Les pays du Sud Méditerranéen face aux défis environnementaux

capture-decran-2016-11-17-a-11-02-58Par : Dr. Constantin TSAKAS (Délégué Général de l’Institut de la Méditerranée, Secrétaire Général du FEMISE), auteur principal du Chapitre «La région Sud-Med post-Printemps Arabes et les potentiels pour l’environnement » du rapport ENERGIES2050[1] « Les Défis du Changement Climatique en Méditerranée », publié à l’occasion de la conférence internationale COP22 qui a eu lieu à Marrakech, le 15 Novembre 2016

L’Institut de la Méditerranée (IM) et le FEMISE ont contribué en écrivant un chapitre pour le rapport ENERGIES 2050 sur les changements climatiques en Méditerranée qui a été présenté à la COP22 de Marrakech le 15 Novembre 2016. Cet article présente des résultats de recherche présents dans le chapitre.

Le rapport est disponible au téléchargement en cliquant ici.

 

Quelques progrès, mais des opportunités qui restent à saisir…

La prise en compte de l’environnement dans les décision économiques et politiques avec notamment le développement des énergies renouvelables constitue un grand défi pour l’avenir de la planète et bien évidemment pour la Méditerranée.

tsakas-environment-r

Dr. Constantin TSAKAS (DG Institut de la Méditerranée, SG FEMISE)

Le Sud de la Méditerranée a fait quelques efforts en termes d’Efficacité Energétique (EE) et de développement d’Energies Renouvelables (ER) bien qu’il reste encore de nombreuses opportunités pour rattraper le reste du monde. Au milieu des années 2000, la part des ER (hydraulique, éolien, solaire, géothermie) dans la consommation d’énergie primaire restait déjà très en dessous de celle nécessaire pour atteindre l’objectif de la Stratégie Méditerranéenne pour le Développement Durable (SMDD) (l’espoir était d’attendre 7% en 2015).

Hélas, entre 2000 et 2014, on note une croissance annuelle positive de l’intensité énergétique primaire pour des PM comme l’Egypte (+0,8%), l’Algérie (+0,9%) et la Libye (+2,6%) ce qui suggère qu’elles restent des économies de plus en plus gourmandes en énergie par rapport à leur niveau de PIB. Cependant, des pays comme la Jordanie (-1,4%) et le Liban (-1,5%), semblent mieux tirer leur épingle du jeu, s’approchant des résultats qu’enregistre l’UE en termes de décroissance de l’intensité énergétique.

Ce que signifient les printemps Arabes quant aux progrès environnementaux de la région

Suite aux printemps Arabes, la région a de nouveaux défis à relever ce qui suggère que la promotion de l’environnement et des énergies renouvelables ont perdu quelques places dans la liste de priorités des pays. Cependant, les énergies renouvelables restent un secteur plutôt stable pour les investissements dans la région et n’ont pas trop faibli suite aux révolutions. Entre 2006 et 2015, on estime que la région représente 7,3 Mds € d’IDE et 144 projets (tels qu’enregistrés par l’observatoire ANIMA-MIPO) pour une taille moyenne de 50,7 M €. Malgré la stabilité, cela reste faible, surtout si l’on considère que le PIB de la Tunisie représentait à lui seul 47 milliards de US$ en 2013.

On notera tout de même que l’année 2015 a été une de plus importantes en terme de projets d’IDE annoncés depuis longtemps. Cela s’explique notamment par de grandes initiatives d’entreprises des Emirats Arabes Unis et Européennes qui relancent des projets de plusieurs centaines de millions d’euros, notamment dans le photovoltaïque et l’éolien, plus particulièrement en Egypte.

L’économie verte dans le Sud Méditerranéen

L’économie verte peut produire des impacts économiques significatifs en termes de production (directe et induite) et de création d’emplois. A titre d’exemple, une étude FEMISE (2013) a estimé qu’une industrie du CSP (Plants Solaires Concentrées) au Maroc pourrait avoir un effet global sur le PIB marocain de l’ordre de 1,27% à 1,77% jusqu’à 2050, créant plus de 200 000 emplois.

Mais de nombreuses barrières persistent, notamment le manque de ressources financières internationales ou locales, associé à une prime de risque élevée. En outre, les barrières politiques sont importantes et l’absence/l’instabilité du cadre fiscal et législatif pour le développement de CSP se fait toujours sentir.

Pistes de réflexion et recommandations pour le Sud de la Méditerranée

Les gouvernements des pays du Sud de la Méditerranée devraient songer à devenir des véritables partenaires qui co-construisent l’intérêt écologique se basant sur les acteurs locaux et en ouvrant la voie vers une économie verte. L’impulsion donnée par la multiplication d’accords territoriaux entre l’Etat et les territoires sur des actions qui favorisent un développement durable permettrait de consolider un cadre de gouvernance multi-niveaux.

logo-cop22-919x650En outre, on peut imaginer que l’Etat appui davantage des projets écologiquement durables qui répondent aux besoins réels des territoires à risque environnemental. Des diagnostics territoriaux seraient nécessaires pour faire des territoires un « axe d’une réorientation de l’économie vers un développement local durable ». Ces diagnostics pourraient ensuite ouvrir sur des pactes territoriaux de relance réunissant tous les acteurs participant au développement durable des territoires/régions.

Outres ces recommandations sur le plan politique, il s’agirait plus généralement d’avoir une orientation qui permette d’exploiter des opportunités dans le secteur privé. Ces possibilités ne se limitent pas à un secteur en particulier, mais les secteurs manufacturiers, la finance et l’assurance, la construction et les activités professionnelles, scientifiques et techniques se distinguent.

Enfin, il faudrait que les PM exploitent leurs points forts en termes d’EE et ER qui sont un potentiel solaire élevé (irradiation), des faibles coûts de main-d’oeuvre des employés non qualifiés, une industrie locale émergente et le fait que pour l’Europe le développement de l’économie verte en Méditerranée (ex. de l’industrie solaire) serait une véritable valeur ajoutée.

 

[1] ENERGIES2050 est une association française basée à Nice (France). ENERGIES 2050 entend notamment promouvoir et encourager la maîtrise de la demande en énergie : la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et le développement des d’énergies renouvelables. , FEMISE et l’Institut de la Méditerranée ont choisi de s’associer à se partenaire important dans le domaine du changement climatique pour avoir une voie supplémentaire pour répondre aux défis de la région EuroMed et atteindre le processus décisionnel.