« La Tunisie développe des projets pilotes d’économie sociale et solidaire », Sami Mouley

ESS-Mouley2Professeur à l’Université El Manar, secrétaire général de l’Institut de la Méditerranée à Tunis, Sami Mouley a contribué à la rédaction du dernier rapport FEMISE, intitulé «Économie sociale et solidaire : vecteur d’inclusivité et de créations d’emplois en Méditerranée ? ».

Quels secteurs de l’économie sociale et solidaire présentent un potentiel de développement ? Plusieurs projets pilotes de l’économie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie méritent le soutien des institutions financières et de la communauté internationale. Ces projets contribuent à l’auto-développement intégré et à l’accès aux sources de financement. Ces axes se justifient non seulement par les spécificités du contexte économique actuel mais aussi par les profils de réussite de deux associations : Asad et Enda.
L’association de soutien ESS-Mouley3à l’auto-développement (Asad) intervient dans le développement régional et la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’amélioration des revenus et des conditions de vie des populations des régions enclavées. En complémentarité avec les interventions d’Enda, des associations de socio-financement (crowdfunding) peuvent aussi se présenter comme une alternative viable et financer les secteurs innovants et les nouvelles technologies.

Des orientations peuvent être envisagées dans le tourisme solidaire et/ou l’agritourisme ainsi que dans la mise en réseau dans le domaine agricole via des syndicats de défense de terroirs agricoles.

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Existe-t-il des solutions durables en terme d’appui et de financement des projets de l’ESS ? Des pistes alternatives d’appui budgétaire au financement et à l’accompagnement de la structuration de l’ESS restent à explorer. C’est le cas en France de la loi visant à promouvoir ce secteur. Le groupe de la Caisse des dépôts et la banque publique d’investissement gèrent un fonds d’innovation sociale pouvant être transposable en Tunisie.Des financements innovants peuvent être élaborés à partir d’outils de la finance islamique et de la finance solidaire. Un partenariat public-privé ou un partenariat exclusif avec le secteur privé peut être bâti autour du concept de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de l’investissement socialement responsable (ISR).
Comment concilier rentabilité et développement social ?

En s’appuyant sur un programme d’évaluation des compétences et de renforcement des capacités institutionnelles des opérateurs de l’ESS en Tunisie, plusieurs recommandations spécifiques peuvent être déclinées.

Elles se focalisent sur le secteur des services financiers, les actions à entreprendre en matière de renforcement des dispositifs d’inclusion financière des micro/petites-moyennes entreprises (M-PME) et particuliers dans les régions.

Il s’agit de revoir la stratégie d’investissement dans le secteur de la microfinance, des modalités d’intervention en matière de dispositif de cautions/garanties en faveur des M-PME.

L’éventualité de la migration de la Poste Tunisienne vers un statut de banque spécialisée favoriserait l’inclusion financière tout comme la mise en place d’une ligne budgétaire spécifique de capital-investissement.

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Interview par Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info.

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Photos: photo de Taysir, Econostrum