Quelles ont été les conséquences économiques immédiates suite à la transition politique dans les pays Sud-Med?
  • Dans quelle mesure les décideurs ont-ils réagi aux difficultés économiques et sociales associées à la transition politique?
  • Sur la base de l’analyse et de l’évolution politique probable de ces pays, que peut-on faire pour atteindre des équilibres macroéconomiques plus sains, aller vers la création d’emplois et vers une plus grande inclusion sociale?

Le rapport est rédigé par un groupe d’experts internationaux et de macroéconomistes, d’économistes politiques et d’économistes sociaux sous la direction de Economic Research Forum (ERF, Le Caire). Dr Ahmed Galal, rédacteur en chef du rapport, est le Président du Conseil d’administration du MENA Health Policy Forum et ancien Directeur général ERF et ancien Président du FEMISE; Dr. Ishac Diwan est professeur invité à l’université de Columbia et titulaire d’une chaire à Paris Sciences et Lettres; Dr. Ibrahim Elbadawi est le Président du FEMISE et Directeur Général d’ERF; Dr. Hoda Selim est économiste au FMI; Dr. Zafiris Tzannatos est ancien professeur et président du département d’économie à l’Université américaine de Beyrouth; et Mme Jala Youssef est économiste a l’ERF et au FEMISE.

Le rapport Euromed est une publication annuelle du FEMISE qui traite des thèmes d’importance et d’intérêt pour la région Euro-Med. Le rapport apporte une véritable valeur ajoutée en termes de connaissances sur le thème couvert. Il fournit une analyse approfondie proposée par des économistes spécialisés et avec une approche pluridisciplinaire du Nord et du Sud de la Méditerranée. Cela apporte une vision commune des deux rives de la Méditerranée et des recommandations politiques qui peuvent contribuer au processus de transition des pays du Sud Med.

Ce rapport a reçu un soutien financier de l’Union européenne à travers le projet FEMISE “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Toute opinion exprimée dans ce rapport est de la seule responsabilité des auteurs.

Pour davantage d’informations, veuillez contacter FEMISE: contact@femise.org

Suivez nous sur Twitter à : https://twitter.com/femisenetwork

[1] Ce rapport et son événement de lancement ont bénéficié d’un soutien financier de l’Union européenne à travers le projet FEMISE“Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Toutes les opinions exprimées dans ce séminaire sont la responsabilité exclusive des auteurs et des intervenants.