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Rapport « Les gouvernements infranationaux Euro-Med dans la lutte contre le changement climatique »

FEMISE est heureux d’annoncer la publication du rapport sur « Les gouvernements infranationaux Euro-Med dans la lutte contre le changement climatique : Cadre d’action, exemple de la région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur et opportunités de coopération à l’échelle méditerranéenne ».

Le rapport est disponible au téléchargement en cliquant ici

 

Communiqué de presse

7 Décembre 2018 – Publication de rapport

Par l’INSTITUT DE LA MEDITERRANEE et ses partenaires, le FEMISE et ENERGIES 2050

L’association INSTITUT DE LA MEDITERRANEE (IM)[1] et ses partenaires, le FEMISE et l’association ENERGIES 2050, annoncent la publication du rapport « Les gouvernements infranationaux Euro-Med dans la lutte contre le changement climatique : Cadre d’action, exemple de la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur et opportunités de coopération à l’échelle méditerranéenne ».

Ce rapport s’articule en trois chapitres et propose une photographie des initiatives et dynamiques en cours au niveau de la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur dans la lutte contre le changement climatique. Il s’inscrit également dans le cadre plus large de la coopération euro-méditerranéenne.

Le premier chapitre traite du « Cadre de l’action des territoires méditerranéens d’Europe face aux changements climatiques ». Il souligne que les gouvernements infranationaux font face à de nombreux défis pour mettre en œuvre une action climat ambitieuse et intégrée. Les questions d’accès au financement, de capacités à concevoir des stratégies adaptées aux enjeux territoriaux, en s’appuyant sur des données locales, du suivi des actions (MRV) et du support et cadrage des échelons supérieurs de gouvernance sont notamment cruciales.

Le deuxième chapitre traite de la « Réponse territoriale aux enjeux climatiques en Méditerranée : l’exemple de la région SUD ». Le rapport observe que l’action des collectivités, en France en général et en Région SUD en particulier, bénéficie d’un cadre légal incitatif et cohérent, qui est soutenu par des dispositifs d’information régionaux très riches. En conformité avec les politiques adoptées au niveau national, les collectivités de la Région SUD se sont engagées dans la mise en place de PCET (Plan Climat Energie Territorial) puis de PCAET (Plan Climat Air Energie Territoire). Au-delà de ce processus, il existe un foisonnement d’initiatives visant notamment à mieux impliquer l’ensemble des acteurs dans l’action climatique. Cependant, la transparence des résultats de ces actions reste encore relativement faible.

Le troisième chapitre porte sur le thème des « Coopérations, territoires et climat à l’échelle du bassin méditerranéen et au-delà » et offre de nombreuses pistes de réflexion pour le futur. L’une des premières réflexions consiste à placer la question climat/territoire au centre de la stratégie de coopération Euro-Méditerranéenne. La Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur pourrait apporter ici de précieux retours d’expériences. Par ailleurs, une plateforme au service des territoires, offrant la possibilité de capitaliser, d’échanger, de former, de permettre un dialogue avec le monde de la statistique régionale et d’offrir une assistance technique, pourrait être soutenue au niveau régional, notamment à travers des initiatives naissantes telles que la Maison Méditerranéenne du Climat. L’implication croissante du secteur privé pourrait également générer des initiatives pertinentes. Les propositions d’actions à entreprendre sur le plan de la coopération euro-méditerranéenne pourraient inclure la création d’un « ERASMUS de l’entreprenariat social et environnemental » et d’une Initiative Méditerranéenne de Financement Social et Environnemental intégrant la création d’entreprises et les flux de capitaux avec des objectifs sociaux et environnementaux.

Ce rapport trouve sa genèse dans la volonté de l’IM de mobiliser son réseau et ses partenaires autour des questions climatiques. Il s’inscrit également dans les suites du travail de fonds sur les questions climat et territoires portées depuis des années par l’association ENERGIES 2050 notamment dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies territoriales bas carbone. Au regard des suites données à l’évènement international « Méditerranée du futur », organisé par la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur le 21 novembre 2017 à Marseille, l’IM, le FEMISE et ENERGIES 2050 croient en la capacité fédératrice du territoire sur ces questions. Ce rapport s’appuie également sur la dynamique générée par l’atelier « Changement climatique dans une Méditerranée en transition » (15 mai 2018, à Marseille, co-organisé avec le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône), qui a permis d’illustrer des solutions territoriales pour les défis climatiques dans la région euro-méditerranéenne. Le soutien effectif du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône a conforté un véritable mouvement multi-acteurs qui n’a fait que renforcer ce rapport. Les échanges avec les services de la Ville de Marseille, notamment sur les questions de développement durable et d’ingénierie de la gouvernance locale, ont de même été précieux.

Ce rapport a vocation à devenir une publication régulière.

Il peut être consulté en cliquant ici.

Il est également disponible sur le site d’ENERGIES2050.

Pour davantage d’informations, veuillez contacter :

IM / FEMISE :
 Dr. Constantin Tsakas, Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE c.tsakas@femise.org ++ 33 (0)4 91 31 51 95 
www.femise.org

ENERGIES 2050
 : Stéphane POUFFARY, Directeur Général, Association ENERGIES 2050 – stephane.pouffary@energies2050.org – +33 (0)6 80 31 91 89 www.energies2050.org

Ce rapport a été financé par l’IM, élaboré avec le soutien financier de l’Union Européenne dans le cadre du contrat UE-FEMISE sur “ Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership ”. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des auteurs.

[1] Fondé en 1994 par le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, la Ville de Marseille, la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence

Convergence des revenus et impact de l’intégration commerciale et financière EU-Med sur la volatilité macro

Les efforts d’intégration économique et financière entre les pays Partenaires Méditerranéens (MPs) et l’Union Européenne (EU) ont été initialement introduits par les accords de coopération qui garantissaient une exemption totale de tarifs douaniers sur les produits industriels. Ces efforts ont ensuite été consolidés par les Accords d’association introduits dans le cadre de la déclaration de Barcelone en 1995, qui ont eu pour effets de réduire ou éliminer les droits de douanes sur les importations industrielles européennes. Parallèlement, les MPs se sont considérablement ouverts aux autres pays, que ce soit dans le cadre des accords commerciaux euro-méditerranéens (MED) ou dans le contexte d’une réduction élargie des droits de douanes via les accords signés avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Au début des années 2000, le processus de Barcelone fut remplacé par la politique européenne de voisinage (PEV) qui fut modifiée en 2015 et devient la nouvelle politique de voisinage. C’est dans ce cadre que les relations économiques entre l’Union Européenne et ces partenaires méditerranéens sont désormais redéfinies.

La nouvelle politique de voisinage offre une plateforme solide d’assistance financière par une intégration financière plus poussée, un meilleur accès au marché commun, et une amélioration de l’institutionnalisation des relations commerciales et financières. L’Union Européenne propose également un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) concernant l’agriculture, les services et les mesures non tarifaires. Les négociations pour l’ALECA sont en cours avec le Maroc et la Tunisie. Dans le cadre de cette nouvelle politique européenne de voisinage et du rôle facilitateur de l’Union Européenne pour la modernisation, la transition et l’ouverture internationale des pays Méditerranéens, cette étude évalue le degré de convergence des économies résultant de ces accords commerciaux entre deux groupes de pays (EU et MED). Nous utilisons dans un premier temps les concepts de s-convergence et b-convergence pour une évaluation empirique du phénomène de convergence économique parmi ces pays sur la période 1980-2015. Nous présentons ensuite une analyse approfondie des implications des accords de partenariats Euro-MED sur la croissance économique et la volatilité macroéconomique dans un échantillon de pays méditerranéens (MPs). Afin de tenir compte à la fois du lancement du processus de Barcelone et de la politique de voisinage en 2000, l’analyse empirique est traitée de façon séquentielle sur des périodes de 5 et 10 ans, puis sur l’ensemble de la période 1980-2015.

Les résultats empiriques montrent une évidence faible de convergence des économies pour le groupe de pays EU-MED analysé à intervalles partiels de 5 ou 10 ans de 1980 à 2000 dans une régression de type transversale. Toutefois, nous avons trouvé un résultat statistiquement significatif de convergence du PIB par tête, que l’analyse porte sur l’ensemble de la période 1980-2015 ou sur des sous périodes de 10 ans regroupées et estimées en données de panel par régressions de croissance. Ces résultats sont plus probants, puisque la croissance économique et la convergence sont tous deux des phénomènes de long terme et que les méthodes d’analyse en données de panel donnent de meilleures estimations. Sur la période 1980-2000, nous trouvons une évidence faible de convergence conditionnelle dans le groupe de pays EU-MED (16), et cette évidence est encore plus faible pour le groupe de pays MED de 2000 à 2015. Ces résultats s’expliquent par les effets négatifs de la crise financière et de la crise de la dette en Europe sur la région Euro-MED en générale et sur la région MED en particulier. La stabilité macroéconomique et l’ouverture économique se sont avérées être des facteurs statistiquement importants et ont l’effet positif attendu sur la croissance économique dans les pays MED. Effectivement, dans la majorité des modèles estimés, la variable qui est systématiquement la plus significative est l’ouverture commerciale. Parmi les autres variables, la croissance de la population a l’effet théorique négatif attendu sur la croissance économique, comme trouvé dans d’autres études empiriques sur la croissance. Les dépenses du gouvernement ont également un effet négatif sur la croissance économique et cette variable est statistiquement significative tout comme l’est la croissance de la population.

Les principales implications politiques qui se dégagent des résultats empiriques de cette étude sont que les pays MED, s’ils souhaitent atteindre une croissance économique élevée, doivent poursuivre des politiques promouvant encore davantage le libre-échange et l’ouverture économique avec l’UE, tout en assurant une stabilité macroéconomique au moyen de politiques qui garantissent le contrôle des politiques fiscales et monétaires. Aussi bien l’agitation politique et sociale, que la crise financière et la crise de la dette ont un effet négatif sur la croissance économique et la convergence dans la région, et doivent être traitées si possible prioritairement par le biais d’actions politiques et de politiques macroéconomiques appropriées. D’autres résultats empiriques montrent que les pays MED seraient moins affectés par les chocs financiers provenant de l’UE, si le marché domestique MED était plus grand et/ou mieux régulé. Ceci est en cohérence avec ce que suggère la théorie économique et a des implications politiques. En fait, certains pays MED ont choisi d’imposer un contrôle du capital pour gérer les crises du marché financier puisqu’il semble que les « coupables » soient les flux de capitaux internationaux, et ce, malgré les conséquences économiques indésirables sur le long terme de ces pratiques politiques. Nous avons montré que les pays MED doivent améliorer la coordination de leurs politiques macroéconomiques et financières pour relever plus efficacement le défi d’une plus grande intégration commerciale et financière avec l’UE. Cet objectif peut par exemple être atteint en renforçant l’intégration économique et financière régionale. La création d’une zone de libre échange MED n’aurait pas pour seul effet de stimuler et de renforcer la croissance, mais pourrait également renforcer le commerce intra-MED, réduisant ainsi considérablement l’exposition aux cycles économiques européens, tout en contrôlant les expositions excessives de ces petites économies ouvertes (MED) aux développements macroéconomiques de l’Union Européenne.

La littérature établie que les plus grandes économies ont une meilleure capacité d’absorption et de neutralisation quant aux effets négatifs des chocs externes. Contrôler leurs effets reste toutefois une tâche beaucoup plus délicate qu’il n’y parait lorsqu’il s’agit de pays MED en développement, qui sont de plus petite taille, n’exportent que peu de produits sur le marché européen et dépendent d’un très grand nombre de produits d’importations européennes. Une conséquence directe d’un marché des capitaux intégré au sein de la région MED serait de diminuer les risques associés à une plus grande intégration EU-MED, ainsi que de rendre les MPs moins vulnérables aux fluctuations des taux d’intérêts des pays de l’UE, en particulier pour ceux ayant un niveau de dette élevé, comme le Liban, la Jordanie et l’Egypte. Un plus grand marché financier MED donnerait la possibilité de baisser les coûts de financement, et de rembourser leurs dettes importantes des gouvernements MED à moindre coût. D’autre part les entreprises MED pourraient s’appuyer plus sur le marché local que sur le marché de l’UE pour la levée de capitaux. La baisse du coût de la mobilisation des capitaux peut ensuite se traduire par plus d’investissements, de consommation et une augmentation des taux croissance économique dans la région. La région MED doit accélérer le processus d’intégration commerciale, financière et économique avec l’UE pour une meilleure absorption des effets négatifs liés aux politiques externes, financières et/ou aux chocs économiques. Il faudrait redoubler d’efforts pour accélérer la mise en place de réformes fiscales et monétaires afin d’améliorer l’entrée de nouveaux investissements de portefeuille et d’IDE dans la région.

En résumé, pour plus d’intégration commerciale et financière avec l’UE, les MPs doivent consacrer davantage d’efforts individuels pour mener des politiques macroéconomiques saines. A ces mesures, devront s’ajouter des réformes institutionnelles de soutien au développement du secteur financier dans les économies MED en question. Ensuite, les MPs devront essayer de s’intégrer horizontalement tout en s’ouvrant plus verticalement (à l’UE). Il a été montré que l’ouverture financière, mesurée par le rapport formation brute de capital/PIB, est associée à une augmentation de la volatilité de la consommation, contrairement à la notion établie d’opportunité de partage des risques internationaux via l’intégration financière. L’environnement macroéconomique et politique de nature instable et les conflits militaires, ainsi que les politiques fiscales et monétaires inappropriées dans la région MED peuvent expliquer cette irrégularité empirique. Une recommandation politique de cette étude est que les MPs ont besoin d’être plus, et non pas moins, intégrés avec le marché financier de l’UE pour pouvoir tirer avantage de l’intégration financière en termes d’amélioration du partage des risques, et de stabiliser la consommation. Cette conclusion peut toutefois nécessiter une analyse plus poussée, puisqu’il faut considérer que l’intégration financière régionale est également associée à divers risques dans la région EU-MED. Pour minimiser ces risques, les MPs devront mettre en œuvre des cadres macro-économiques et structurels sains en tandem avec une plus grande intégration. Par exemple, nos résultats ont mis en évidence le rôle clé des politiques fiscales et monétaires saines pour mieux contrôler la volatilité macroéconomique. Concernant les réformes structurelles, il s’agit de développer le secteur financier intérieur, puisqu’un haut degré de développement du secteur financier est associé à une diminution de la volatilité macroéconomique.

Finalement, la nouvelle politique européenne de voisinage offre une plateforme solide d’assistance commerciale et financière par une intégration financière plus poussée, un meilleur accès au marché commun et une meilleure institutionnalisation des relations commerciales et financières entre les pays MED et de l’UE. Ce projet de recherche aidera les décideurs politiques et les chercheurs académiques dans la région Euro-méditerranéen, à redéfinir leurs priorités en matière de commerce, de finance et de macroéconomie lors de l’élaboration de nouvelles politiques de voisinage européennes qui doivent répondre aux défis économiques actuels. La nouvelle politique de voisinage européenne va produire un volume important de littérature sur ces conséquences. Cette étude fait partie intégrante de cette littérature en identifiant les points communs et les différences entre les composantes de cette analyse, en mettant un accent particulier sur les changements de paradigme concernant la politique macroéconomique dans les pays MED et l’UE.

FEMISE a eu le plaisir de co-animer un atelier sur « la finance durable » à SDSN-France avec le Pr. Jeffrey Sachs (13 Novembre, Paris)

FEMISE a eu le plaisir de faire partie du lancement de SDSN-France à Paris le 13 novembre 2018.

Pr. Jeffrey Sachs (SDSN, Columbia University)

Le réseau des Nations Unies pour les solutions de développement durable (SDSN) vise à rassembler un grand nombre de dirigeants de toutes les régions et de tous les horizons afin de promouvoir des solutions pratiques pour le développement durable, notamment la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de l’accord de Paris sur le climat. Ce réseau fonctionne depuis 2012 sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU et fonde son action sur des valeurs d’apprentissage conjoint et d’approches intégrées face à des défis économiques, sociaux et environnementaux interdépendants.

Le lancement de SDSN-France est un événement clé pour le réseau en général, car il lui permet de disposer de partenaires précieux dans le domaine universitaire et de la recherche en France, articulant la collaboration entre les acteurs multilatéraux et les institutions financières locales, le secteur privé et la société civile. Le bureau de SDSN-France sera dirigé par KEDGE Business School, membre du réseau FEMISE, l’université PSL et des universités Pierre et Marie Curie et Cergy-Pontoise.

L’événement a été extrêmement riche en présentations, en discussions et ateliers. Ces derniers ont pris la forme de séances d’intelligence collective au cours desquelles la diversité des participants a permis une compréhension élargie et une approche globale des problèmes abordés. Constantin Tsakas, secrétaire général du FEMISE, a été l’animateur de l’atelier «Finance durable» organisé par KEDGE Business School. Des outils financiers alternatifs et verts ont été discutés lors de cet atelier, ainsi que la définition des objectifs clés et des responsabilités de la branche française du SDSN, en tant que partie prenante incontournable du débat sur la concrétisation des ODD. Les questions soulevées par le professeur Jeffrey Sachs (professeur à l’Université Columbia, consultant spécial du Secrétaire général des Nations Unies), telles que les moyens permettant d’évaluer les projets dans le contexte de la transformation systémique ou les normes applicables aux ESG (Gouvernance environnementale, sociale et corporative) ont souligné la richesse de cette problématique d’un point de vue conceptuel mais également l’importance de son aspect pratique.

Dans sa synthèse de l’atelier, le professeur Thomas Lagoarde-Segot (professeur associé d’économie et de finance internationale à la KEDGE Business School et chercheur au FEMISE) a souligné le rôle de SDSN en tant que médiateur entre les différents acteurs de la finance verte et plus particulièrement comme passerelle entre le monde universitaire et la recherche, d’une part, et les professionnels, d’autre part. Les participants ont retenu une approche incluant des propositions du FEMISE et proposée en 3 étapes : Pour réaliser le plein potentiel de SDSN-France, le réseau pourrait agir sur 3 niveaux; le niveau macro en sensibilisant les décideurs politiques, le niveau méso en permettant l’émergence et la cartographie de structures (financières, techniques) qui supportent l’impact social et au niveau micro en aidant les entrepreneurs sociaux à améliorer leur perception de la finance verte et leur accès à elle.

Ces résultats ont ensuite été exposés lors d’une séance plénière avec la présence du conseil d’administration de SDSN-France et seront inclus dans la feuille de route de cette branche française du réseau, dans la section «Finance Durable», aux côtés des autres résultats clés des différents ateliers abordant des sujets aussi divers et essentiels que « l’éducation pour le développement durable », les « villes durables », les « chaînes de valeur durables», les « transitions énergétiques », et mène à l’amélioration du « Programme de solutions» pour les ODD en France. Tous ces ateliers ont souligné le rôle crucial de SDSN-France en tant que facilitateur de la collaboration entre parties prenantes et en tant qu’accélérateur d’effervescence académique et intellectuelle dans la recherche de solutions pratiques et adéquates pour concrétiser les objectifs des ODD. « Précipiter le changement du système dans son ensemble » était l’un des points centraux du professeur Jeffrey Sachs lors de son discours devant la Chimie ParisTech. Il ne s’agit pas d’aborder chaque enjeu en tant que problématique indépendante, mais de « convaincre » le monde de changer et de coopérer et d’adopter des modes de gouvernement alternatifs.

FEMISE MED BRIEF no14 : « Comment la proximité spatiale des entreprises contribue-t-elle à la transition UE-Med ? »

Dr. Anna M. Ferragina, CELPE, University of Salerno, FEMISE

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le dernier MED BRIEF sur « Comment la proximité spatiale des entreprises contribue-t-elle à la transition de la région euro-méditerranéenne ? Preuves empiriques en Turquie, en Italie et en Tunisie  » est disponible ici (en anglais). 

Il est également disponible en arabe en cliquant ici.

RésuméDans ce policy brief nous fournissons des implications et des recommandations politiques sur la manière dont la productivité des entreprises réagit aux facteurs de croissance géographiques liés à l’économie d’agglomération, au regroupement de l’innovation et à la localisation de l’IDE. Nous observons comment ces éléments interagissent avec les caractéristiques de l’entreprise (notamment la taille, la propriété et l’innovation) en se concentrant sur trois études de cas: la Turquie, l’Italie et la Tunisie. Dans l’ensemble, les résultats des estimations suggèrent un rôle significatif des effets d’agglomération et d’innovation significatifs dans l’amélioration de la productivité, en particulier les répercussions sont plus forte entre les entreprises opérant dans le même secteur et la même région et présentant des écarts technologiques réduits. En outre, les preuves de retombées sur la productivité des entreprises étrangères voisines sont moins robustes. Les résultats de l’étude confirment l’efficacité des clusters de PME dans les pays du sud de la Méditerranée et permettent d’identifier les principaux facteurs et modèles de production localisée, offrant ainsi un cadre de référence pour l’analyse. Ces preuves soutiennent les politiques menant un effort spécifique pour améliorer la capacité d’absorption des entreprises moins sophistiquées sur le plan technologique, en soutenant les investissements en R&D et la qualification du capital humain afin de permettre aux entreprises d’être concurrentielles et de bénéficier des retombées environnantes dans les zones d’agglomération. Une autre recommandation politique pour le gouvernement serait d’investir dans les infrastructures de transport, de faciliter l’accès au logement et de développer les complémentarités régionales. Cela permettrait à long-terme une convergence plus durable des niveaux de vie entre les et réduirait l’exploitation des ressources le long des côtes et la pression sur les ressources naturelles.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Med Change Makers e05 : Katarzyna SIDLO, Autonomisation des femmes et économie collaborative

 

FEMISE a récemment lancé sa série d’entretiens «Med Change Makers».

Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Stimuler les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile?

Entretien avec Katarzyna Sidlo, Analyste Politique à CASE, chercheuse FEMISE

Le FEMISE a récemment publié le Policy Brief « Stimuler les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile? ».

Auteur du MED BRIEF, Dr. Katarzyna Sidlo fait partie des chercheurs FEMISE qui participent activement aux activités du réseau. Son travail évalue le potentiel de l’économie collaborative pour accroître le taux d’activité des femmes dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Plus précisément, il examine les moyens par lesquels l’économie collaborative peut permettre aux femmes qui le souhaitent de rejoindre le marché du travail.

  1. Comment définissez-vous l’économie collaborative ? Pouvez-vous nous donner des exemples de telles initiatives dans différents secteurs ?

L’économie collaborative (ou de partage) fait référence aux modèles commerciaux qui créent un marché ouvert pour l’accès aux biens et aux services grâce à l’utilisation de la technologie moderne. Elle couvre une variété de secteurs, émerge rapidement dans le monde entier et offre de nouvelles opportunités aux citoyens, qui sont en mesure d’obtenir auprès des uns et des autres ce dont ils ont besoin, au lieu de s’adresser à de grandes organisations (du moins c’est la théorie). Parmi les exemples les plus connus d’entreprises d’économie collaborative, citons les applications telles que Uber ou Careem, le site Web d’hébergement entre particuliers Airbnb, les plateformes de crowdsourcing Kickstarter ou Indiegogo ou la place de marché en ligne Etsy. Beaucoup de ces noms sont déjà familiers.

  1. Pensez-vous que l’économie collaborative est une solution envisageable dans les pays de la région MENA, compte tenu des obstacles à l’accès à Internet et de la perception du public ?

Premièrement, selon la Banque mondiale, 59% des habitants de la région MENA sont des utilisateurs d’Internet. L’accès à Internet en tant que tel n’est donc pas un problème partout dans la région, même si, dans de nombreux endroits, le haut débit est coûteux, lent et généralement peu fiable et que dans beaucoup d’autres, en particulier dans les zones urbaines, il n’est tout simplement pas encore disponible facilement. Plus important encore, j’examinerais le problème posé dans la question sous un angle different : la possibilité de tirer parti de ce que l’économie collaborative peut offrir peut être un argument supplémentaire en faveur de l’extension des efforts visant à fournir un accès à Internet à autant de personnes que possible. Si Internet n’est pas disponible dans un village du sud de l’Égypte, il n’y aura pas non plus beaucoup d’offres d’emploi. En fournissant aux habitants d’un tel village un accès à Internet, vous leur donnez également la possibilité d’entrer sur le marché du travail. Par exemple, ils pourraient étudier gratuitement sur l’une des nombreuses plateformes MOOC (Massive Open Online Cours) disponibles – de plus en plus en arabe également – et acquérir des compétences qui leur permettront de trouver un emploi. Ils pourraient aussi donner des cours d’arabe en ligne (une plateforme, NaTakallam, propose de tels cours dispensés par des réfugiés), sans avoir à émigrer et à quitter leurs villages ou même leurs maisons.

Je suis fermement convaincue que même si un petit pourcentage de personnes dans une société donnée utilise cette chance, cela en vaudra la peine. Ainsi, bien que l’économie de partage ne résolve en aucun cas la totalité, ni même la plupart des problèmes liés à la faible participation des femmes (et des hommes) au marché du travail – cela ne serait pas le cas même si pratiquement toutes les personnes de la région avaient accès à un Internet rapide, abordable et fiable – cela pourrait grandement contribuer à atténuer ce problème.

  1. Quels sont les principaux obstacles à la participation des femmes au marché du travail dans la région MENA et comment l’économie collaborative apporte-t-elle des solutions innovantes pour y répondre ?

Les femmes de la région MENA qui souhaitent intégrer le marché du travail se heurtent à de nombreux obstacles, allant des problèmes pratiques (manque d’emplois, déplacements difficiles) aux problèmes de nature socioculturelle (restrictions des activités en dehors de la maison, responsabilités de prise en charge). Le l’économie partagée peut aider à en surmonter un certain nombre. Plus important encore, elle permet aux femmes d’effectuer un travail – et même de créer leur propre entreprise – dans le confort de leur foyer. Grâce à cela, même les femmes qui, pour diverses raisons liées à la famille ou à la culture, ne veulent pas travailler en dehors du foyer, peuvent gagner leur propre revenu (et l’autonomisation économique est un grand pas en avant vers l’autonomisation sociale et politique). Un autre bon exemple est celui des services de voiture de transport avec chauffeur, qui offrent une alternative plus sûre, plus fiable et moins chère (par rapport aux taxis traditionnels) aux transports en commun, défectueux ou carrément inexistants, souvent considérés comme inappropriés pour les femmes non accompagnées. L’Arabie saoudite en est un exemple extrême, où avant la levée de l’interdiction pour les femmes de conduire, celles-ci représentaient 80% des clients d’Uber et 70% des clients de Careem.

  1. L’une des recommandations de l’article était d’améliorer les cadres juridiques dans chaque pays de la région MENA afin de permettre le fonctionnement optimal des entreprises de l’économie de partagée. Quelles mesures concrètes peuvent être mises en œuvre avec succès dans la région dans son ensemble et dans des contextes spécifiques ?

L’un des principaux avantages de l’économie de partage est sa flexibilité. Cependant, cette flexibilité peut souvent aussi signifier un manque de clarté, par exemple en termes de responsabilité, de fiscalité, de protection du consommateur, de licence ou d’assurance. Pensez à des services tels que Uber, Careem ou Lyft : en cas d’accident, quelle assurance devrait couvrir les dommages? Étant donné que les conducteurs utilisent leurs véhicules privés, ils peuvent ne pas posséder une assurance commerciale, mais plutôt une assurance personnelle, ce qui peut conduire les assureurs à refuser la demande. La société propriétaire de la plate-forme sur laquelle les conducteurs sont jumelés avec des clients devrait-elle être responsible ? Les conducteurs, même leurs employés ou clients, utilisent-ils les fonctionnalités de la plate-forme ? La réponse à cette question détermine les réponses à de nombreuses questions ultérieures relatives à la protection sociale (congés de maternité, retraites, assurance maladie, etc.) des prestataires de services collaboratifs. Un autre problème est bien sûr lié à la fiscalité.

Malheureusement, il n’y a pas de réponse facile. L’Union européenne s’interroge par exemple sur la publication de directives au niveau de l’UE, mais la question de savoir si et dans quelle mesure l’économie partagée doit être régulée fait encore l’objet d’un débat animé. La grande question est bien sûr de savoir comment réglementer afin de ne pas sur-réglementer et donc de supprimer la flexibilité qui rend la participation à l’économie partagée si pratique

Dans la région MENA, les pays devraient réfléchir à des solutions qui fonctionnent le mieux dans leurs circonstances spécifiques. Par exemple, un système d’assurance maladie volontaire pourrait être mis en place pour aider les personnes qui gagnent leur revenu dans l’économie collaborative à obtenir une protection sociale (une étude intéressante sur ce sujet concernant la Tunisie et réalisée par Khaled Makhloufi, Mohammad Abu-Zaineh et Bruno Ventelou a été publiée récemment par le FEMISE). En Jordanie, où le gouvernement travaille à une réforme fiscale, la question de l’application de l’impôt sur les sociétés aux plates-formes collaboratives pourrait être examinée.

  1. Quel rôle voyez-vous pour la société civile et les ONG dans l’expansion de l’économie collaborative? Une coopération et des synergies entre différents acteurs / parties prenantes seraient-elles possibles selon vous ?

L’économie collaborative a une dimension à but lucratif et une dimension à but non lucratif. A propos de la participation croissante des femmes au marché du travail dans la région MENA et du rôle des OSC et des ONG, nous devrions probablement nous concentrer sur ces dernières. Le spectre des possibilités est vraiment large. Les deux types d’organisations pourraient par exemple aider les femmes à organiser leurs propres programmes de covoiturage, en s’entraidant pour se rendre au travail de manière pratique et quotidiennement. Elles pourraient créer des espaces de travail collaboratifs, où les femmes entrepreneurs pourraient créer et gérer leurs entreprises dans un environnement convivial, sûr et inspirant. Elles pourraient créer des cours en ligne en dialectes arabes locaux, fournir une formation gratuite aux femmes qui envisagent de créer leur propre entreprise, ou qui travaillent à la traduction en arabe de cours déjà disponibles sur diverses plates-formes MOOC et qui fournissent des connaissances et des compétences facilitant la recherche d’emploi. Tout cela – et bien plus encore – peut bien entendu être réalisé en collaboration entre différentes parties prenantes. Après tout, c’est ce qu’est l’économie collaborative.

Le MED BRIEF est disponible au téléchargement en cliquant ici.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.

Le secteur privé, son rôle de moteur de croissance et de création d’emplois, au cœur des recherches FEMISE

Brochure FEMISE

Les pays méditerranéens souffrent d’un manque de dynamisme de leur secteur privé, celui-ci n’étant pas suffisamment compétitif ni créateur d’emplois. C’est ainsi que FEMISE a placé la thématique du secteur privé, et notamment son rôle de moteur de croissance, de création d’emplois et d’inclusivité, au cœur de ses recherches. L’intérêt est porté sur les causes qui empêchent le secteur d’atteindre son potentiel, en particulier les contraintes auxquels les entreprises de la Région sud-Méditerranéenne font face, et sur l’importance de l’innovation dans le développement du secteur privé méditerranéen.

Une des spécificités du réseau FEMISE, coordonné par l’Institut de la Méditerranée et Economic Research Forum, est de toujours s’efforcer à intégrer les points de vue des responsables politiques, des opérateurs privés et, plus largement, de l’ensemble des acteurs locaux, dans les réflexions menées sur cette thématique. Cette approche permet d’obtenir de meilleurs retours sur les recherches et de s’assurer que celles-ci soient politiquement pertinentes.

Le secteur privé au centre des travaux académiques FEMISE

Patricia AUGIER (Prés. Scientifique Institut de la Méditerranée, Coordonatrice  et Prés. Scientifique du FEMISE), pilote le Rapport EuroMed2018

Premièrement, le Rapport général EuroMed2018 du FEMISE, publication phare du réseau, portera sur le secteur privé des pays méditerranéens. L’objectif du rapport sera de faire un point sur la dynamique économique des pays méditerranéens au cours de ces 20 dernières années (c’est à dire depuis le Processus de Barcelone), puis d’en comprendre les éléments de blocage. L’idée générale est que la croissance des pays méditerranéens doit s’accélérer pour absorber un nombre toujours plus grand de personnes sur le marché du travail, et que cette croissance doit s’appuyer sur des progrès de productivité plutôt que sur l’accumulation des facteurs : le développement du secteur privé est donc au cœur de la définition d’un nouveau modèle de développement. Un des chapitres sera plus spécifiquement consacré au rôle des Banques Centrales sur le développement du secteur privé. Enfin la préoccupation majeure d’une croissance plus inclusive nous amenera à considérer l’entrepreunariat social comme une potentielle opportunité pour les pays méditerranéens.

Une dynamique partenariale « Science for Business » avec des acteurs de soutien technique et opérationnel.

Deuxièmement, FEMISE participe, en partenariat avec ANIMA Investment Network, au projet The Next Society, qui regroupe acteurs publics et privés de sept pays méditerranéens dans l’objectif de soutenir les écosystèmes d’innovation. Cette collaboration est l’opportunité pour FEMISE et ANIMA de mettre en communs leurs compétences complémentaires, respectivement l’analyse et la production de connaissance académique, et le soutien technique et opérationnel.

La contribution de FEMISE consiste d’abord à dresser un tableau de bord et à analyser le positionnement de chaque pays en termes d’indicateurs d’innovation et de compétitivité, comme le Global Innovation Index, à différentes étapes de l’innovation (inputs, process et outputs). Une analyse des stratégies nationales d’innovation et de l’écosystème des acteurs impliqués (gouvernement, associations, opérateurs privés…) est aussi réalisée.

Ensuite, FEMISE identifie les secteurs et les produits performants afin de mettre en évidence les nouveaux avantages comparatifs des pays et les opportunités d’investissement.

Dr. Maryse LOUIS (General Manager FEMISE, Programs Manager ERF) et Dr. Constantin TSAKAS (General Manager Institut de la Méditerranée, General Secretary FEMISE) présentent les recherches FEMISE aux Panels THE NEXT SOCIETY en Tunisie et en Jordanie.

FEMISE présente ses travaux à l’occasion de panels de plaidoyer réunissant académiciens, entrepreneurs, investisseurs, responsables d’incubateurs et de structures d’innovation et d’acteurs publics, dans le but de bénéficier de leurs retours et, surtout de leur point de vue quant aux facteurs qui ont permis l’émergence de ces nouveaux avantages comparatifs. Cette approche garantit que les conclusions et recommandations provenant des travaux réalisés par FEMISE puissent aider à l’élaboration de politiques publiques. L’enjeu de ces panels est notamment d’établir, pour chaque pays, une feuille de route pour l’innovation, de la mise en œuvre à l’ évaluation, avec pour objectifs de renforcer les systèmes nationaux d’innovation, d’encourager la coordination des acteurs parties prenantes, et d’améliorer les instruments des politiques et stratégies d’innovation.

Une ouverture vers des institutions sud-méditerranéennes dans une approche « Science for Policy »

Les jeunes chercheurs du FEMISE participent activement aux recherches, Karine MOUKADDEM et Jocelyn VENTURA (Institut de la Méditerranée, FEMISE) et Dalia RAFIK (ERF, FEMISE)

Troisièmement, FEMISE s’ouvre en coopérant avec des acteurs et institutions du sud-méditerranéen directement concernés par les questions traitées. Ainsi, FEMISE corédige et publiera en 2019 le rapport EuroMed2019 qui identifiera les contraintes à la croissance et à l’intégration dans les chaines de valeurs mondiales des PME marocaines. Ce document est issu de la coopération du réseau avec d’une part la Banque Africaine de développement, bailleur régional pour l’aide au développement, et d’autre part l’Institut supérieur de commerce et de gestion d’administration des entreprises (ISCAE) implanté au Maroc.

Il est essentiel pour les pays méditerranéens de mieux intégrer les PME dans les chaines de valeurs mondiales au sein desquelles se réalisent la majeure partie des échanges internationaux. Nous avons fait le choix, dans ce rapport, de nous focaliser sur le cas des entreprises marocaines. Il s’appuiera sur des enquêtes et interviews de terrains auprès des dirigeants de PME et de représentants d’associations professionnelles ainsi que sur les Enquêtes Entreprises et les indicateurs Doing Business de la Banque Mondiale. C’est dans cette approche d’échanges entre chercheurs et opérateurs publics et privés que les résultats préliminaires du rapport ont été présentés en amont de la publication, afin de recueillir commentaires, suggestions et recommandations pour enrichir le travail.

Un triple ancrage pour une recherche pertinente d’un point de vue politique et opérationnel

En conclusion,en plus des recherches académiques en cours menées par les membres du réseau et soutenues financièrement par les fonds du FEMISE (recherches accessibles sur le site), 3 autres types de travaux consacrés au secteur privé mobilisent actuellement l’équipe FEMISE : (1) un état des lieu et une réflexion générale qui couvrent l’ensemble de la région (Rapport EuroMed2018), (2) une analyse thématique ciblée corédigée avec un focus national (Rapport EuroMed2019) et (3) un projet sur l’innovation en partenariat avec ANIMA.

L’ensemble de nos analyses se nourissent à la fois (i) des connaissances et des apports de la recherche académique, (ii) de la prise en compte des situations concrêtes dans les pays, ainsi que (iii) des points de vue et réflexions d’acteurs issus du monde politique et de celui de l’entrepreneuriat. Ce triple ancrage nous permet d’élaborer des produits pertinents d’un point de vue politique et opérationnel.

Pour la Brochure FEMISE, avec une présentation des activités du réseau et de ses nouvelles approches thématiques veuillez cliquer ici.

Pour en savoir plus sur les conclusions préliminaires du rapport codirigé avec la BAD, des éléments de réponses sont disponibles dans l’entretien ci-dessous:

Article rédigé par Jocelyn Ventura (Economiste Institut de la Méditerranée)

Déséquilibres externes et internes dans les pays du sud de la Méditerranée

Les pays du sud de la Méditerranée se caractérisent par des structures économiques non-diversifiées. Certaines structures dépendent fortement du pétrole afin de soutenir leur croissance et développement économiques, d’autres s’appuient sur le secteur immobilier, le tourisme, et les produits à faible valeur ajoutée ce qui les rend vulnérables aux évolutions économiques. La situation géopolitique de la région, qui alimente l’incertitude économique, crée d’importantes menaces et de grands problèmes, surtout en ce qui concerne le déficit commercial et la balance courante (déséquilibres extérieurs). La situation politique intérieure dans ces pays ne favorise pas non plus la stabilité économique. Les gouvernements des pays du sud de la Méditerranée sont plutôt centralisés et manquent le plus souvent d’institutions transparentes et de bonne qualité. Dans le domaine économique, cet état contribue à l’aggravation du déficit budgétaire et à l’augmentation de la dette publique (déséquilibres intérieurs). D’ajouter, les déséquilibres intérieurs et extérieurs reflètent et renforcent, à la fois, l’incapacité de ces économies à monter l’échelle des valeurs ajoutées, à développer des produits et des spécialisations plus concurrentiels, ce qui les aide à atteindre une croissance économique durable, des positions budgétaires équilibrées et des balances commerciales excédentaires.

Dans ce contexte, généralement en réponse aux risques émergents dans la sphère financière, concernant, à la fois, les déséquilibres intérieurs et extérieurs, après la crise financière mondiale, les gouvernements des pays du Sud de la Méditerranée ont adopté – parfois durement – des programmes de réforme économique en tant que moyen pour stabiliser leurs économies et gérer les risques associés. Toutefois, les programmes d’ajustement sont douloureux au niveau social et peuvent avoir des conséquences négatives sur l’économie, augmentant davantage la fragilité de ces économies et les menaçant d’une nouvelle détérioration de leur position extérieure. Cela soulève deux questions intéressantes, au niveau analytique, et très pressantes au niveau de politiques : l’étendue et la nature des déséquilibres extérieurs et intérieurs dans ces pays d’une part et la pertinence des politiques d’ajustement y suivies de l’autre.

Dans la présente étude, une analyse approfondie de ces questions se focalise sur le cas de six pays du Sud de la Méditerranée à savoir l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie. L’analyse, à la fois descriptive (Des graphiques) et économétrique (Techniques de l’économétrie des séries chronologiques), étudie en détails les déséquilibres intérieurs et extérieurs dans ces pays au cours des trois dernières décennies. Elle examine, par la suite, la gamme des programmes d’ajustement, les politiques d’austérité et autres mécanismes d’ajustement macroéconomique (par exemple les politiques de change) dans ces pays visant à faire face aux menaces intérieures et extérieures à la stabilité. En réfléchissant sur ces deux axes de recherche, l’étude fournit une vision utile concernant l’efficacité et la pertinence de ces réponses politiques visant à résoudre le problème en question.

Les désavantages économiques significatifs et les faiblesses politico-institutionnelles- et encore moins la mise à niveau de leurs avantages comparatifs et compétitifs- rend la stabilisation des économies une tâche difficile. Souvent les menaces fiscales, financières et économiques se combinent et se renforcent mutuellement, tandis que les tentatives de solutions politiques ont tendance à être beaucoup moins synergiques. Par exemple, l’instauration d’un régime de consolidation fiscale (pour résoudre un problème de coûts d’emprunt ou de liquidité freinant l’investissement) peut effectivement réduire l’investissement en diminuant la demande intérieure et/ou en diminuant la fourniture des biens publics qui stimulent l’investissement (par exemple l’infrastructure). De même, les politiques de libéralisation du marché et du commerce qui visent à accroître la concurrence et la productivité et à générer des effets taille de marché positifs, peut souvent mener à une augmentation disproportionnée des importations. C’est ainsi que la balance courante et peut-être aussi la position fiscale du gouvernement sont déstabilisées. Le même effet négatif peut résulter de politiques visant à réduire l’incertitude monétaire (par exemple, pour stimuler l’investissement direct étranger) en maintenant un taux de change fixe (ou indexé).

Partant, il a été établi dans la littérature économique internationale que la bonne gouvernance est une importante condition préalable à la réussite des politiques de stabilisation et du développement. Bien entendu, c’est un grand défi pour des pays comme ceux du sud de la Méditerranée qui se transforme encore de la centralisation à la libéralisation économique et politique, et qui ont des institutions démocratiques capitalistes relativement jeunes et de faibles capacités d’élaboration des politiques. Dans ce contexte, comprendre la nature toute entière de l’environnement extérieur et intérieur (par exemple, comme reflété dans les valeurs et les trajectoires économiques liées aux déséquilibres intérieurs et extérieurs) devient encore plus une condition préalable à l’élaboration réussie et effective des politiques. Les conseils qui peuvent découler d’une telle analyse peuvent permettre l’élaboration d’une vision de politique pertinente et réaliste et par conséquent, la conception et la mise en œuvre d’une stratégie appropriée qui essaiera de résoudre les problèmes identifiés et d’atteindre les objectifs fixés par la politique.

Selon notre analyse des programmes d’ajustement et d’autres politiques, les six pays du sud de la Méditerranée (dont le cas est étudié) n’ont pas eu la capacité ou peut-être le temps d’adopter une telle approche. Menacés par la rapide détérioration des déséquilibres intérieurs et extérieurs, dans un environnement international d’incertitude et de risques et accrus, ces pays ont mis, rapidement, en place des programmes d’austérité qui combinent augmentation de taxes avec réduction importante des dépenses, y compris les subventions qui -comparativement- semblent jouer un rôle important dans les politiques du gouvernement de ces économies. Selon les conseils directs ou indirects des institutions financière internationales comme le FMI, supprimer les subventions (sous ses différentes formes) est considéré une mesure positive visant à éliminer les distorsions de l’économie, lesquelles bloquent la modernisation de l’économie en réduisant le retour sur investissement productif. Toutefois, la suppression de la subvention a eu des conséquences négatives sur l’échelle sociale (elle affecte les nécessiteux) et économiques (elle baisse la demande intérieure). Alors que, dans la plupart des cas, les politiques de stabilisation (c’est-à-dire les politiques qui visent à réduire les déficits du budget et de la balance courante et à stabiliser le taux de change) étaient relativement réussies, les structures économiques et les fondamentaux de ces pays restent largement inchangeables, et plus considérablement, la vulnérabilité externe de ces économies et les problèmes socio-économiques internes d’inégalité ou du chômage. De même, les agrégats qui soutiennent les positions internes et externes de ces pays ne semblent pas avoir changé radicalement malgré la mise en œuvre des programmes d’ajustement.

Dans l’ensemble, notre analyse empirique donne une image des déséquilibres extérieurs importants et persistants concernant les dettes extérieures et les positions des actifs nets étrangers de tous les pays sauf un (L’Égypte). Cependant, et bien qu’ils soient globalement assez importants, les déséquilibres des balances courantes ne semblent pas être, uniformément, insoutenables dans les six pays.

La non-durabilité semble caractériser les cas de l’Algérie et de la Tunisie ; mais pour l’Egypte et le Maroc, les preuves de l’insoutenabilité de balance courante sont mitigées, alors que pour la Jordanie et le Liban, l’insoutenabilité de balance courante est économiquement rejetée. Mais surtout, les déséquilibres internes, sous forme de déficits budgétaires et de dette publique, ne semblent pas non plus être une préoccupation majeure pour les six pays du sud de la Méditerranée. La non-durabilité dans ces agrégats semble concerner uniquement le Maroc et l’Egypte (pour la balance budgétaire seulement), tandis que pour l’Algérie, le Liban et la Tunisie, les preuves de non-durabilité sont très limitées. Par ailleurs, l’analyse causale indique que les positions budgétaires sont non seulement durables dans un sens global, mais ne sont pas non plus une cause (de façon temporelle) des déséquilibres extérieurs.

La causalité va plutôt dans le sens inverse, en particulier des déséquilibres de balance courante aux déraillements budgétaires et des déséquilibres des actifs nets étrangers, aux vulnérabilités qui déstabilisent la dette publique dans la majorité des cas

Ainsi, bien que certains cas émergent, où les risques budgétaires se sont, particulièrement, accentués juste après la crise financière mondiale et où la politique budgétaire a relativement bien réussi à contrôler les déficits et les dettes élevés. Globalement, l’analyse de la soutenabilité intérieure et extérieure, ici présentée, ne semble pas justifier l’attention que porte nombreux pays de la région à l’assainissement budgétaire. Mettre, plutôt, l’accent sur la correction des mésalignements de taux de change et s’occuper des questions de la compétitivité internationale, d’exportation et d’investissement étranger semblent être beaucoup plus pertinent par rapport aux menaces identifiées pour ces économies. Mais sur le long terme, l’ensemble critique de politiques ne concerne pas tant le domaine monétaire que budgétaire, mais plutôt l’ensemble des interventions qui peuvent être appliquées dans l’économie réelle, dans le but de renforcer les compétences de base et promouvoir la diversification économique vers des activités à forte valeur ajoutée ; ainsi qu’en ce qui concerne le système juridique et institutionnel (résoudre les problèmes de corruption, d’inefficacité de la gestion publique, d’informalité économique, etc…)

Quand le site d’implantation d’une entreprise influe sur sa productivité

Les entreprises doivent-elles céder aux sirènes de la mondialisation? R&D stimulée, partage de connaissances, de compétences, de sous-traitance… La productivité grimpe quand les sociétés d’un même secteur se regroupent géographiquement analyse le tout dernier rapport du Femise

 

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D

« La proximité spatiale et les performances des entreprises: comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? ». Le Femise répond à cette question dans son dernier rapport. Photo F.D
Les zones d’activités renferment l’ensemble des maillons d’une chaine de valeur, un savoir-faire et une main d’œuvre qualifiée dans un domaine spécifique. De précieux atouts pour une entreprise, voire tout un pays. Il suffit de prendre les cas des zones d’activités en Turquie et en Tunisie. 15èmeproducteur mondial de véhicules, la Turquie compte 12 constructeurs automobiles actifs et près de 5 000 équipementiers (dont environ 250 investisseurs étrangers).  Fiat, Oyak-Renault et leurs équipementiers se concentrent à Bursa, capitale européenne de la production de véhicules.
En Tunisieles Pme côtoient les multinationales aéronautiques (Stelia, filiale d’Eads/ Airbus) sur l’aéropôle d’El-Mghira, plateforme industrielle de 200 ha au sud de Tunis.« Comment les économies basées sur la localisation peuvent-elles contribuer au processus de transition dans la région méditerranéenne ? », interroge le Femise dans son tout dernier rapport FEM 41-09.  Le document, publié sous la direction d’Anna Ferragina, de l’université de Salerne en Italie, analyse le lien entre proximité spatiale et performances des entreprises. Il émet des recommandations sur les politiques publiques, observe l’impact des retombées de l’innovation dans un contexte de concentration géographique et sectoriel.

 

Productivité, innovation et Investissements directs étrangers

« Malgré les défis de la mondialisation, le lieu d’implantation fait encore la différence », précise le document. Le Femise constate une amélioration de la productivité des entreprises installées dans les pôles automobiles ou aéronautiques de Turquie, d’Italie et de Tunisie. Proches sur le plan technologique et géographique, elles bénéficient de la circulation des connaissances, à fortiori lorsqu’il s’agit d’acteurs de l’innovation.

Le Femise note quelques variables selon les pays. Si les sociétés étrangères jouent un rôle déterminant en Turquie, les Pme domestiques regroupées créent des externalités négatives, le Femise citant l’exemple de la congestion. L’émergence de pôles d’activités, de clusters, a pour effet de générer des inégalités spatiales, de fortes disparités selon les régions. En Tunisie la majorité des entreprises est installée sur les zones côtières. La richesse et les emplois se concentrent donc sur la bande littorale. Pour les auteurs du rapport, le pays doit investir dans les infrastructures de transport afin de développer les complémentarités régionales.

Si l’Italie reste loin des fractures extrêmes observées en Turquie et en Tunisie, le Femise note d’importants effets d’agglomération stimulant la productivité des entreprises.

Accédez au rapport FEMISE en cliquant ici .

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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Med Change Makers e03 : Jocelyn VENTURA, Intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines

FEMISE a récemment lancé sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

 Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines

Entretien avec Jocelyn Ventura, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Jocelyn Ventura, Aix-Marseille Université (France), Institut de la Méditerranée et FEMISE

Des économistes du FEMISE et de l’Institut de la Méditerranée ont récemment présenté les conclusions préliminaires d’une étude produite pour la Banque Africaine de Développement intitulée « Identification des obstacles à l’amélioration de l’environnement des affaires et à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales des PME marocaines exportatrices ».

Jocelyn Ventura (Aix-Marseille Université (France), Economiste à l’Institut de la Méditerranée / FEMISE) a contribué au rapport. Dans cet entretien, il offre des pistes de réflexions sur les opportunités ainsi que les mesures que l’état pourrait mettre en place pour améliorer l’insertion des PME dans les chaines de valeurs mondiales.

 

1) Quelle est la dynamique des exportations marocaines ? Quels sont les principaux secteurs d’exportation ?

Il existe une dynamique notable. Le Maroc a mis en place, depuis 2014, un Plan d’Accélération Industriel (PAI) dont un des objectifs est de promouvoir les exportations du secteur industriel. Un des axes de ce plan vise à renforcer le positionnement du Maroc à l’international en améliorant son attractivité. Depuis, le Maroc a diversifié les destinations de ses exportations notamment vers le reste du monde. Même si l’Europe reste la première destination des exportations marocaines, son importance relative a diminué.

On note qu’à côté des secteurs exportateurs traditionnels, on retrouve des secteurs plus intensifs en technologie qui sont apparus récemment et qui ont connu un fort taux de croissance : machines et appareils électriques, véhicules etc.

Les exportations marocaines montent en gamme avec l’émergence de ces nouveaux secteurs exportateurs plus intensifs en technologie. Cependant, le taux de croissance des exportations marocaines demeure inférieur à ce qu’on connut des pays comparables en termes de revenus. La compétitivité des exportations a potentiellement été réduite par le régime de change peu flexible (assoupli récemment). De plus, les déséquilibres macroéconomiques et l’environnement général des affaires ont été des freins à la croissance des exportations.

2) Comment se situe le Maroc dans l’intégration des chaines de valeur globales ? Quelle position par rapport à des pays comparables ou voisins ?

De manière générale, les pays méditerranéens, et le Maroc en particulier, sont assez bien insérés dans les GVC. L’indice de participation aux GVC montre que l’intégration du Maroc dans les GVC est équivalent à celle de la Turquie et proche de celle d’Israël, mais demeure inférieure à celle de la Tunisie (51,1% en 2011) ou d’autres pays comparatifs (Chili, Roumanie, Malaisie…)

On observe que le Maroc participe dans les GVC majoritairement « en amont » ou, en d’autres termes, c’est la part de VA étrangère contenue dans les exportations marocaines qui contribue le plus à l’intégration dans les GVC. La participation en amont est particulièrement importante dans les principaux secteurs d’exportations marocains, comme les véhicules, les machines électriques ou le textile, ce qui montre que les exportations marocaines s’inscrivent dans des processus de production internationalisés.

3) Quels sont les principaux obstacles entravant la capacité des PME à vendre leur produit sur les marchés étrangers ? 

Parmi les obstacles au lancement d’une activité d’exportation cités par les PME marocaines, on peut noter la difficulté à pénétrer les marchés étrangers et à adapter les produits aux normes qui y sont imposées, la difficulté à obtenir un financement, les coûts de transport et la lourdeur des procédures douanières. Jouent aussi un rôle le coût de la couverture contre le risque de change, la faiblesse de la R&D ou encore l’absence d’organismes nationaux de soutien à l’exportation.

Parmi les politiques réclamées pour réduire ces obstacles on retrouve la mise en place de relais au niveau des marchés cibles, une augmentation des moyens mis à disposition des conseillers économiques au sein des missions diplomatiques à l’étranger, mais aussi la création d’une banque spéciale pour soutenir les activités d’exportations…

4) Quelles opportunités offrirait une meilleure intégration dans les GVC des PME ?

Les opportunités sont nombreuses. Entre 60 et 80% des flux commerciaux ont lieu au sein des GVC. Pour une entreprise d’un pays en développement, intégrer ces GVC serait donc un excellent moyen d’exporter sa production. L’intégration de GVC peut aussi améliorer la productivité et la compétitivité de l’entreprise. Une meilleure insertion dans ces GVC pourrait par exemple faciliter la mise à niveau des normes de qualité et des standards de production, favoriser l’amélioration des compétences des salariés, donner accès à de nouvelles technologies etc.

La fragmentation des processus de production permet aux firmes de pays en développement, notamment les PME, d’utiliser les avantages comparatifs afin de produire et exporter une partie de leur chaine de valeur où elles sont plus compétitives.

Ce serait un des meilleurs moyens d’accélérer la croissance des exportations marocaines, ainsi que le chemin le plus court pour les PME de bénéficier d’un progrès de productivité, d’une amélioration de la compétitivité et d’un meilleur positionnement à l’international.

5) Quelles mesures l’Etat pourrait-il mettre en place pour améliorer l’insertion des PME dans les CVG ?

Tout d’abord on peut remarquer que les PME seront désavantagées face aux grandes entreprises, qui bénéficient d’une meilleure productivité et d’une meilleure capacité à acquérir et absorber de nouvelles technologies, pour intégrer les CVG.

Parmi les obstacles à dépasser on note un manque de service logistique efficace, un manque de compétitivité des produits, des difficultés à satisfaire les exigences des donneurs d’ordre et à mettre les produits ou les procédés de production aux normes de qualité et standards demandés etc.

L’Etat pourrait donc améliorer l’insertion des PME en leur offrant un support pour mettre en conformité les produits et les processus de productions, un support à la formation des salariés, un soutien à la mise en relation avec les entreprises étrangères et, enfin et surtout, une augmentation de crédits bancaires disponibles.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.

FEMISE MED BRIEF no9 : « Les déterminants de la performance à l’exportation des entreprises dans la région MENA »

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le neuvième numéro de MED BRIEF « Les déterminants de la performance à l’exportation des entreprises dans certains pays de la région MENA. Comparaison avec les pays d’Europe centrale et orientale, Israël et la Turquie »  est disponible (en GB) en cliquant ici.

Pr. Alfred Tovias (Leonard Davis Institute of International Relations, The Hebrew University and FEMISE)

En se concentrant principalement sur les déterminants des performances à l’exportation des entreprises de certains pays de la région MENA, ce document présente quelques recommandations utiles après avoir comparé la performance des entreprises MENA à celle des entreprises des pays d’Europe centrale et orientale. Les résultats empiriques obtenus pour les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord indiquent que la productivité, la taille des entreprises, les dépenses en recherche et développement, la part des diplômés universitaires dans l’emploi productif et l’internationalisation des entreprises ont une relation positive vis-à-vis de la probabilité d’exporter.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.