Les industries de la région MENA restent loin des performances des grands pays émergents

(photo DR / Econostrum)

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Les performances productrices des pays de la zone MENA restent très disparates. Une étude réalisée sous l’égide du FEMISE met en avant le retard de la région sur les grands Etats émergents, avec une très nette exception pour le Maroc.

Avant de parler d’intégration régionale ou d’intégration vers le Nord, les pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen Orient) doivent améliorer leur propre positionnement, notamment en termes de compétitivité internationale.

Dans une étude (FEM33-09) très détaillée des systèmes industriels de la région, le Centre d’Étude et de Recherche sur le Développement International (CERDI) relève toute une série de handicaps. Avec toutefois des différences notoires d’un pays à l’autre à l’image du secteur du textile. Entre le Liban et le Maroc, la productivité des entreprises passe de 1780 $ par tête à 10 610 $. L’Algérie se classe mieux que l’Égypte avec 4270 $ par tête contre 3470 $. A titre de comparaison, ces chiffres étaient de 11350 $ pour la Chine à la même époque (période 2000-2004) et de 10480 $ en Inde.

Certes, faute de données statistiques homogènes et surtout récentes, les résultats de l’étude qui s’est concentrée sur ces quatre pays de la région MENA, sont à manipuler avec précaution. Mais en l’état, ses conclusions sont éloquentes : au moins sur la première moitié de la décennie, le secteur manufacturier marocain est de loin le plus efficace et « ses performances sont assez proches de celles de pays de développement supérieur comme l’Afrique du sud ou le Brésil et plutôt meilleures que celles de la Chine et l’Inde « .

L’Algérie se situe environ 20% derrière dans tous les secteurs étudiés puis viennent l’Égypte et le Liban.

Le poids des administrations

Pour expliquer ce retard, l’étude met notamment l’accent sur les écarts de salaires. Le coût unitaire du travail dans la zone MENA est de 540 $, contre 390 $ dans les pays étudiés hors MENA (Chine, Inde etc.). Et sur des secteurs aussi pourvoyeurs d’emplois que le textile et l’habillement, l’Egypte et le Maroc sont 2 à 2,5 fois plus chers que l’Inde. D’où la nécessité de réagir rapidement sinon la compétitivité de ces pays « pâtira d’un rythme d’innovation et de rattrapage technologique beaucoup plus rapide en Asie que le rythme d’accroissement des coûts du travail et qui permet de combler le gap de qualité des produits « .

Quant aux disparités à l’intérieur même de la zone MENA, l’étude évoque la « qualité du climat des affaires ». Au Maroc, l’ouverture vers l’étranger, mesurée par le taux d’exportation des biens ou la participation étrangère au capital des entreprises, permet un meilleur financement et surtout l’opportunité d’autres marchés pour les entreprises locales. En Égypte, en Algérie et au Liban, ce sont les institutions qui ralentissent le business. Les administrations publiques sont souvent corrompues et fournissent de mauvais services publics (électricité, téléphone…). Ainsi un importateur peut espérer disposer de sa marchandise sous 2 à 6 jours au Maroc,mais il doit attendre entre 15 à 26 jours en Algérie… Et au Liban, les faiblesses de l’État sont des barrières à l’entrée des entreprises qui doivent assumer les surcoûts de la mauvaise gouvernance.

Article de Brigitte Challiol, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2010, qui alimenteront également la rubrique « Réflexion Méditerranéenne » du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par : http://www.econostrum.info/subscription/

Avant de parler d’intégration régionale ou d’intégration vers le Nord, les pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen Orient) doivent améliorer leur propre positionnement, notamment en termes de compétitivité internationale.
Dans une étude (Fem-3309) très détaillée des systèmes industriels de la région, le Centre d’Étude et de Recherche sur le Développement International (CERDI) relève toute une série de handicaps. Avec toutefois des différences notoires d’un pays à l’autre à l’image du secteur du textile. Entre le Liban et le Maroc, la productivité des entreprises passe de 1780 $ par tête à 10 610 $. L’Algérie se classe mieux que l’Égypte avec 4270 $ par tête contre 3470 $. A titre de comparaison, ces chiffres étaient de 11350 $ pour la Chine à la même époque (période 2000-2004) et de 10480 $ en Inde.
Certes, faute de données statistiques homogènes et surtout récentes, les résultats de l’étude qui s’est concentrée sur ces quatre pays de la région MENA, sont à manipuler avec précaution. Mais en l’état, ses conclusions sont éloquentes : au moins sur la première moitié de la décennie, le secteur manufacturier marocain est de loin le plus efficace et « ses performances sont assez proches de celles de pays de développement supérieur comme l’Afrique du sud ou le Brésil et plutôt meilleures que celles de la Chine et l’Inde « .
L’Algérie se situe environ 20% derrière dans tous les secteurs étudiés puis viennent l’Égypte et le Liban.
Le poids des administrations
Pour expliquer ce retard, l’étude met notamment l’accent sur les écarts de salaires. Le coût unitaire du travail dans la zone MENA est de 540 $, contre 390 $ dans les pays étudiés hors MENA (Chine, Inde etc.). Et sur des secteurs aussi pourvoyeurs d’emplois que le textile et l’habillement, l’Egypte et le Maroc sont 2 à 2,5 fois plus chers que l’Inde. D’où la nécessité de réagir rapidement sinon la compétitivité de ces pays « pâtira d’un rythme d’innovation et de rattrapage technologique beaucoup plus rapide en Asie que le rythme d’accroissement des coûts du travail et qui permet de combler le gap de qualité des produits « .
Quant aux disparités à l’intérieur même de la zone MENA, l’étude évoque la « qualité du climat des affaires ». Au Maroc, l’ouverture vers l’étranger, mesurée par le taux d’exportation des biens ou la participation étrangère au capital des entreprises, permet un meilleur financement et surtout l’opportunité d’autres marchés pour les entreprises locales. En Égypte, en Algérie et au Liban, ce sont les institutions qui ralentissent le business. Les administrations publiques sont souvent corrompues et fournissent de mauvais services publics (électricité, téléphone…). Ainsi un importateur peut espérer disposer de sa marchandise sous 2 à 6 jours au Maroc,mais il doit attendre entre 15 à 26 jours en Algérie… Et au Liban, les faiblesses de l’État sont des barrières à l’entrée des entreprises qui doivent assumer les surcoûts de la mauvaise gouvernance.