Analyse de l’impact de la croissance sur la pauvreté et identification des stratégies de croissance bénéfique aux pauvres («pro-poor growth strategies»). Etude des cas pour six pays partenaires méditerranéens : Egypte, Israël, Liban, Maroc, Tunisie et Turquie.

FEM31-06 | Septembre 2008

Titre

« Analyse de l'impact de la croissance sur la pauvreté et identification des stratégies de croissance bénéfique aux pauvres («pro-poor growth strategies»). Etude des cas pour six pays partenaires méditerranéens : Egypte, Israël, Liban, Maroc, Tunisie et Turquie. »

Par

Valérie BERENGER et Claude BERTHOMIEU, Université de Nice Sophia Antipolis (UNSA)

Contributeurs

Jaleleddine BEN REJEB (ISG Sousse), Valérie BERENGER (CEMAFI, UNSA), Ghazi BOULILA (ESSEC Tunis), Renginar DAYANGAÇ (Université de Galatasaray), Joseph DEUTSCH (Université de Bar-Ilan), Christophe EHRHART (CEMAFI, UNSA), Rita EL ARAJ (CEMAFI, UNSA), Abdelhamid EL BOUHADI (Université de Marrakech), Hajer EL OUARDANI (ESSEC Tunis), Abdelkader ELKHIDER (Université de Marrakech), Chaker GABSI (ISET de Médenine), Burak GÜRBÜZ (Université de Galatasaray), El Mustapha KCHIRID (Université de Marrakech), Haluk LEVENT (Université de Galatasaray), Zoya NISSANOV (Université de Bar-Ilan), Alain SAFA (CEMAFI, UNSA), Jacques SILBER (Université de Bar-Ilan), Chakib TAHIRI (Université de Marrakech), Mohamed TRABELSI (IHEC, Tunis).

Note :

Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier de l'Union Européenne au travers du Femise. Le contenu du rapport relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l'opinion de l'Union Européenne.

Résumé :

A titre principal, notre projet se rattache au thème 3 du programme de recherche 2005-2007 du FEMISE (Développement et lutte contre la pauvreté), plus précisément au premier sujet, à savoir l’étude des causes de la pauvreté et l’analyse de l’impact de la croissance et l’identification de stratégies de croissance bénéfiques aux pauvres dans le processus de développement des pays méditerranéens (PM).

Durant la décennie précédente, les banques de développement multilatérales ont fait du combat contre la pauvreté leur objectif principal. La communauté internationale s’est engagée à réduire de moitié la pauvreté extrême – c’est-à-dire la proportion des individus vivant avec moins d’un dollar par jour – d’ici 2015 (en considérant 1990 comme étant l’année de référence). En outre, six objectifs non monétaires ont été spécifiés dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ainsi, non seulement la réduction de la pauvreté est devenue un objectif à part entière du développement, mais encore, il est également admis que la pauvreté est de nature multidimensionnelle et n’est pas nécessairement réduite uniquement par des accroissements de revenu. Parallèlement à cet intérêt accru pour la pauvreté, un thème de recherche qui a reçu beaucoup d’attention ces dernières années est celui de savoir dans quelle mesure la croissance économique améliore la situation des pauvres. Pour répondre à cette question, il est nécessaire au préalable de bien cerner la nature et les caractéristiques multiples de la pauvreté définie de façon absolue et relative. En effet, des conclusions différentes peuvent émerger concernant le caractère « pro-pauvres » plus ou moins grand de la croissance, tout simplement du fait de l’utilisation de mesures différentes de la pauvreté sous ses formes monétaires ou non monétaires. Enfin, un nombre croissant d’études empiriques souligne que l’impact de la croissance sur la pauvreté diffère substantiellement selon le type de croissance.

Plus exactement, l’objectif principal des équipes partenaires de ce projet a été d’étudier les effets de la croissance économique sur la pauvreté en termes de revenu et sur la pauvreté hors revenu de sorte à évaluer dans quelle mesure la croissance économique est bénéfique aux pauvres (« growth is pro-poor ») et à faire ressortir les principales composantes d’une stratégie de croissance qui bénéficie davantage aux pauvres (« a more pro-poor growth strategy »).

Dans le cadre de ce travail de recherche, les équipes ont tenté (i) dans un premier temps, d’identifier les manifestations multiples de la pauvreté et (ii) dans un second temps, d’évaluer l’impact de la croissance économique sur la pauvreté monétaire et non monétaire, afin, ensuite d’identifier les politiques favorisant une réduction plus rapide de la pauvreté pour les six pays méditerranéens (PM) suivants : Egypte, Israël, Liban,  Maroc, Tunisie, Turquie.

Précisons brièvement ces deux lignes de réflexions :

(i) la première aborde dans un premier temps la question fondamentale de la conceptualisation et de la mesure du phénomène de pauvreté dans un cadre d’analyse élargi afin de tenir compte de son caractère multidimensionnel. Cette approche multidimensionnelle permet notamment d’appréhender les relations existant entre pauvreté, santé, éducation, fécondité et genre ;

(ii) la seconde explore tout d’abord la question essentielle de l’ampleur des effets distributifs de la croissance économique en portant une attention particulière à l’évolution de la situation des segments les plus pauvres de la population. Il s’agit notamment ici de rendre opératoires les définitions du concept de « croissance bénéfique aux pauvres » à partir des caractéristiques monétaires et hors revenu de la pauvreté pour les PM. L’objectif central consiste ici à identifier les types de politiques de croissance « pro-pauvres » qui contribuent à réduire plus vite la pauvreté et à envisager si la réduction de la pauvreté avec la croissance économique dépend aussi des inégalités initiales et donc nécessite la mise en oeuvre de politiques sociales de redistribution en faveur des pauvres.

Ce rapport de synthèse de notre recherche s’organise, dès lors, de la façon suivante :

Dans une première partie, nous présenterons une réflexion théorique relative aux concepts et mesures de la pauvreté multidimensionnelle et nous résumerons les résultats des travaux empiriques effectués pays par pays sur les manifestations et les déterminants de la pauvreté.

Dans une seconde partie, la réflexion portera sur les concepts et indicateurs de croissance pro-pauvres avec une attention particulière portée à leur extension aux dimensions non monétaires de la pauvreté. Nous présenterons ensuite les résultats obtenus pour chaque pays.