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TNS/ FEMISE Policy Brief no.6: L’adoption de la digitalisation: l’avenir des startups dans la région Sud Med

Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) constituent environ 95% du total des entreprises de la région du Sud de la Méditerranée et sont considérées comme les forces motrices de la croissance économique, de la création d’emplois et de la croissance verte et inclusive. Les entrepreneurs, en particulier les start-ups, sont encore confrontés à de nombreux défis lorsqu’il s’agit de créer, promouvoir et gérer leurs entreprises. L’accompagnement de ses entrepreneurs à travers des initiatives innovatrices et la valorisation des écosystèmes dans lesquels ils opèrent contribueront à leur développement. A leur tour, les entrepreneurs contribueront à la réalisation de plusieurs Objectifs de Développement Durable (ODD). C’est dans ce contexte que le projet Next Society (TNS) et le FEMISE ont décidé de lancer cette initiative pour produire « The Next Society Policy Briefs Series ». Cette série de Briefs vise à mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs (à travers le prisme des entrepreneurs eux-mêmes) et à fournir des recommandations politiques opérationnelles sur mesure. Ces Briefs reposent sur un travail collaboratif et un échange de connaissances et d’expériences entre le(s) chercheur(s)/auteur(s) et le(s) entrepreneur(s), dont beaucoup ont bénéficié du projet TNS, garantissant leur pertinence et leur impact.

Le sixième TNS/ FEMISE Policy Brief, intitulé « L’adoption de la digitalisation: l’avenir des startups dans la région Sud Med», par Walid Hadhri, Université de Tunis, est disponible (en anglais) en cliquant ici

Résumé :

La technologie numérique semble progresser dans le monde entier plus que toute autre innovation dans l’histoire, puisqu’elle a atteint plus de 50 % de la population dans les pays en développement. La crise du COVID-19 a renforcé l’importance de la numérisation comme solution à de nombreux défis qui ont été rencontrés dans presque tous les secteurs et partout dans le monde. La taille du marché mondial de la transformation numérique a été estimée à 589,7 millions USD en 2021 et devrait croître de 15,6 % par an jusqu’en 2030. Les avantages des technologies numériques sont vastes, que ce soit sur les économies et les entreprises ou sur les communautés et les individus. Cependant, l’adoption de la numérisation nécessite la disponibilité des compétences et des connaissances appropriées et un changement de culture.

Pendant la crise de Covid-19, les économies ont dû trouver des moyens d’accroître l’utilisation de la technologie afin de survivre. Cette tendance continue peut fournir de grandes opportunités pour le développement de nouvelles entreprises, l’entreprenariat et les start-ups. Cependant, le secteur des technologies et des logiciels dans la région Sud Med n’est pas encore totalement développé et de nombreuses barrières subsistent qui empêchent les start-ups d’être compétitives. Certaines stratégies de soutien sont en cours de mise en œuvre afin d’adopter les outils les plus appropriés pour développer le secteur et en particulier pour offrir des opportunités pour la création de start-ups numériques, mais la route est encore longue.

L’objectif de ce policy brief est de souligner l’importance du secteur des TIC dans la région Sud Med en tant que nouvelle opportunité pour les start-ups de lancer leurs activités. Après avoir donné une vue d’ensemble du secteur des TIC dans cette région, nous fournirons quelques exemples d’initiatives gouvernementales, et soulignerons les principaux défis auxquels le secteur est confronté et l’impact de COVID-19. Nous concentrerons ensuite notre analyse sur les success stories de trois start-ups du secteur des TIC en Egypte, au Liban et en Tunisie qui ont bénéficié du projet THE NEXT SOCIETY. A travers un questionnaire, nous mettrons en évidence que certains des principaux obstacles sectoriels que ces startups ont identifiés sont le manque de compétence numérique des utilisateurs, la difficulté à pénétrer le marché numérique, le manque de connaissances et de compétences des populations et la capacité à faire grandir leurs projets et à les internationaliser. Ces obstacles s’ajoutent aux obstacles classiques auxquels sont confrontés les entrepreneurs, tels que le financement, la bureaucratie et la visibilité. Le brief présente ensuite des conclusions et des recommandations politiques sur la manière de promouvoir le secteur, parmi lesquelles le renforcement de la numérisation administrative, l’amélioration de la coordination entre les différentes autorités publiques, le suivi de la mise en œuvre des politiques d’innovation et de numérisation et la création d’un environnement favorable pour que les jeunes prennent des risques et encourager l’entrepreneuriat numérique

Regardez cette vidéo (sur youtube) de l’auteur du Brief et des entrepreneurs qui partagent leurs expériences, soulignent les défis et fournissent des recommandations et des leçons apprises.

 

Ce Policy Brief et cette vidéo sont produits dans le cadre de la série de Policy Briefs TNS/FEMISE sur “l’entreprenariat dans les pays du sud de la Méditerranée” qui sont réalisés en partenariat entre FEMISE et ANIMA Investment Network.

“Ce Policy Brief et cette vidéo ont été produits avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de ces produits relèvent de la seule responsabilité des “auteurs et entrepreneurs/auteurs” et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.”

Réponses des entrepreneurs sociaux à la crise des réfugiés en Jordanie et au Liban (rapport FEM44-12)

Après le déclenchement de la guerre civile en Syrie en 2011, environ 1,5 million et 1,3 million de réfugiés syriens ont respectivement cherché refuge au Liban et en Jordanie (Reuters, 2017; Ghazal, 2017). Dans la mesure où la Jordanie compte près de 10 millions d’habitants et le Liban, moins de 7 millions (World Bank, 2018), l’afflux soudain et inattendu de réfugiés a bouleversé les capacités d’absorption de ces deux pays bien au-delà de leurs limites, tout en exigeant une aide humanitaire considérable, tant à l’égard des réfugiés que des communautés d’accueil. Dans leurs efforts visant à gérer cette situation, les autorités des deux pays ont reçu le soutien de la communauté internationale et de la société civile. De manière croissante, le secteur privé est lui aussi intervenu (Berfond et al., 2019). Parmi les nombreuses institutions et individus qui s’efforcent d’améliorer cette situation, un nombre croissant d’acteurs non-conventionnels, les entrepreneurs sociaux, ont pu être observés.

Dans ce contexte, l’étude exploratoire visait principalement à examiner la manière dont les entrepreneurs sociaux en Jordanie et au Liban ont pu aider à atténuer la crise des réfugiés dans les deux pays. Dans notre conceptualisation de l’entreprise sociale (ES), nous avons suivi une approche de Cerritelli et al. (2016). Au lieu d’adopter une définition unique de l’entrepreneuriat social, nous avons considéré les ES comme des entités présentant les caractéristiques suivantes : i) essentiellement axées sur la création d’une valeur sociale plutôt que sur la création d’une valeur purement marchande, ii) être viable financièrement ou chercher à atteindre cet objectif, et iii) s’identifier en tant qu’entreprise sociale. Cette approche a permis une meilleure représentation des différents types d’initiatives d’entrepreneuriat social, tout en tenant compte des différences qui peuvent exister entre les ES basées dans les pays occidentaux et celles de la région MENA (comme suggéré par Tauber, voir dans le développement).

Nos principales conclusions, élaborées à la suite d’une revue de littérature approfondie et de consultations auprès des différentes parties prenantes (29 entretiens avec des ES et organisations de soutien [OS], un focus group, et un groupe de discussion avec les parties prenantes lors d’un workshop) sont que, en dépit des nombreux obstacles que les entrepreneurs sociaux surmontent pour atteindre leurs objectifs, l’évaluation de l’impact réel de leurs actions est rendue difficile au regard de l’absence de mécanisme permettant de mesurer l’impact social de leurs actions.

Le fait que la majorité des entreprises sociales examinées sont relativement jeunes et qu’elles se sont établies pour la plupart au cours des cinq dernières années représente une difficulté supplémentaire pour mesurer leur succès.

Dans le même temps, nous avons constaté que les données empiriques suggèrent que les réfugiés des deux pays tirent profit des actions menées par les ES de plusieurs manières. En premier lieu, les ES offrent des opportunités d’emploi, aident les réfugiés à commencer une nouvelle carrière ou à la reprendre là où ils l’avaient laissée dans leur pays d’origine. Les opportunités offertes sont particulièrement précieuses pour les femmes réfugiées, qui éprouvent des difficultés pour gérer à la fois responsabilités familiales et vie professionnelle tout en faisant face à diverses contraintes de nature socioculturelle. Les ES sont idéalement positionnées pour aider à l’intégration des réfugiés sur le marché du travail, car, à la différence des entreprises à but purement lucratif, elles peuvent satisfaire leurs besoins spécifiques en se concentrant sur l’impact social de leur travail plutôt que sur la focalisation du profit au sens strict (en offrant par exemple, des services de garde d’enfants gratuits à leurs employées). De plus, contrairement aux organisations à but non-lucratif, elles peuvent créer des emplois durables qui ne dépendent pas (entièrement) du financement de donateurs. Enfin, le degré de réussite des SE dans leur travail dépend, hélas, dans une large mesure des politiques relatives au marché du travail de leurs gouvernements respectifs. La question de l’octroi de permis de travail aux réfugiés est extrêmement délicate en Jordanie et au Liban, deux pays qui doivent déjà faire face à des taux de chômage élevés parmi la population native. Récemment, le Liban a notamment introduit des mesures qui peuvent s’avérer extrêmement difficiles à surmonter de la part des ES qui souhaiteraient intégrer des réfugiés sur les marchés du travail locaux.

Une autre catégorie d’ES s’est concentrée sur la fourniture de biens et de services qui permettraient de faciliter la vie quotidienne des réfugiés (et d’autres franges de la population) : de l’offre de solutions éducatives innovantes, en passant par l’élaboration de dispositifs sanitaires, jusqu’à la conception d’abris temporaires fonctionnels. Ces derniers ont toutefois, eux aussi, subi les effets négatifs des cadres institutionnel et réglementaires existants.

Dans l’ensemble, les ES sont confrontées à plusieurs défis liés à la bureaucratie et à une législation inadéquate tels que : des taxes élevées, des procédures douanières complexes, des formalités administratives ou une réglementation excessive. Il est important de noter que le manque de reconnaissance légale d’une entreprise sociale en tant qu’entité juridique est un obstacle majeur qui oblige les entrepreneurs sociaux à choisir entre s’enregistrer comme i) organisation à but lucratif et doivent par conséquent renoncer à toute déduction fiscale, à la possibilité de recevoir des subventions et des dons (exonérés d’impôt) ainsi que d’autres avantages dont bénéficient généralement les associations à but non-lucratif ; elles peuvent sinon s’enregistrer comme ii) des associations à but non-lucratif, ce qui limite leurs possibilités de générer des revenus. Tout aussi préoccupant, la complexité de la législation existante ne semble pas bien comprise par les ES tout comme par les organisations de soutien.

Un autre obstacle majeur identifié par la grande majorité des personnes interrogées était l’obtention d’un financement pour leur développement et leur croissance. Les prêts bancaires et les microcrédits étant hors de leur champ d’application ou inenvisageable, la plupart des ES se sont tournés vers les dons, et l’épargne personnelle, même si la recherche d’un investisseur est, pour elles, la meilleure façon de progresser.

Enfin, le manque d’assistance adéquate de la part des organisations de soutien a été un facteur supplémentaire qui a nui aux ES, qui se sont notamment plaintes du fait que les programmes d’incubation disponibles étaient trop peu adaptés et imposaient des contraintes inutiles à leurs opérations quotidiennes. Alors même que certaines organisations de soutien ont reconnu ce problème, plusieurs considèrent que les entrepreneurs sociaux sont insouciants et peu enclins à apprendre.

Le monde de l’entreprenariat social en Jordanie et au Liban, et en particulier la section en charge du travail avec les réfugiés, est encore relativement peu développé, peu organisé et non structuré. Il est toutefois relativement certain que le fait de pouvoir avoir un impact positif sur les moyens de subsistance des réfugiés résidant dans les deux pays est réel. Bien que l’entrepreneuriat social ne soit pas la seule réponse à la crise des réfugiés ; à la faveur d’un environnement législatif favorable, il est susceptible de devenir un acteur important notamment grâce aux nouvelles technologies qui permettent aux ES d’intensifier leurs activités et de potentiellement maximiser leurs impacts.